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FUNÉRAILLES


chants les passants à se lamenter. Eccle., xii, 5 ; Jer., ix, 17 ; Am., v, 16 ; Matth., ix, 23 ; Marc, v, 38. De là aussi peut-être l’usage des lacrymatoires, qu’on a retrouvés en bon nombre dans la Palestine. Ps. lvi, 8. Des musiciens faisaient entendre sur la flûte des airs lugubres. Jer., xlviii, 3 ; Matth., ix, 23. D’après le Talmud, Ketouboth, iv, halac. 6, et le Baba Metsiah, vi, halac. 1, le plus pauvre Israélite devait louer au moins deux joueurs de ûute et une pleureuse. C’est par troupes qu’ils suivaient le cercueil des riches et des princes. Les lamentations funèbres faisaient d’ordinaire l’éloge du défunt. II Reg., m, 33, 34 ; Am., v, 16. On accompagnait ainsi le mort en dehors de la ville jusqu’à son tombeau. Comme on le voit, aucun rite religieux proprement dit n’entrait dans le cérémonial funéraire : c’était un acte de la vie familiale, comme le mariage, et le sacerdoce en Israël n’y avait aucune part. Ed. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, 3= édit., in-8°, Paris, 1885, p. 160-163 ; "W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1885, p. 99, 102-105.

Les hommes suivaient et les joueurs de flûtes fermaient la marche (fig. 706). — 4° La mise au tombeau était différente suivant que le mort était inhumé ou incinéré. L’inhumation est la coutume la plus ancienne, puis les deux usages furent suivis simultanément ; enfin, sous la domination romaine, l’incinération prévalut pour disparaître ensuite sous l’influence des idées chrétiennes. Dans le cas d’incinération, c’était souvent dans la tombe même que le mort était brûlé. Pour l’inhumation, il n’y avait pas de cercueil proprement dit ; mais du lit funèbre on le déposait simplement dans la tombe sur un lit de branchage ou de sciure de bois parfumée, quelquefois cependant dans un sarcophage en pierre placé dans le tombeau. Au retour, on purifiait la maison et on célébrait le repas funèbre où se faisait l’éloge du mort.

V. Chez les Romains. — Les funérailles romaines ont emprunté un certain nombre de coutumes à la Grèce ; mais sur d’autres points, elles s’en éloignent notablement pour se rapprocher des usages étrusques, lesquels rappellent l’Egypte ou l’Orient (fig. 707). — 1° Les

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707. — Convoi funèbre chez les Romains. Pierre calcaire conservée h Aquila.

IV. Chez les Grecs. — Les cérémonies funèbres chez les Grecs ont subi des modifications selon les époques et aussi selon les régions. Quatre actes essentiels composaient le rite des funérailles : la toilette funèbre, l’exposition, le transport et la mise au tombeau. — 1° On ferme la bouche et les yeux du mort ; on le lave et on frotte tout le corps de parfums et d’essences pour retarder la décomposition. Le corps est ensuite enveloppé dans des bandelettes, puis dans un linceul qui laisse le visage à découvert ; le mort est paré de bijoux, colliers, bracelets ; « a dernière toilette est souvent luxueuse. On voit que cette façon de procéder a beaucoup de rapports avec celle qu’on suivait en Palestine. — 2° Le lendemain du décès, quelquefois pendant la nuit, on exposait le mort sur un lit spécial placé dans la maison ou dans l’atrium, un coussin sous la tête et les pieds tournés vers la porte. Cette exposition était absolument nécessaire ; on voulait sans doute éviter par là les enterrements de gens tombés en léthargie. Les parents et amis, en costumes de deuil, entouraient le lit funèbre et faisaient entendre des gémissements et des chants. En plusieurs endroits, l’emploi de chanteurs étrangers était interdit. — 3° Le lendemain de l’exposition, à la fin de la nuit, avant le lever du soleil, avait lieu le transport. Après quelques libations, on portait le mort, le visage toujours découvert, sur le lit de l’exposition. C’est ou bien à bras, et alors par les parents, ou par des esclaves et plus tard par des porteurs à gages, ou bien sur un char traîné par des chevaux ou des mulets.

coutumes particulières à Rome et qu’on ne trouve pas en Grèce, sont celles, par exemple, de recevoir le dernier soupir du mourant en lui donnant le baiser suprême, d’appeler le défunt après lui avoir fermé les yeux, et de répéter ces appels en tendant les bras vers lui ; de dresser le corps sur ses genoux pour s’assurer que la vie l’a bien abandonné. On lave ensuite le cadavre et on le parfume avec divers unguenta ; on le revêt de la toge, on lui met sur la tête une couronne de chêne, de laurier, de myrte ou d’olivier, et, dans la bouche, une pièce de monnaie destinée à payer le passage sur la barque de Charon. — 2° Comme chez les Grecs, le corps est exposé sur un lit de parade dans l’atrium, mais on l’entoure de torches allumées et de fleurs, symboles de la fragilité de la vie, et de cassolettes remplies de parfums qui se consument en exhalant une agréable odeur. Des pleureuses et des joueurs de flûtes témoignent bruyamment de la douleur de la famille par leurs lamentations, leurs gestes et leurs chants. — 3° Ordinairement le lendemain du décès, on invite les parents et les amis à suivre le convoi funèbre, d’où le nom d’exequiœ. Ce fut anciennement durant la nuit, à la lueur des torches ; car dans la croyance des Romains la vue d’un cadavre était une souillure qui eût empêché les pontifes et les flammes de remplir leurs fonctions. La nuit ils n’étaient pas exposés à les rencontrer sur leur route. Mais, vers la fin de la république, on plaça les obsèques pendant le jour tout en conservant les torches et les autres cérémonies adop-