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CARAVANE


les grandes voies de communication des peuples anciens, par terre et par mer, touchaient la Palestine. Une grande voie commerciale conduisait de l’Egypte à Gaza, une autre de Damas à la côte de Phénicie, par la plaine de Jezraël… Le commerce maritime entre l’Asie d’une part et l’Afrique de l’autre était concentré dans les grandes villes commerçantes de la Phénicie d’abord, Alexandrie et Antioche ensuite. » Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., 1. 1, p. 656. Les caravanes qui faisaient le trafic entre ces différentes villes empruntaient donc nécessairement le territoire de la Palestine. Une route conduisait encore de Palestine en Mésopotamie par Damas et le désert de Syrie. Là elle se bifurquait pour aller traverser l’Euphrate soit au gué de Thapsaque, soit préférablement à celui de Circésium, dont le chemin était plus sur. Sur cette grande voie de communication, Salomon bâtit la ville de Thadmor ou Palmyre, afin d’assurer la sécurité du passage à travers le désert.

de Juda. ^eurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe, et ils auraient certainement acheté volontiers un autre Joseph à ses frères pour le conduire en Egypte et le vendre comme esclave à quelque Putiphar. » Clarke r Travels in various counlries of Europe, Asia and Africa, xv, 1813, t. ii, p. 512. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 10. Isaïe, lx, 6, fait allusion à ces caravanes commerciales, quand il dit de Jérusalem restaurée après la captivité : « Une troupe de chameaux, les dromadaires de Madian etd’Épha, tous ceux de Saba arrivent ; ils apportent l’or et l’encens. » Les caravanes commerciales se composent, en effet, à peu près exclusivement de chameaux. On rencontre ces animaux par longues files sur les routes de l’Orient, parfois divisés en plusieurs groupes d’une dizaine chacun. Ils sont attachés les uns aux autres par une corde et conduits par un homme ou par un âne. Les conducteurs et les

"4. — Caravane de nomades. D’après une photographie.

III Reg., ix, 18 ; II Par., viii, i. Du golfe Persique à la Méditerranée, le transport des marchandises se faisait par les tribus arabes, dont le centre était Pétra. À cette ville aboutissait la route qui arrivait du golfe, et de là en partaient deux autres qui se dirigeaient au nord vers la Syrie, à l’ouest vers l’Egypte. Ces tribus seules étaient capables de faire la traversée des déserts. L. de Laborde, Voyage de l’Arabie Pétrée, Paris, 1830, in-f", p. 12. À ces tribus appartenaient les Madianites auxquels les fils de Jacob vendirent leur frère Joseph. Gen., xxxvii, 25, 28, 36. Ces Madianites portaient aussi le nom équivalent d’Ismaélites, qui était plus général et convenait à bon nombre de tribus arabes. Quand ils trouvèrent les fils de Jacob à Dothaïn, ces trafiquants venaient de Galaad, avaient traversé le Jourdain à Bethsan et se rendaient en Egypte avec un chargement d’aromates. Mais le commerce d’aromates n’était pas le seul que fissent les caravanes arabes. Elles importaient aussi, pour les bazars de Memphis ou de Thèbes, des esclaves syriens, particulièrement estimés en Egypte. Ces esclaves s’y trouvaient en si grand nombre, que le mot abata, de l’hébreu’ébed, « serviteur, » désignait les gens de condition servile. Les descendants de ces Madianites continuent encore aujourd’hui le même trafic sur les bords du Nil. « Nous y vîmes longeant la vallée, dit un voyageur anglais, une caravane d’Ismaélites qui venaient de Galaad, comme aux jours de Ruben et

marchands sont à pied ou montent sur une de leurs bêtes. Us sont armés, car ils peuvent avoir besoin de se défendre. Isaïe, xxx, 6, fait allusion aux difficultés qui arrêtent les caravanes, spécialement en temps de guerre.

Deux grands dangers menaçaient, autrefois comme de nos jours, les caravanes de commerce. Le premier venait des Bédouins pillards qui ne vivaient que de rapine. Non contents des razzias opérées sur les troupeaux, Jud., vi, 4 ; Job, i, 15, 17, ils s’attaquaient aux caravanes de marchandises, par surprise ou bien ouvertement, suivant le nombre et l’armement des voyageurs. Il fallait prendre des précautions pour déjouer ces attaques. La nuit surtout, on se servait de fanaux pour se diriger et être à même de reconnaître le danger. « Dans tout l’Orient, écrit L. de Laborde, les caravanes et les troupes armées qui marchent la nuit, pour éviter la chaleur du jour, se font précéder par des porteurs de fanaux, à cheval ou à pied. Ces fanaux, qui éclairent la route et évitent les rencontres gênantes dans un défilé ou sur un pont, sont en forme de réchauds placés au bout d’une pique. Le feu y est entretenu avec du bois résineux ou de la résine en pâte. Lorsque je quittai Constantinople, ces réchauds, appelés maschlas, avaient trouvé place parmi les rares ustensiles de notre équipement de voyage, et plus d’une fois, pour atteindre la halte du soir, si nous étions surpris par la nuit, nous allumions nos fanaux. » Commentaire géographique sur