Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

259

    1. CARDINAUX##

CARDINAUX (POINTS) — CAREM

260

la voûte céleste et placées sous la protection de divinités spéciales. Aussi voyons-nous dans l’épopée de Gilgamès, dont l’importance est capitale pour la reconstitution de la vieille conception cosmographique, se dresser, à l’orient et à l’occident, les monts Masu, flanqués des hommesscorpions. Haupt, Das babylonische Nimrodepos, tab. ix, col. ii, 1-9. Sur toute cette question, voir Jensen, Vie Kosmologie der Babylonier, p. 163-170.

Une conception analogue, quoique formée sans doute de façon indépendante, se rencontre chez les anciens Égyptiens. Ils distinguaient quatre points cardinaux : 1e nord, à peu près inconnu ; le sud, Apit-to, la « corne de la terre s ; l’est, Bâkhou, « le mont de la naissance », et l’ouest, Manou ou Onkhît, « la région de la vie. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Les origines, t. i, p. 17-18. Pour s’orienter ils se tournaient vers le sud, — vers les sources du Nil, au point de communication du Nil céleste avec le Nil terrestre ; — par suite, ils plaçaient le nord derrière eux, l’orient à leur gauche et l’occident à leur droite. Chabas, Les inscriptions des mines d’or, 1862, p. 32 et suiv. Cf. Maspero, ouvr. cit., p. 19. Suivant la direction même des points cardinaux, l’univers était divisé en quatre régions ou plutôt quatre maisons. Maspero, ouvr. cit., p. 128. Chez les anciens Égyptiens d’ailleurs, comme chez les Assyro-Babyloniens, les points cardinaux furent figurés de façon matérielle. On imagina d’abord aux quatre coins de l’horizon quatre troncs d’arbre fourchus, pareils à ceux

qui étayaient la maison primitive YYYY, et un peu plus

tard des montagnes dont le sommet s’élevait jusqu’au ciel. Maspero, ouvr. cit., p. 16-18. Il advint même que cette conception fut personnifiée dans les légendes cosmogoniques. Dans de telles légendes, où l’univers est formé par l’extension ou développement indéfini du corps d’un dieu ou d’une déesse, les points cardinaux ou piliers du ciel furent représentés, dans les diverses traditions, tansot par les tresses du dieu Horus, tantôt par les jambes et les bras de la déesse Nouît, et encore par les quatre jambes de la vache Nouît. Chacun des points cardinaux ou piliers du ciel était placé d’ailleurs sous la protection d’une divinité spéciale. Maspero, ouvr. cit., p. 86-87, 128-129, 16$1-$269. J. Sauveplane,

    1. CARDOSO Jean##

CARDOSO Jean, Portugais, Frère Mineur de la Régulière Observance, qualificateur du Saint-Office à Lisbonne, dans la première moitié du xviie siècle, a donné au public : Commentaria in Ubrum Ruth, in-4°, Lisbonne, 1268. P. Apollinaire.

    1. CÀRÉE##

CÀRÉE (hébreu : Qâréah, « chauve ; » Septante : Kapr, 6, IV Reg., xxv, 23, et Kâprfi, dans Jérémie), père de Johanan et de Jonathan, partisans de Godolias, gouverneur de Jérusalem au nom de Nabucliodonosor. IV Reg., xxv, 23 ; Jer., xl, 8, 13, 15, 16 ; xii, 11, 13, 14, 16 ; xlii, 1, 8 ; xliii, 2, 4, 5.

    1. CAREHIM##

CAREHIM (hébreu : Haq-Qorhim, avec l’article ; Septante : ot Koprrai), nom que laVulgate donne comme celui d’une ville de Benjamin, à laquelle auraient appartenu certains guerriers qui passèrent du côté de David, pendant son séjour à Siceleg. I Par., xii, 6. D’autres localités sont ainsi mentionnées dans le même chapitre : Gabaath, Anathoth, ^.3 ; Gabaon, Gadéroth, ^. 4 ; Gédor, y. 7. Tous les commentateurs cependant voient ici, et avec raison, le nom patronymique des descendants de Coré le lévite. 2>n-p, Qorhim, est le pluriel de >rnp,

Qorhî, qui vient lui-même de rn’ij, Qôrah, Coré, fils

d’Isaar, fils de Caath, fils de Lévi. Exod., VI, 10, 18, 21. C’est ainsi que l’ont entendu les Septante en traduisant par oî Koptrai, « les Coréites. » On s’explique facilement comment ces Lévites se trouvent mêlés ici à des Benja mites N’ayant pas de territoire propre, les enfants de Lévi appartenaient civilement et politiquement à la tribu dans laquelle ils étaient fixés. Au moment du partage de la Terre Promise, les prêtres obtinrent des villes dans les tribus de Juda, de Siméon, de Benjamin, tandis que les Lévites, descendants de Caath, parmi lesquels les Coréites, eurent leur domicile dans les tribus d’Éphraïm, de Dan, de llanassé occidental. Jos, xxi, 4-5, 9-26. Mais, lorsque le Tabernacle fut transporté de Silo à Nobé, à Gabaon, les fils de Coré, qui en étaient les gardiens, durent s’en rapprocher et s’établir en Benjamin. Cf. Keil, Chronih, Leipzig, 1870, p. 133. Voir Coré.

A. Legendre.
    1. CAREM##

CAREM ( Septante : Kapé[i ; correspond à l’hébreu Kérém, « vigne » ou « verger » ), ville de la tribu de Juda, nommée dans les Septante seulement, Jos., xv, 59, avec dix autres villes que ne mentionnent non plus ni le texte hébreu ni les autres versions. Le Codex Alexandrinus, généralement plus exact dans la transcription des noms hébreux, les cite dans la forme et l’ordre suivant : ©exù xa’i E^paOà, aûnr] éitI Bï]9).eé[i., xai Vaytop xaï À ! xà[j. y.où KouXôv xai Tarâ|j.i xas Suip-f) ; v.a KapÈ[i xal ra).li(i y.at Bà19T|p xai Mavo-xœ. Saint Jérôme, Comment, in Mich., v, t. xxv, col. 1198, les transcrit sous la même forme : Thæco et Ephrata, heec est Betlilehem, el Phagor et yEtham et Culon et Tatatni et Soris et Carem et Gallim et Bsether et Manocho.

I. Identification. — Carem, selon quelques géographes, ne serait pas différente de Béthacarem ; les paroles de saint Jérôme, Comment, in Jer., t. xxiv, col. 725, indiquant Bétharcarma entre Jérusalem et Thécué, ne devraient pas se prendre dans un sens strict. La plupart des palestinologues n’admettent pas cette identité (voir Béthacarem) ; les uns et les autres s’accordent cependant à reconnaître Carem dans’Aïn-Kàrem, village situé à six kilomètres à l’ouest de Jérusalem, et à huit kilomètres au nord-ouest de Bethléhem. Tout autour et formant un même groupe avec lui, on trouve les villages de Couloniéh, Sàris, Beith-Djàla, Bettlr et Malaha, dont les. noms, les uns identiquement les mêmes et les autres à peine modifiés, sont ceux des localités nommées par les Septante avec Carem. Tatam doit peut-être se reconnaître dans Touta, Khirbet ou « ruine », au sommet de la montagne qui se dresse au sud de’Aïn-Kârem. Thécué, Bethléhem, ’Ethan et Beth-Fadjour forment un groupe distinct au sud du premier. Cette situation de "Aïn-Kârem et l’identité substantielle de son nom avec Carem ne permettent guère de douter de la justesse de l’identification. « La fontaine de Kârem », en arabe’Aïn-Kârem, qui coule à moins de cinq cents mètres au nord du village, aura reçu son nom de l’antique bourgade de Juda, qu’elle alimentait de ses eaux ; elle l’aura conservé, après sa ruine, pour le rendre au village qui a pris plus tard sa place.

IL Histoire et tradition. —’Aïn-Kàrem est célèbre chez les chrétiens de toute nation et de tout rite : un grand nombre la tiennent pour la « ville de Juda » dont parle saint Luc, i, 39, séjour de Zacharie et d’Elisabeth, où Marie vint les visiter et où naquit Jean-Baptiste. Une copie arabe manuscrite des quatre Evangiles, faite au Caire, au xive siècle, conservée aujourd’hui au couvent copte de Jérusalem, porte en marge, en face du verset 39, cette indication : « l’exemplaire de Sa’id [a] : ’Ain - Kârem. » Plusieurs anciens exemplaires gardés dans leurs églises et leurs couvents portent, m’attestent les Coptes et les Abyssins, dans le texte même : « en la ville de Juda’Aïn-Kârem. » Si ce n’est qu’une interpolation, elle témoigne du moins que depuis longtemps’Aïn-Kârem est reconnue pour la ville natale du précurseur par les chrétiens d’Egypte et d’Abyssinie. Cette croyance ne peut être que l’écho de la tradition reçue chez leurs voisins de Syrie et de Palestine. L’histoire nous montre, en effet, ’Aïn-Kàrem constamment vénéré par tous comme lieu natal de saint Jean. Le récollet Eug. Roger, dans sa relation