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ETIENNE — ETOILE


puissant en paroles, y. 22 ; lorsqu’il dit que Moïse trembla de frayeur au Sinaï et que la Loi fut promulguée par le ministère des anges, y y. 38, 53 ; surtout lorsqu’il remplace Damas par Babylone dans le texte d’Amos, y. 43. Mais, quoi qu’il en soit de ces détails, l’exégèse d’Etienne, s’affranchissant d’une exactitude matérielle inutile à sa démonstration, est cependant pénétrante et littérale dans le bon sens du mot ; le premier il a mis en relief dans l’histoire d’Israël le caractère universel du plan divin. Son discours montre qu’il avait approfondi l’esprit de l’Écriture, et que, tout en suivant de préférence les Septante, il n’ignorait pas les traditions plus purement juives, traditions dont il nous est d’ailleurs impossible de contrôler la valeur.

III. Sa mort. — Les Juifs, irrités du discours de saint Etienne, l’entraînèrent hors de Jérusalem et le lapidèrent. Act., vii, 56-58. Le double caractère d’exécution légale et de fureur populaire qu’on remarque dans la mort du premier diacre Etienne est en parfaite conformité avec la situation historique. Les Romains s’étaient réservé le droit du glaive. Les Juifs ont dû choisir une circonstance favorable, par exemple la disgrâce de Pilate, en l’an 35 ou 36, l’absence d’un gouverneur en titre leur laissant plus de liberté. Même alors ils ont dû juger prudent de conduire les choses de manière à s’excuser auprès des Romains sur l’emportement aveugle de la foule, pendant qu’ils gardaient à cause des leurs certaines apparences légales. C’est ainsi qu’ils surent s’exempter de porter un jugement formel tout en procédant à la lapidation selon la loi de Moïse, qui obligeait les témoins à jeter les premières pierres. La mort d’Etienne fut aussi semblable à celle de Jésus que la mort d’un homme peut ressembler à celle d’un homme-Dieu. Jésus lui était apparu dans le tribunal debout pour le soutenir dans la lutte, Act., vii, 55 ; il confessa encore sa divinité en lui remettant son esprit, y. 58, et il expira en priant pour ses bourreaux, y. 59. Il semble que les chrétiens furent empêchés de s’occuper de sa sépulture, et c’est ce que l’auteur des Actes, viii, 2, insinue en mentionnant la persécution qui éclata alors avant de dire qu’Etienne fut enseveli avec une certaine pompe religieuse par « des hommes pieux », probablement des Juifs modérés et sincères, amis personnels du martyr. On ignora le lieu où reposait son corps jusqu’à la révélation accordée au prêtre Lucien, en 415, à Caphargamala, probablement Djemmala, à sept heures au nord de Jérusalem. Ses reliques furent alors transportées dans l’église de Sion, puis dans la basilique que l’impératrice Eudocie fît bâtir, en 4(30, sur le lieu même de la lapidation, d’après le témoignage contemporain de Basile de Séleucie, Orat. xli, t. lxxxv, col. 469, auquel toute la tradition primitive a fait écho. Ce sanctuaire, enseveli dans l’oubli, a été restauré par les Pères Dominicains français, qui ont relevé l’église d’Eudocie tur les premières fondations. Une école d’Ecriture sainte, fondée dans le même lieu, s’efforce de faire revivre l’esprit d’Etienne, dont on a tout dit lorsqu’on l’admire, avec Basile de Séleucie, comme « ayant imité Paul avant Paul lui-même ou plutôt comme ayant été le maître de Paul ». Orat. xli, t. lxxxv, col. 463. L’importance historique et doctrinale d’Etienne est universellement reconnue, et l’accusation de ses ennemis est le titre authentique qui fait de lui le précurseur de l’Apôtre des Gentils. — Voir Karl Weizsàcker, Das Apostolische Zeitalter, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1892 ; J. Jùngst, Vie Quellen der Apostelgeschichte, in-8°, Gotha, 1895 ; M. J. Lagrange, Saint Etienne et son sanctuaire à Jérusalem, in-8°, Paris, 1894. J. Lagrange.

2. ETIENNE (APOCALYPSE D’), œuvre apocryphe qui n’est connue que de nom. Voir Apocalypses apocryphes, t. i, col. 766.

    1. ÉTOFFES##

ÉTOFFES, matières tissées servant à confectionner ;

des vêtements, des tentures, etc. — 1° Les Hébreux employaient pour la fabrication de leurs étoifes la laine, le lin ou byssus, la soie, Ezech., xvi, 10 ; peut-être après la captivité, le coton, Esth., i, 6’voir Coton, col. 1055) ; et pour les étoffes plus grossières, les poils de chèvre et de chameau. Voir Cilice, Coton, Laine, Lin, Soie. Parfois ces étoffes étaient importées chez eux toutes fabriquées. Voir col. 884, 885, 888. — 2° Le tisserand, ’orêg, fabriquait les étoffes communes, voir Tisserand, et les femmes filaient et tissaient à la maison la laine etle lin pour obtenir d’autres étoffes qu’elles pouvaient soit utiliser, soit vendre à leur profit. Exod., xxxv, 25 ; IV Reg., xxxii, 7 ; Prov., xxxi, 13. Dans certaines familles, les femmes avaient réputation d’habileté pour ce genre de travail. I Par., iv, 21. On cousait ensuite les étoffes pour en confectionner des vêtements. Ezech., xvi, 16. — 3° Outre les étoffes communes, les Hébreux savaient façonner ou achetaient des étoffes brodées, voir Broderie, ou de couleurs différentes.

Voir col. 1067.

H. Lesêtre.

1. ÉTOILE (hébreu : kôkâb ; Septante : àavqp ; Vulgate : Stella), en général, tout astre du firmament, aulre que le soleil et la lune, et spécialement ceux qu’on appelle étoiles fixes. Sur les autres étoiles, voir Comète, Planète.

I. Au sens littéral. — 1° C’est Dieu qui a fait les étoiles. Gen., i, 16 ; Ps. viii, 4 ; cxxxv, 9. — 2° Il leur a donné à chacune une grandeur et un éclat différents. I Cor., xv, 41. — 3° Il les a créées en nombre incalculable, et lui seul en connaît le nombre. Ps. cxxxvi, 4. La mullitude des étoiles frappait d’admiration les Hébreux, qui ne pouvaient pas fouiller comme nous les profondeurs du firmament à l’aide du télescope, mais qui, dans un ciel presque toujours pur, apercevaient chaque nuit beaucoup plus d’étoiles que nous n’en voyons à l’œil nu dans nos climats. Avec le sable de la mer, les étoiles servent, dans la Sainte Écriture, à donner l’idée de ce qui est innombrable, et en particulier de la multitude des enfants d’Abraham. Gen., xv, 5 ; xxii, 17 ; xxvi, 4 ; Exod., xxxii, 13 ; Deut., i, 10 ; x, 22 ; xxviii, G2 ; I Par., xxvii r 23 ; IIEsdr., ix, 23 ; Eccli., xliv, 23 ; 1er., xxxiii, 22 ; Dan., iii, 30 ; Nah., iii, 16. — 4° Un ordre admirable règne parmi les étoiles. Jud., v, 20 ; Sap., vii, 19, 29 ; xiii, 2 ; Jer., xxxi, 35 ; Eccli., xi.iii, 10. « Les étoiles donnent la lumière chacune à leur poste, et elles se réjouissent. Ou les appelle, et elles disent : Nous voici, et elles brillent avec allégresse devant celui qui les a faites. » Bar., iii, 31, 35. Sur l’ordre des étoiles, voir Constellations. — 5° Par leur splendeur, leur nombre et leur harmonie, les étoiles chantent la louange du Seigneur, Job, xxxviii, 7 ; Ps. xviii, 1 ; cxlviii, 3 ; Dan., iii, 63. — 6° Un des crimes des idolâtres a été de ne pas reconnaître la nature des étoiles et de rendre les honneurs divins à la « milice du ciel ». Deut., xvii, 3 ; IV Reg., xvii, 16 ; xxi, 3, 5 ; xxiii, 4, 5 ; II Par., xxxm, 3 ; Jer., viii, 2 ; xix, 13 ; Amos, v, 26 ; Soph., i, 5 ; Act., vii, 42. — 7° Dieu est le maître des étoiles, et il peut, quand il veut, voiler leur lumière. Job, ix, 7 ; Is., xiii, 10 ; xxxiv, 4 ; Ezech., xxxii, 7 ; Joël, ii, 10 ; iii, 15. — 8° Aux approches du dernier jugement, il y aura des signes dans les étoiles, Luc, xxi, 25, et les étoiles tomberont du ciel. Matth., xxiv, 29 ; Marc, xiii, 25. Cette chute des étoiles doit s’entendre soit d’un mouvement réel dans le monde sidéral, qui donnera aux étoiles fixes l’apparence d’étoiles filantes, soit d’une violente agitation de la terre, pendant laquelle ses habitants attribueront aux astres le mouvement qui les entraînera eux-mêmes. Il faut d’ailleurs remarquer qu’il n’est point dit que les étoiles tomberont sur la terre. De plus, il n’est pas certain que cette chute des étoiles doive se prendre dans le sens littéral. Dans d’autres passages de la Sainte Écriture, des phénomènes analogues annoncés par les prophètes n’étaient que figuratifs. Agg., ii, 7 ; Joël, ii, 28, 32 ; Is., xiii, 9, 10 ; cf. Apoc, vi, 13 ; viii, 10, 12 ; ix, 1. On pourrait aussi ramener la phrase de S. Matthieu, xxiv, 29 : « Les étoiles tombe-