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CARIATH — CARIATHAIM
« se réunir, . » mais dont l’origine est incertaine (cf. Gesenius, 

Thésaurus, p. 1236), est l’état construit de qiryâh, « ville, » mot employé beaucoup moins fréquemment que’Ir’; il est usité principalement dans les passages poétiques de la Bible et entre dans la composition de plusieurs noms propres de lieu, comme Cariatharbé, Cariathbaal, Carialhiarlm, Cariathsépher, etc. On le retrouve exactement sous la même forme en syriaque et en arabe. — Cariath représente- 1- elle une localité distincte, comme l’indique laVulgate, ou n’est-ce point plutôt l’élément d’un mot composé ? Il y a là une sérieuse difficulté, dont le nœud n’est pas facile à trancher. Voici les hypothèses auxquelles elle a donné naissance.

1° Cariath n’étant pas, dans le texte hébreu, distingué par la conjonction et du mot précédent, Gib’af, qui est lui-même à l’état construit, on a supposé que les deux noms unis indiquaient une seule ville, Gib’at-Qiryat. Telle est l’opinion de R., 1. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 98, 102. Mais, dans ce cas, le chiffre quatorze n’exprime plus le nombre exact des cités énumérées du ꝟ. 25 au ꝟ. 28. On répond, il est vrai, qu’une pareille divergence se remarque en d’autres endroits : cf. Jos., xv, 33-36 ; xix, 2-6. Cependant il est bon d’observer que les versions les plus anciennes et les plus importantes ont admis la conjonction : ainsi certains manuscrits des Septante portent y.ai avant 710X15 ou’Isepî|i ; cf. R. Holmes et J. Parsons, Vêtus Testamentwn grsecum cum variis leclionibus, Oxford, 1798-1824, t. Il (sans pagination) ; de même, avec la Vulgate, la Peschito donne : et Gebeath et Qouriathim. Il faut rappeler aussi que le vav manque en plus d’un endroit des énumérations, et entre des villes qui sont certainement différentes, comme Adullam et Socho, Jos., xv, 35 ; Accaïn et Gabaa. Jos., xv, 57. Gabaath est identifiée par quelques auteurs avec Djibî’a, au nord de Qariet el-’Enab, ou avec Khirbet el-Djoubéi’âh, au sud-est de la même localité ; d’autres l’assimilent à Gabaa de Benjamin ou de Saùl. Voir Gabaath. — 2° Un sentiment plus commun fait de Cariath la même ville que Cariathiarim ; et l’explication en est assez plausible. Pourquoi lit-on en hébreu Qiryat, à l’état construit, au lieu de Qiryâh, sinon parce que le mot suppose un complément, comme dans Qiryat Ba’al, « la ville de Baal, » Qiryat Sêfér, « la ville du livre ? » On a donc conjecturé qu’il fallait sous-entendre Ye’ârîm et admettre la lecture primitive de Qiryat Ye’ârîm, « la ville des forêts, » Cariathiarim. La disparition de ce mot est d’autant plus facile à comprendre, que le nom qui suit immédiatement dans le texte actuel, ’ârim, « villes, » lui ressemble beaucoup ; il n’y a que la différence de l’iod initial, la plus petite lettre de l’alphabet hébraïque. Un copiste distrait, au lieu de lire nny n>~ï » m-p, Qiryat Ye’ârîm’ârim, aura sauté le second mot. Ajoutons à cela qu’on trouve Ye’ârîm au lieu de’ârim dans trois manuscrits cités par B. Kennicott, Vet. l’estant, heb. cum variis lectionibus, Oxford, 1776, t. 1, p. 469, et que les Septante portent’lapt’n : le Codex Alexandrinus, en donnant tcôXl ; ’lapï|jL, est conforme à la leçon Qiryat Ye’ârîm.Vne difficulté cependant s’élève contre cette hypothèse, c’est que Cariath est attribuée à Benjamin, tandis que Cariathiarim est assignée à la tribu de Juda. Jos., xv, 60 ; xviii, 14. Mais ce n’est pas le seul cas où des villes frontières, — et Cariathiarim en était une, Jos., xv, 9 ; xviii, 14, 15, — restent dans une certaine ligne flottante ou passent d’une tribu à une autre : ainsi Accaron, Jos., xv, 45, énumérée avec les cités de Juda, est comptée, Jos., xix, 43, parmi celles de Dan. (Si la Vulgate met Acron dans le dernier passage, le mot hébreu est le même dans les deux endroits : ’Éqrôn.) De même, Bethsamès est attribuée à Juda, Jos., xxi, 16, tandis que, sous le nom de Hirsémès, Jos., xix, 41, elle est assignée à Dan. Voir Bethsamès 1, t. 1, col. 1732. — 3° Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 109, 270, font de Cariath, KapiiO, une ville dépendant de Gaba comme

métropole, (itï’o (irjTpiîro) sv Taga6dt. C’est là une simple supposition. — 4° Enfin Conder et les Anglais qui ont travaillé à l’exploration de la Palestine distinguent les trois localités en question, Gabaath, Cariath et Cariathiarim. Gabaath, pour eux, est Djibi’â, au nord de Qariet el-’Enab ; Cariath est Qariet el-’Enab, appelée plus généralement Qariéh ou Kitriéh ; Cariathiarim est Khirbet’Ermà, au sud-ouest de la précédente. Cf. Conder, Handbook to the Bible, in-8 « , Londres, 1887, p. 412, 417, 418 ; Survey of Western Palestine, Londres, 1883, t. iii, p. 43 ; G. Armstrong, W. VVilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70, 112, 113, et la carte au 1/168, 960, feuille 14. Nous croyons qu’il faut placer Cariathiarim à Qariet el-’Enab plutôt qu’à Khirbet’Ettnâ ; nous en donnons les raisons à l’article consacré à cette ville ; et ainsi Cariath se trouve sans équivalent ou doit se confondre avec l’autre cité. — La solution serait-elle dans la fusion des deux premières hypothèses, et de la manière suivante ? Le premier livre des Rois, vii, 1, en racontant la translation de l’arche sainte de Bethsamès à Cariathiarim, nous dit que celle-ci fut portée « dans la maison d’Abinadab, à Gabaa ». L’hébreu Gib’âh, traduit dans laVulgate par un nom propre, est un nom-commun qui signifie « colline », et c’est ainsi que l’ont entendu les Septante en mettant ici =v t<jj po’jvôj. Il pouvait donc indiquer le sommet de la colline sur laquelle était bâtie Cariathiarim ; mais il pouvait en même temps désigner un quartier spécial ou un faubourg de la ville, portant le nom de Gabaa. Ce qu’il y a de certain, c’est que les habitants de Cariathiarim ne transportèrent pas dans un autre endroit l’objet sacre qu’ils étaient allés chercher. C’est là, « dans la maison d’Abinadab, » que plus tard David vint la prendre pour l’emmener à Jérusalem. I Par., xiii, 5-7 ; Il Reg., vi, 3-4. Gib’af-Qiryaf pourrait donc signifier Gabaa de Cariath et être l’équivalent de Qiryat-ye’ârîm. C’est une conjecture qui n’échappe pas à toute difficulté. Voir Gabaa, Cariathiarim.

A. Leoendre.

    1. CARIATHAIM##

CARIATHAIM (hébreu : Qiryâtaîm ; duel de qiryâh, « double ville » ), nom de deux villes, l’une appartenant au pays de Moab, l’autre à la tribu de Nephlhali.

1. CARIATHAIM (hébreu : èdvêh Qiryâtaîm, Gen., xiv, 5 ; Qiryafaîm, Num., xxxii, 37 ; Jos., xiii, 19 ; Jer., xlviii, 1, 23 ; Qiryâtâmâh, avec hé local, Ezech., xxv, 9 ; Septante : èv Sa’j^i t7 ttôXei, Gen., xiv, 5 ; KocoiaOân, Num., xxxii, 37 ; Kapia80c ; ’|ji, Jos., xiii, 19 ; Jer., xlviii, 23 ; KapiocOén, Jer., xlviii, 1 ; 7c<5Xea> ; TtapaOaXaaaia ; , Ezech., xxv, 9 ; Vulgate : Save Cariatliaim, Gen., xiv, 5 ; Cariatliaim, partout ailleurs), ville située à l’est de la mer Morte, occupée d’abord par les Émim, habitants primitifs du pays de Moab, Gen., xiv, 5, enlevée par les Israélites au roi amorrhéen Séhon et rebâtie par les enfants de Ruben, Num., xxxii, 37, qui la possédèrent, Jos., xiii, 19, jusqu’au moment où elle retomba au pouvoir des Moabites, dont elle était une des « gloires » au temps de Jérétnie, xlviii, 1, 23, et d’Ézéchiel, xxv, 9. LaVulgate l’appelle Savé Cariatliaim, Gen., xiv, 5 ; mais l’hébreu doit plutôt se traduire : « dans la plaine de Cariathaïm. » Mentionnée entre Astarothcarnaïm et les montagnes de Séir, elle se trouvait sur la route de Chodorlahomor à l’est du Jourdain et tomba sous ses coups. Le texte (ketib) d’Ézéchiel, xxv, 9, Qiryâtâmâh, et les mots grecs KapiaOifi, KaptaSÉn, semblent indiquer une seconde forme du nom, pareille à celle de Dôlân pour Dôfaîn, Gen., xxxvii, 17 ; IV Reg., vi, 13, et Yerûsdlam pour Yerùsâlaîm (Jérusalem). En rendant le même passage par tcôXjw ; t.x ; .x6aXao-<7Îac, « ville maritime, » les Septante ont dû lire n3> mp, qiryat yâmâh, au lieu de ns’n>-p, Qiryàlàye mâh, « vers Qiryâtaîm. »

L’emplacement de cette ville est, croyons-nous, suffisamment déterminé par celui des localités au milieu des-