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ÉVANGILES


xiv, 51 et 52 ; en saint Luc, la naissance de saint Jean-Baptiste, l’Annonciation, la Visitation et les cantiques de Marie et de Zacharie, i, 5-80 ; le cantique de Siméon, H, 25-32 ; Jésus au milieu des docteurs, ii, 40-50 ; l’histoire de Marie et de Marthe, x, 38-42 ; celle de Zachée, xix, 1-10 ; celle du bon larron, xxiii, 40-43 ; la vocation des soixante-douze disciples, x, 1-24 ; les guérisons des dix lépreux, xvii, 11-19 ; d’un homme hydropique, xiv, 1-6 ; et d’une femme que l’esprit mauvais rendait infirme, xin, 10-17 ; la résurrection "du jeune homme de Naïm, vii, 11-17 ; l’apparition de Jésus aux disciples d’Emmaùs, xxiv, 13-35 ; les sept paraboles du bon Samaritain, x, 30-37 ; du riche surpris par la mort, xii, 16-21 ; de l’enfant prodigue, xv, 11-32 ; de l’économe infidèle, xvi, 1-12 ; du mauvais riche, xvi, 19-31 ; du juge inique, xviii, 1-8, et du pharisien et du publicain, xviii, 9-14. La comparaison des matériaux communs et des particularités des Synoptiques a été établie d’une façon très minutieuse au moyen des calculs faits sur différentes bases d’opération. Reuss, Die Gescliichte der lieiligen Schrift Neuen Testaments, 6e édit., Brunswick, 1887, p. 170, a dressé trois évaluations d’après trois points de départ différents. En prenant les 124 sections plus ou moins longues qui comprennent tous les récits combinés des Synoptiques, il y en a 47 qui sont communes aux trois, 12 à saint Matthieu et à saint Marc, 2 à saint Matthieu et à saint Luc, 6 à saint Marc et à saint Luc ; 17 sont spéciales à saint Matthieu, 2 à saint Marc et 38 à saint Luc. Ce dernier a donc 93 sections, saint Matthieu 78 et saint Marc 67. Si on compte les sections d’après les Canons d’Eusébe, il y en a 554 d’étendue très inégale pour les trois Synoptiques : 182 leur sont communes, 73 se retrouvent en saint Matthieu et en saint Marc, 103 en saint Matthieu et en saint Luc, 14 en saint Marc et en saint Luc ; 69 sont propres à saint Matthieu, 20 à saint Marc et 93 à saint Luc. Au total, saint Matthieu a 427 sections, saint Marc 289 et saint Luc 392. En suivant la division actuelle en versets, saint Matthieu en a 330 qui lui sont propres, saint Marc 68 et saint Luc 541. Les deux premiers Évangiles ont de 170 à 180 versets qui manquent au troisième ; Matthieu et Luc, de 230 à 210 qui manquent à Marc ; Marc et Luc, 50 environ qui ne sont pas dans Matthieu. La somme des versets communs aux trois récits n’est que de 330 à 370. Matthieu a 1070 versets ; Marc, 677 ; Luc, 1158 ; au total, 2 905. Stroud, À new greek liarmony of the four Gospels, Londres, 1853, p. cxvii, a abouti à des résultats plus évidents et plus significatifs. En représentant par 100 l’ensemble des matériaux des Synoptiques, on constate que saint Matthieu a 58 points de contact et 42 particularités, saint Marc 93 points de contact et 7 particularités, saint Luc 41 points de contact et 59 particularités. Les passages communs aux trois évangélistes sont au nombre de 53 ; ceux qui appartiennent à saint Matthieu et à saint Marc, de 20 ; à saint Matthieu et à saint Luc, de 21 ; à saint Marc et à saint Luc, de 6 seulement. « En résumé, nous pouvons dire que les deux tiers à peu près des détails sont communs aux Synoptiques, tandis que l’autre tiers ne se rencontre que dans l’une ou l’autre des narrations. Saint Matthieu possède absolument en propre la sixième partie de son Évangile ; saint Luc environ le quart du sien. » Fillion, Introduction générale aux Évangiles, Paris, 1889, p. 38-39.

2° Ressemblances et divergences dans le plan général et la disposition des parties communes ou propres. — Elles sont plus frappantes et plus enchevêtrées encore que dans l’ensemble du contenu. La ressemblance principale consiste dans la même distribution chronologique du ministère public de Jésus : 1. baptême au Jourdain ; 2. prédication en Galilée ; 3. voyage et séjour à Jérusalem ; 4. passion et mort ; 5. résurrection. Le cadre est identique dans les trois récits, et les matériaux communs sont arrangés d’après un plan unique. Il laisse place toutefois aux détails propres à chaque évangéliste, qui sont


insérés dans la trame générale de l’histoire évangélique. Cette ressemblance se remarque aussi dans l’arrangement particulier des faits et des discours, parfois dans le groupement de certains événements, même en dehors de l’ordre chronologique de leur accomplissement. Mais elle n’est pas universelle ni constante. Le groupement des discours de Jésus n’a pas lieu de la même façon. Ainsi, tandis que saint Matthieu, v, 1-vii, 29, relate tout d’un trait le discours sur la montagne, et, xiii, 1-53, les paraboles du royaume des cieux, saint Luc les partage en plusieurs fragments, qu’il éparpille et qu’il rattache à des circonstances distinctes. De la sorte, les trois récits évangéliques, après avoir suivi longtemps un cours parallèle, dévient soudain ou se brisent. Un narrateur omet, ajoute, anticipe, transpose librement ses narrations par rapport aux deux autres ou à l’un d’eux. Les évangélistes s’accordent parfois deux à deux à rencontre du troisième, et ce ne sont pas toujours les deux mêmes qui se trouvent dans le même rapport d’harmonie. M. Wetzel, Die synoptisclien Evangelien, î883, p. 109117, a fait ressortir d’une manière saisissante les divergences des Synoptiques dans l’ordre général des événements. Il a choisi comme exemples les passages Matth., iv, 18-xxi, 27 ; Marc, i, 16-xvi, 7 ; Luc, iv, 16-xxiv, 9, qu’il a résumés sur trois colonnes parallèles. Le récit de saint Marc, qui occupe la deuxième colonne, sert de terme de comparaison, et son texte est divisé en petits quadrilatères, qui sont numérotés de 1 à 83, et dont chacun renferme le titre d’un événement. Les récits de saint Matthieu et de saint Luc sont divisés en quadrilatères semblables, qui sont numérotés par les chiffres des quadrilatères correspondants de saint Marc. Par ce moyen, on constate aisément les. relations de groupement des récits particuliers. Ainsi les numéros 1 de saint Matthieu et de saint Marc font face au numéro 24 de saint Luc ; le 16e quadrilatère du premier Évangile a pour voisins les carrés 4 de saint Marc et de saint Luc ; le 59e est sur la même ligne que le 7° de saint Marc et le 6° de saint Lnc. Voici d’autres chiffres correspondants : iS, 10, 9 ; 27, 47, 50 ; 34, 53, 57 ; 40, 59, 66 ; 48, 68, 76 ; 57, 77, 83, etc. L’ordre des récits est donc loin d’être identique.

Pour se faire une juste idée de l’agencement général des faits, il est nécessaire d’analyser les Synoptiques et de constater la disposition, dans chaque Évangile, des éléments propres et des éléments communs. Seuls saint Matthieu et saint Luc racontent la naissance, l’enfance et la jeunesse de Jésus ; mais ils ne suivent pas le même ordre. De plus, pour cette première période de la vie de Notre -Seigneur, presque tout y est différent, nul fait, sauf le retour à Nazareth, n’est commun. Saint Luc parle du précurseur, que saint Matthieu ne mentionne pas. Les deux généalogies de Jésus ne concordent pas. Dans le récit des faits, les deux narrateurs se complètent mutuellement ; l’un rapporte ce que l’autre a omis, et on pourrait croire que saint Luc remplit les lacunes de saint Matthieu. Ainsi il raconte tout ce qui a précédé les angoisses de saint Joseph, par lesquelles saint Matthieu débute. Il continue son récit jusqu’à la naissance de Jésus à Bethléhem, où saint Matthieu amène les mages, sans en avoir dit la raison. À son tour, saint Luc omet l’adoration des mages, la fuite en Egypte et le retour, et il transporte les lecteurs de la purification au séjour à Nazareth et à la première visite de Jésus au Temple de Jérusalem. — À partir de la trentième année de Jésus et de l’inauguration de son ministère public, les Synoptiques marchent de pair. Or, si on met de côté les récits relatifs à l’ascension et à la vie glorieuse du Sauveur, qui ont un caractère distinct dans chaque Évangile, on peut diviser la vie active et la passion de Jésus en deux grandes périodes, l’une précédant et l’autre suivant la première multiplication des pains. Dans la première, il existe pour l’ordre des faits racontés une conformité singulière eDtre saint Marc et saint Luc, tandis que saint Matthieu s’écarte

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