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FOREIRO — FORÊT


envoyé au concile de Trente comme théologien du roi de Portugal. Paul IV le lit entrer dans les diverses commissions chargées de la correction du bréviaire et du missel romain, de l’examen des livres et de la rédaction du catéchisme du concile de Trente. En 1565, il était à Lisbonne et devenait prieur, puis provincial. À la fin de sa vie, il se retira dans le couvent d’Almada, qu’il avait fait construire. Il composa de nombreux ouvrages, dont fort peu sont imprimés. Parmi ces derniers : Isaix prophètes vêtus et nova ex hebraico vevsio, cum commentario, in quo utriusque ratio redditur, vulgatus xiiterpres a plurimorum calumniis vindicatur et loci omnes quibus sacra doctrina aclversus hsereticos et Judxos confirmari potest summo studio ac diligentia eocplicantur, in-f°, Venise, 1563. Ce commentaire a été inséré dans le t. v des Critici sacri (voir Critwi sacei, col. 1119).

— Voir Echard, Scriptores ord. Prxdicatorum, t. ii, p. 261 ; N. Antonio, Bibliotlieca h ispana nova, t. i, p. 426.

C. Heurtebize.

FORÊT. — I. Noms. — Trois termes en hébreu expriment l’idée d’une certaine étendue de terrain couverte de bois, idée rendue par les mots français : forêt, bois, taillis, et par les expressions latines de la Vulgate : silva, saltus.

1° Le plus fréquemment employé est -.71, ya’ar, que

les Septante traduisent régulièrement par Spuuô ; , et la Vulgate indistinctement par silva et saltus. Gesenius, Thésaurus, p. 611, le rattache à une racine inusitée qui donne le sens d’  « abondance ». De là l’expression ya’âraf had-debas, Septante : xr, piov toj [aIXitoc ; Vulgate : favus mellis, « rayon de miel, » qu’on trouve I Reg., xiv, 27. Cf. Cant., v, 1. C’est pour cela que les Septante ont mis (ieXitrtrwv au lieu de Spujidç, 1 Reg., xiv, 26. Ya’ar indiquerait donc l’abondance des arbres ou densa arborum. On le rapproche aussi de l’arabe oua’r, qui signifie « raboteux » ou difficile d’accès. Cf. F. Mùhlau et W. Volck, IV, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1890, p. 347. Mais de ce que oua’r désigne une contrée raboteuse, pierreuse, déboisée, il ne faudrait pas en conclure que l’hébreu ya’ar n’a aucunement le sens de « forêt ». Les différents passages où il est cité nous montrent, au contraire, qu’il sert à caractériser un lieu pourvu d’arbres que l’on coupe, Deut., xix, 5 ; Is., x, 34 ; que l’on brûle, Ezech., xv, 2, 3, 6 ; xxxix, 10 ; que le vent fait trembler, Is., vii, 2 ; au milieu desquels on peut chercher un refuge. Is., xxi, 13, etc. Cf. Mùhlau, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. ii, p. 1730. — Ya’ar est opposé à karmél, « champ cultivé et fertile, verger. » Is., xxix, 17. Voir Charmel, col. 592. — On retrouve ce mot dans le nom deCariathiarim, hébreu : Qiryat ye’àrim, « ville des forêts, » située sur la frontière des tribus de Benjamin et de Juda, et dans l’expression Sedê-ya’ar, Ps. cxxxi (hébreu, cxxxii), 6, que la Vulgate rend par campi silvx, « les champs de la forêt, » mais qui représente la même cité. Voir Cariathiarim, col. 273. On peut croire aussi que la ville appelée dans notre version latine Dan silvestria, « Dan de la forêt, » était nommée en hébreu Dân ya’ar. Voir Dan-Yaan, col. 1290.

2° Un terme moins usité est celui de-cn’n, hôrés (Septante : 8pv[AÔ5, II Par., xxvii, 4 ; Vulgate : silva, I Reg., xxm, 15, 16, 18, 19 ; saltus, II Par., xxvii, 4 ; le mot Kaivri, qu’on trouve dans la version grecque, I Reg., xxm, 15, 16, 18, 19, repose sur une faute de lecture : hâdaS, « nouveau, » pour hôrés). On le rapproche de la racine haras, « couper » (cf. Gesenius, Thésaurus, p. 530), ou d’un mot arabe qui, comme oua’r, a le sens d’  « aspérité ». Cf. Mùhlau et Volck, Handwôrterbuch, p. 298. Qu’indique- 1- il au juste ? Dans le premier livre des Rois, xxiii, 15, 16, 18, 19, il désigne certains fourrés du désert de Ziph, dans lesquels David cherchait un abri contre la persécution de Saùl. Dans II Par., xxvii, 4, il

s’agit de parties noisées de Juda, dans lesquelles Joatham « bâtit des châteaux et des tours », c’est-à-dire des tours de garde (migdàlim) pour la défense des personnes et des troupeaux. Ces constructions une fois détruites forment « les ruines des bois » dont parle Isaïe, xva, 9. Enfin, dans Ézéchiel, xxxi, 3, hôrés s’applique au feuillage touffu du cèdre, à l’ombrage qu’il donne sous ses branches superbes. Il semble, en somme, représenter des bois de moindre importance, des taillis plutôt que la forêt. Nous en ferions volontiers le pendant du maquis, ce qu’on devait trouver surtout dans le désert de Ziph et sur les montagnes de Juda.

3° La Vulgate traduit une fois, II Esdr., ii, 8, par saltus un mot d’origine persane, D-~r, pardês (zend : pai ridaéça), dont les Grecsont fait TrotpxSeiaoç et les Latins paradisus. Employé deux autres fois seulement dans la Cible, Eccle., ii, 5, et Cant., iv, 13, ce mot désigne un lieu planté d’arbres, une sorte de parc ou de jardin délicieux. Celui qu’indique Néhémie, appartenant au roi de Perse et situé aux environs de Jérusalem, avait un gardien nommé Asaph.

Notre version latine a faussement rendu par silva, II Reg., ii, 18, et par saltus, II Reg., xvii, 8 ; IV Reg., xiv, 9 ; Ezech., xxxi, 6, le mot hébreu èâdéh, qui veut dire « champ », Septante : à-fpôs, reeêîov. Dans un passage, IV Reg., vi, 2, elle a expliqué le texte en traduisant tnissàm, « de là, » par de silva, « de la forêt, » désignant ainsi l’épaisse bordure d’arbres et d’arbustes qui marque le cours du Jourdain.

II. Forets mentionnées dans la Cible. — Les forêts citées nommément dans l’Écriture sont peu nombreuses. On trouve :

1° La forêt de Haret (hébreu : ya’ar Hârêt ; Septante : 7îo).i ; -<xplv. ; Vulgate : saltus Haret), dans laquelle David, revenu de Moab « sur le territoire de Juda », vint se réfugier avec ses hommes. I Reg., xxii, 5.

2° La forêt d’Ëphraïm, II Reg., xviii, 6, 8, 17, située plus probablement, selon nous, à l’est du Jourdain. Voir Éphraïm 5, col. 1880.

3° La forêt du Liban (hébreu : bal-Lebânôn ; Septante : èv tw Aigâvw, « dans le Liban ; » Vulgate : in silva Libani, « dans la forêt du Liban » ). II Par., xxv, 18. Elle se retrouve dans le nom d’un palais de Salomon, « la maison de la forêt du Liban, » hébreu : bêt ya’ar hal-Lebânôn, III Reg., vii, 2 ; x, 17, 21 ; II Par., ix, 20, appelé ainsi, non parce qu’il était bâti dans la montagne du Liban, mais à cause de ses colonnes en bois de cèdre, qui le faisaient ressembler à la forêt si vantée d’où vinrent les matériaux pour le Temple et les maisons royales.

Les autres sont seulement indiquées. Telles sont : la forêt du désert de Ziph, I Reg., xxiii, 15, 16, 18, 1 9 ; celle qui se trouvait entre Jéricho et Béthel, IV Reg., ii, 24 ; les forêts de chênes de Basan, Is., ii, 13 ; Ezech., xxvii, 6 ; Zach., xi, 2 ; la forêt du midi, Ezech., xx, 46, 47, qui désigne le sud de la Palestine ; les forêts de V Arabie. Is., xxi, 13. — Voir, pour les détails, chacun des noms propres.

III. Importance. — La Bible représente la forêt comme un lieu planté de différents arbres, cèdres, chênes, Is., xliv, 14 ; pommiers (ou l’arbre indiqué par le mot tappûalf), Cant., ii, 3 ; comme le repaire des bêtes sauvages, Ps. xlix (hébreu, l), 10 ; sangliers, Ps. lxxix (lxxx), 14 ; lions, Am., iii, 4 ; Mich., v, 8, ours, II Reg., xvii, 8 ; IV Reg., ii, 24 ; comme un refuge pour les hommes, I Reg., xxiii, 15, 16, 18, 19 ; comme la retraite des abeilles sauvages, qui y font couler un miel abondant. I Reg., xiv, 25.

Une question cependant se pose ici : quelle idée devons-nous nous faire de ces anciennes forêts de la Palestine ? Le mot ya’ar lui-même répond-il à « la forêt », telle que nous la comprenons généralement dans nos contrées, c’est-à-dire une vaste étendue de terrain couverte de grands arbres ? L’état actuel du pays ne nous permet malheureusement pas de donner une réponse précise à