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CAPHTORIM — CAPITATION


Canope, comme on l’a vu plus haut, liais ici la Phénicie doit se prendre dans un sens large, comprenant sous cette dénomination toute la contrée placée à l’ouest de la

Palestine et de la Syrie, dite aussi i "V^ JM --’, Kar

ou Kal. Et l’on doit entendre la Phénicie au sens de pays et non de race, c’est-à-dire au sens géographique et non ethnographique. Dans la Phénicie, habitée d’abord par des populations chamites, vinrent s’établir plus tard des Sémites, tels que les Phéniciens, si célèbres dans l’histoire de la civilisation ; et parmi les habitants les plus anciens de cette région nous devons compter aussi les Caphtorim. Quant au suffixe or du nom de Caphtor, le P. de Cara ne croit pas qu’il vienne de l’égyptien ur, « grand ; » mais ce serait un suffixe indiquant l’appartenance, et Caphtor signifierait « la terre des Cafti ou Chefti », nom qu’il trouve donné à un pays où s’établirent les Héthéens chamites, identifiés par lui avec les prolopélasges. De là, selon les plus récentes études, les Caphtorim furent des peuples chamites de la même souche que les Egyptiens, établis à une époque très reculée le long de la côle de la mer Méditerranée, où fut la terre de Kapht, appelée plus tard Phénicie. Ils appartenaient à la grande confédération des Héthéens, dont les nouvelles recherches de M. Sayce et du P. de Cara nous ont permis d’apprécier l’importance. C’est pourquoi par l’Ile de Caphlor d’où sortirent les Caphtorim nous devons entendre les côtes maritimes de la Palestine et de la Syrie septentrionale. Enfln la version KarniiSo-zie ; des Septante, d’où dépend Cappadoces de la Vulgate, qu’Ebers accusait d’inexactitude, est en somme bien fondée. En fait, le nom de Cappadoce nous est connu seulement sous la forme persane de Katapatuka ou Katpatuka ; et il est certain <jue les Perses modifièrent selon les lois de leur langage un mot déjà existant. Or. les Cappadociens sont appelés Chananéens par Philon, in Caten. ined. ad Genesim, 26, 28 ; cf. Pape, Wôrlerbuch der griechischen Eigennamen, au mot KseTraaSoxia ; et ce nom démontre qu’entre les Chananéens et les Cappadociens devait exister un lien de parenté ou de commune origine : lequel trouve son explication dans ce fait démontré par le V. de Cara, que la Cappadoce fut un des séjours primitifs des Héthéens, descendants de Chanaan, comme les Héthéens du pays de Chanaan et de la Syrie. Et de là il conclut que dans le nom de Cappadoce se cache probablement le nom de Caphtor. En effet, les radicales des deux noms sont au fond les mêmes ; et le nom primitif devait être Ka-pa-t ou Ka-fa-t, d’où vient celui de Caphtor et de Caphtorim. Voilà tout ce qu’on peut dire jusqu’ici ; mais ces questions d’origine ne sont pas encore suffisamment élucidées. Voir Céréthéens, Philistins.

H. Marucchi.

    1. CAPELLA André##

CAPELLA André, chartreux espagnol, mort le 12 septembre 16Û9. Né à Valence (Espagne), il fut d’abord jésuite et professeur au Collège romain. Rentré en Espagne, vers 1509, il se fit chartreux à Scala Dei, près de Tarragone, et devint évêque d’Urgel en 1587. On a de lui : Commentaria in Jeremiam prophetam, guibus latina Vulgata editio dilucidatur, et cum hebraico fonte et Septuag. editione et paraphrasi chaldaica confertur. Excudebat Hubertus Gotavdus in cartusia Scalse Dei, in-4°, 1586.

M. Al’tore.

    1. CAPITAINE##

CAPITAINE, chef qui commande des hommes armés. Voir Armée, t. i, col. 977.

CAPITATION. La capitation est l’impôt perçu sur les personnes. On l’appelle ainsi parce qu’il est fixé â tant par tête (caput). Les Juifs ont payé des impôts de ce genre à leurs rois et aux divers souverains étrangers qui ont successivement soumis la Palestine à leur joug. Nous ne nous occupons ici que de la redevance personnelle payée au temple. Pour les redevances payées aux rois

nationaux, voir Impôts ; pour celles qui furent payées aux rois étrangers, voir Tribut.

Moïse avait imposé à tous les Israélites âgés de vingt ans qui furent recensés dans le désert une capitation. d’un demi-sicle par personne (environ 1 fr. 40). Ce demisicle était une offrande faite à Dieu pour le tabernacle. Il était interdit au riche de donner plus et au pauvre de donner moins. Exod., xxx, 12-16. Dans ce passage, il n’est pas dit explicitement qu’il s’agisse d’un impôt permanent ; mais un passage des Paralipomènes prouve que l’obligation de le payer fut durable et qu’elle fut appliquée au temple après sa construction. II Par., xxiv, 4-11. Joas reproche, en effet, au grand prêtre Joïada de n’avoir pas fait lever l’impôt prescrit par Moïse, et dont à ce moment la perception est particulièrement utile à cause des déprédations commises dans le temple par Athalie. Tendant la captivité, le demi-sicle ne fut pas perçu. Après le retour de la captivité, la perception de la capilation devint plus régulière. Néhémie prescrivit une redevance annuelle d’un tiers de sicle pour l’entretien du temple. II Esdr., x, 32-33. « Nous avons ordonné, dit Néhémie, de payer tous les ans un tiers de sicle pour le service de la maison de notre Dieu ; pour les pains de proposition, pour l’oblation non sanglante, pour l’holocauste perpé-. tuel, pour les sabbats, pour les néoménies, pour les fêtes et pour les sacrifices pour le péché, afin de réconcilier Israël, et pour tout ce qui regarde le service de la maison de notre Dieu. » Quelques auteurs, notamment le P. Knabenbauer, Commentarius in Malthseum, Paris, 1893, t. ii, p. 100, ont pensé que c’était alors seulement qu’avait été établie une capitation permanente, et que les contributions levées par Moïse et par Joïada n’avaient été que des impôts extraordinaires exigés pour des circonstances particulières. On ne voit pas comment on peut concilier cette opinion avec le texte des Paralipomènes. Au temps de Néhémie, l’impôt fut abaissé probablement à cause de la misère générale des Israélites ; mais il fut perçu avec une régularité plus grande, c’est-à-dire chaque année. Par la suite il fut de nouveau élevé à la somme primitive, c’est-à-dire à deux drachmes, qui étaient l’équivalent d’un demi-sicle.

Cet impôt était dû par tous les Israélites du sexe masculin à partir de vingt ans. Philon, De monarchia, ii, 3. D’après la Mischna, Sekalim, ii, 4, on l’exigeait même des enfants depuis l’âge de treize ans. Les enfants au-dessous de cet âge, les femmes et les esclaves en étaient seuls exemptés. Le même traité ajoute que la perception du didrachme avait lieu du 15 au 25 du mois d’Adar, mais qu’on ne l’exigeait pas d’une manière absolue avant la Pâque. Surenhusius, Mischna, sive totius Hebrscorum juris systema, in-f°, Amsterdam, 1690-1702, t. ii, p. 176-177. La Mischna ne nous fait pas connaître l’époque à laquelle ces dates furent fixées pour la perception du didrachme, nous ne savons donc pas si elles étaient déjà déterminées au temps de Jésus-Christ. Les Juifs établis hors de la Palestine payaient le didrachme comme ceux qui habitaient le pays. Quand la collecte avait été faite, on envoyait l’argent à Jérusalem, et l’on expédiait ainsi de certains pays, par exemple de Babylone, des sommes très considérables. Josèphe, Ant.jud., XVIII, IX, 1 ; Cicéron, Pro Flacco, 28. Des contrées éloignées on pouvait apporter l’argent au temps de la Pentecôte et de la fête des Tabernacles. Surhenhusius, Mischna, t. ii, p. 184-185.

Saint Matthieu, xvii, 23-26, nous rapporte que pendant le séjour de Notre - Seigneur à Capharnaùm, les collecteurs du didrachme se présentèrent à saint Pierre et lui demandèrent si son maître ne payait pas l’impôt. Pierre répondit qu’il le payait, et entra dans la maison où se trouvait Jésus. Avant même que l’Apôtre eut eu le temps de parler, le Sauveur lui posa cette question : « Que te semble-t-il, Simon ? De qui les rois de la terre reçoivent-ils le tribut ou le cens ? Est-ce de leurs fils ou des étran-