Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1044

Cette page n’a pas encore été corrigée
2009
2010
ETHIOPIE


édit. Didot, t. i, p. 91 ; Pline, H. N., vii, 2, etc. Jérémie, xin, 23, fait allusion à la couleur de leur peau ; les monuments égyptiens les représentent rouge-brun. Gf. Strabon, I, ii, 27 ; XV, i, 24. Les nègres, du reste, ne devaient pas être rares parmi eux. — Habacuc, iii, 7, parle des tentes de Kûsdn. — Jérémie mentionne dans ses prophéties un Éthiopien, Abdémélech, qui prit sa défense auprès du roi Sédécias, dont il était l’eunuque. Jer., xxxviii, 7-13. La conquête de l’Egypte par des rois éthiopiens avait établi à cette époque plus de rapports entre eux et les Juifs ; mais ceux-ci les considéraient toujours comme un peuple lointain, dont Dieu s’occupait à peine. « N’êtes-vous pas pour moi, dit le Seigneur aux Israélites infidèles, comme les fils des Éthiopiens ? » Amos, ix, 7.

II. Histoire. — Les Éthiopiens doivent être, au moins en partie, des Gouschites, qui, d’émigrations en émigra L’histoire primitive de l’Ethiopie est complètement inconnue. D’après les récits des Grecs (Diodore de Sicile, m, 3), c’est aux Éthiopiens que les Égyptiens auraient dû leur civilisation, mais les monuments indigènes établissent le contraire : à mesure qu’on remonte le cours du Nil, les ruines que l’on trouve sur la route sont d’un art inférieur et de date plus récente, d’où il ressort que c’est l’Ethiopie qui a étudié, copié l’Egypte. H. Brugsch, Geschichte Aegypten’s, in-8°, Leipzig, 1877, p. 9-10 ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., 1886, p. 13. — Les pharaons jetèrent de bonne heure un œil de convoitise sur l’Ethiopie. Le second roi de la VI » dynastie, Papi I er Merira, soumit ce pays à son autorité. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, 1895, p. 416. Ses successeurs ne purent cependant conserver sa conquête ; mais, sous la XIIe dynastie, les Osortésen et les Aménemhat envahirent l’Ethiopie. Osortésen III cons 619. — Éthiopiens apportant le tribut au pharaon. xviiie dynastie. Thèbes. D’après Lepsius, Derikmaler, Abth. iii, Bl. 117.

tions, après s’être établis en Arabie, Gen., x, 7, traversèrent la mer Rouge et s’établirent dans cette partie de l’Afrique, qui en était voisine, II Par., xxi, 16, et à laquelle ils donnèrent leur nom. Ptolémée, IV, 7, 27, mentionne les descendants couschites d’Havila, sous le nom A’Avalitæ ou Abalitse, à l’extrémité méridionale du golfe Persique. On admet généralement que les Sabéens couschites, qui habitaient l’Arabie, s’établirent aussi dans le royaume de Méroé (Nubie septentrionale), de sorte que la ville de Méroé était appelée Saba par les Juifs. Josèphe, Ant. jud., II, x, 2. Cf. J. D. Michælis, Spicilegium geographix Hebrxorum exterx, 2 in-4°, Gœttingue, 1769-1780, t. i, p. 179.— On doit observer d’ailleurs que le nom d’Éthiopien est plutôt une désignation géographique qu’ethnographique. Dans, l’antiquité et aujourd’hui encore, on le donnait à des peuples de race fort différente, qui habitaient au sud de l’Egypte. Les Abyssiniens actuels, qui se donnent comme les Éthiopiens, ne sont nullement les Couschites de la Bible ; ce sont des Sémites qui, partis de l’Arabie méridionale, se sont établis au sud de la Nubie. — Sur les populations antiques de l’Ethiopie, voir G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1895, p. 394, 477 ; G. Sergi, Africa, Antropologia délia stirpe camitica, in-8°, Turin, 1897, p. 68-95 ; W. Max Mûller, Who icere the ancient Etliiopians ? dans les Oriental Studies, in-8°, Boston, 1894, p. 72-85.

truisit un fort à Semnéli, pour tenir ce pays sous le joug. G. Maspero, Histoire ancienne, ¥ édit., p. 104-107. Sous la XVIIIe dynastie égyptienne, les pharaons sont tantôt les alliés, tantôt les ennemis des Éthiopiens. Ahmès, le vainqueur des Hyksos, avait épousé une princesse éthiopienne et obtenu le concours de la famille royale dans sa guerre contre les rois pasteurs. Son fils Amenhotep I er, son petit-fils Thotmès I er, Thotmès III, Amenhotep II, Amenhotep III et Ramsès I er remportèrent des avantages divers sur l’Ethiopie (fig. 619). Mais sous Ramsès II (Sésostris), de la XIXe dynastie, une révolte générale éclata dans ce dernier pays, et le pharaon, encore jeune, s’y signala par des exploits qu’amplifièrent les auteurs grecs. Hérodote, ii, 102 ; Strabon, xv, 2. Josèphe, Ant. jud., X, ii, 1-2, raconte une légende d’après laquelle Moïse aurait battu les Éthiopiens à la tête d’une armée égyptienne et aurait épousé une princesse du pays. Cf. Num., xii, 1. L’Ethiopie resta soumise aux Égyptiens jusqu’à la fin de la XXe dynastie. Les prêtres d’Amon-Ra, qui s’y étaient retirés de Thèbes, d’où les avaient chassés les pharaons de la XXIIe dynastie, y établirent un royaume indépendant, dont la capitale fut Napata. A l’époque de la XXIII’dynastie, l’Ethiopie devait commencer à prendre sa revanche sur l’Egypte et à lui faire payer les humiliations qu’elle lui avait infligées, et c’est à partir de ce moment que nous trouvons des allusions assez fréquentes dans l’Écriture au royaume et aux rois d’Ethio-