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FIN DU MONDE


qui non seulement rétablira toutes choses dans leur état primordial, mais encore les élèvera à la perfection finale à laquelle elles étaient primitivement destinées. Crelier, Les Actes des Apôtres, Paris, 1833, p. 44. Plus tard, le même apôtre écrivait : « Nous attendons, selon la promesse de Dieu, de nouveaux cieux et une nouvelle terrr, dans lesquels la justice habite, » II Petr., iii, 13, une création nouvelle, qui servira de séjour aux justes ressuscites et glorifiés. Saint Jean, Apoc, xxi, 1-5, a vu la réalisation de ces nouveaux cieux et de cette nouvelle terre. Les premiers ont passé, et il n’y a plus de mer. À leur place, le prophète aperçut une Jérusalem nouvelle, une cité sainte qui est la demeure de Dieu parmi les hommes, et Jésus lui dit que tout était renouvelé. Saint Paul, Rom., vm, 19-22, a donné la raison de la restauration finale de toutes choses. Il a déclaré que toutes les créatures irraisonnables attendent et désirent d’être délivrées de la corruption à laquelle elles étaient assujetties, pour un temps et contre leur propre gré, par la volonté de Dieu, qui a maudit le monde et l’a soumis à l’altération et au dépérissement à cause du péché d’Adam. Elles gardent l’espérance d’être affranchies de cette servitude et d’avoir part à la liberté et à la glorification des enfants de Dieu. De corruptibles qu’elles étaient, elles deviendront incorruptibles. Jusqu’alors elles gémissent et souffrent les douleurs de l’enfantement ; mais elles formeront un jour un monde nouveau, incorruptible et glorieux. Beelen, Comment, in Episl. S. Pauli ad Romanos, Louvain, 1854, p. 251-257 ; Cornely, Comment, in Epist. ad Romanos, Paris, 1896, p. 423-431. On peut aussi entendre dans le même sens la parole de saint Paul, que Dieu voulait « restaurer toutes choses en Jésus-Christ », Eph., i, 10, toutes celles qui se trouvent au ciel et sur la terre. Cf. Atzberger, Die christliche Eschatologie, 1890, p. 372-374 ; B. Jungmann, Trac talus de novissimis, 3e édit., Ratisbonne, 1885, p. 275-287 ; Stentrup, Prœlecliones dogmaticx de Verbo incarnalo, Soteriologia, t. ii, Inspruck, 1889, p. 1087-1094.

III. Époque. — Si la fin du inonde doit être produite par les causes naturelles que lui assignent les savants, c’est à très longue échéance qu’elle aura lieu. L’Écriture, qui la présente plutôt comme l’effet d’une catastrophe accidentelle et soudaine, l’a toujours rattachée à la date du second avènement du Messie.

i. dans uancien testament. — Chez les prophètes de l’ancienne alliance, le jugement du monde par Dieu et la transformation de l’univers sont rapportés « au jour du Seigneur », « à la fin des jours, » c’est-à-dire aux temps messianiques. Ils semblent être mis sur le même plan que les autres actes du Messie rédempteur. En tout cas, ils ne sont pas attribués expressément à des périodes distinctes de l’époque messianique ; mais cette époque, qui est la dernière de l’histoire de la rédemption, devra avoir une durée assez longue pour que l’œuvre du Messie soit réalisée dans son entier et reçoive son plein accomplissement. Les faits qui termineront l’époque messianique se produiront donc dans un délai assez considérable, quoique indéterminé. Atzberger, Die christliche Eschatologie, p. 78. La même observation peut être faite au sujet des ouvrages juifs non canoniques et antérieurs à Jésus-Christ. La fin des temps et la venue du Messie y désignent toute l’époque messianique, dont la durée reste indéfinie. Atzberger, EschatoL, p. 171-174.

u. dans le nouveau testament. — On trouve nettement établie dans le Nouveau Testament la distinction d’une double venue ou apparition du Messie sur la terre. La première, qui a eu lieu dans l’humiliation et la souffrance, a fourni aux hommes, par l’enseignement et la mort de Jésus-Christ, les moyens et les conditions de la rédemption et du salut. La seconde, qui sera glorieuse et triomphante, appliquera à l’univers entier les effets de la rédemption et coïncidera avec la fin de ce monde et la consommation de toutes choses. Atzberger, Eschalol-,

p. 190-197 et 298-299. Ce second avènement du Sauveur est appelé ^apo-j<j£a, « avènement, » Matth., xxiv, 3, 27 ;

I Cor., xv, 23 ; I Thess., Il, 19 ; iii, 13 ; II Thess., ii, 1 ; Jac, v, 7 et 8 ; li : ’.pivîta, « manifestation, » I Tim., vi, 14 ;

II Tim., iv, 1 et 8 ; Ini^âveiat-rr, ; 66$r, ; , ce manifestation glorieuse, » Tit., Il, 13 ; Imçâven-rr, ; TCapovxjt’a ; , II Thess., Il, 8 ; àïcoxiVji} » !  ; , « révélation, » II Thess., i, 7 ; àiroxài-j’ii ; tt, ç ôâir^, I Petr., iv, 13. L’époque en est souvent indiquée d’une façon vague et générale par les expressions « jour du Seigneur », f^épa-roû y.’jpîovi’1t ; c70’j,

I Cor., i, 8 ; v, 5 ; II Cor., i, 14 ; I Thess., v, 2 ; Phil., i, 6 ;

II Petr., iii, 10, ou simplement ^jiipx, I Cor., iii, 13, ou enfin èu/rr/i r-, [iipa, Joa., vi, 39, 40, 41, 54 ; xi, 21, jour auquel aura lieu la résurrection générale.

2° Ce qu’a dit NotreSeigneur sur la fin du monde.

— Le Messie, venu une première fois sur la terre dans la faiblesse de la chair, a annoncé lui-même à ses Apôtres son retour dans la gloire et la majesté pour juger tous les hommes, Matth., xvi, 27 ; Marc, viii, 38 ; Luc, ix, 26, et il leur a promis de les associer à ce jugement universel. Matth., xix, 28 ; Luc, xxii, 30. Dans les derniers jours de sa vie, il a décrit la scène de ce jugement. Matth., xxv, 31-46. Il a donné à Caïphe, comme preuve de sa divinité, l’assurance de son second avènement dans la gloire. Matth., xxvi, 64 ; Marc, xiv, 62. Mais le plus souvent Jésus a uni la prophétie de son retour à la prédiction de la ruine de Jérusalem et à la fin de la nationalité juive. Les exégètes rationalistes en concluent généralement que le Sauveur a placé sur le même plan les deux événements, qu’il a indiqué ainsi comme prochain son dernier avènement, et que sa prédiction ne s’est pas réalisée. Avant d’avoir été détrompés par l’événement, les Apôtres y avaient ajouté foi ; à la suite de leur Maître, ils avaient annoncé comme prochaine la fin du monde, et ils avaient tiré de là de pressantes exhortations à se convertir et à mener une vie parfaitement chrétienne. Aussi toute la première génération chrétienne s’attendait à voir le Fils de Dieu reparaître sur cette terre et le monde présent finir, avant même que les contemporains de Jésus eussent tous fermé les yeux. Reuss, Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, 3e édit., Strasbourg, 1864, 1. 1, p. 217-261 ; Renan, Vie de Jésus, 13e édit., Paris, 1867, p. 286-288 ; A. Réville, Jésus de Nazareth, Paris, 1897, t. ii, p. 306 : 308 ; M.Vernes, Histoire des idées messianiques, Paris, 1874, p. 237-264.

Cette croyance des premiers chrétiens à la proximité, sinon à l’imminence même du retour de Jésus et de la fin du monde, a donné lieu à bien des explications divergentes. La plus simple et la plus radicale consiste à nier le fait et à dire que tous les passages du Nouveau Testament desquels on prétend l’inférer ne concernent pas le dernier avènement visible du Sauveur, mais seulement son avènement invisible par la destruction de Jérusalem et la fin de la nationalité juive. Le Camus, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 2e édit., Paris, 1887, t. iii, p. 101122 ; Haghebært, L’époque du second avènement du Christ, dans la Revue biblique, t. iii, 1894, p. 71-93. Quelques-unes des paroles du Sauveur et de ses Apôtres peuvent assurément être restreintes à l’annonce de la ruine prochaine de Jérusalem. Ainsi, quand Jésus prédit à ses Apôtres les persécutions qu’ils subiront dans l’accomplissement de leur mission, il leur donne le conseil de fuir d’une cité à l’autre, ajoutant : « En vérité, je vous le dis, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël avant que le Fils de l’homme ne vienne. » Matth., x, 23. L’avènement dont il est ici question n’est pas nécessairement celui du jugement dernier, comme le croient Schanz, Commentai’ûber d.as Evangelium des heiligen Malthàus, Fribourg-en-Brisgau, 1879, p. 298, et Knabenbauer, Comment, in Evang. sec. Mattliesum, Paris, 1892, t. i, p. 397-398 ; mais il peut fort bien être celui de la ruine de Jérusalem, qui sera une manifestation éclatante de sa souveraine justice. Fillion, Évangile selon