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ETHAM — ETHAN


jusqu’au moment où, à Étham précisément, Dieu les fit changer de direction, par un brusque mouvement vers le sud. Exod., xiv, 2. Voilà pourquoi, croyons-nous, quelques auteurs ont tort de placer cette étape au sud des lacs Amers. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 55 ; Keil, Genesis und Exodus, Leipzig, 1878, p. 448. Les Hébreux, en quittant Ramsès, suivirent naturellement les bords du canal d’eau douce qui, longeant l’ouadi Toumilat, se dirige dans sa première partie d’ouest en est, vers le lacTimsah. Comme le point de départ était en somme peu éloigné de la frontière du désert où ils devaient aller, ils arrivèrent facilement, après une première étape qui fut courte, « à Étham, qui est à l’extrémité [occidentale] du désert, » situé entre l’Egypte et la Palestine. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, ’1896, t. ii, p. 404-405. Étham devait donc se trouver dans le voisinage, peut-être dans la ligne même des fortifications élevées de ce côté par les pharaons contre les Arabes nomades. Les découvertes égyptologiques ont, en effet, confirmé l’existence d’une grande muraille qui allait de la mer Rouge à la Méditerranée et défendait le pays contre les invasions de certaines bandes asiatiques. Un papyrus de Berlin en suppose.’érection du temps de l’Ancien Empire. Ces fortifications s’appelaient en égyptien

^ m r-~2, -/_etem, ietam, et en copte tJCJH-OTOWi tôm, tom, mots qu’on cherche à rapprocher de l’hébreu Diw, ’Êtâm, et du grec’06w[jl. Cf. G. Ebers, Durch

Gosen zum Sinai, 2e édit., Leipzig, 1881, p. 521-522 (dans la carte intercalée entre les pages 72 et 73, l’auteur place Étham à l’est et presque à la hauteur du ki : Ballâh). Cette opinion est acceptée par bon nombre d’auteurs actuellement. On peut se demander cependant pourquoi les Hébreux, qui avaient dans leur langue le correspondant exact, comme orthographe et comme signification, de l’égyptien -/etam, c’est-à-dire ann, hâtâm, « enfermer, » ont modifié ce mot, comme s’il leur avait été étranger. — M. E. Naville, The store-city of Pithom, Londres, 1885, p. 23-24, voit dans Étham une région plutôt qu’une ville ou une forteresse. Ce serait, d’après lui, « le pays à’Atima, Atma ou Atuma, » dont parlent les papyrus, habité par les Schasou nomades, et dans lequel MM. de Rougé, Chabas et Brugsch auraient à tort reconnu « le pays d’Édom ». Il trouve ainsi plus naturel le nom donné au « désert d’Élham ».

A. Legendre.

2. ÉTHAM (DÉSERT D’) (hébreu : midbâr-’Êtâm ; les Septante n’ont mis que r, ëpr^oç, « le désert » ), région que les Hébreux, après le miraculeux passage de la mer Rouge, parcoururent pendant trois jours avant d’arriver à Mara. Num., xxxiii, 8. Pour la signification du mot midbâr, voir Désert, col. 1387. C’est une partie du désert de Sur. Exod., xv, 22. Elle se trouvait ainsi à la pointe nord-ouest de la péninsule Sinaïtique, tout près de l’Egypte, et elle tirait son nom d’Étham, pour ceux qui regardent cet endroit comme une ville ou une forteresse. Voir Étham 1. Cependant, comme elle s’étendait fort loin’au sud, M. E. Naville, The store-city of Pithom, Londres, 1885, p. 21, se demande si cette ville pouvait lui valoir sa dénomination, si en outre une cité égyptienne pouvait donner son nom à un désert habité par une population sémitique, et dont la plus grande partie était sur la côte opposée de la mer. Voilà pourquoi il assimile Étham à « la région d’Atuma » dont parlent les papyrus. Quoi qu’il en soit, il est probable que ce territoire commençait vers les lacs Ballah et Tinisah, pour descendre vers la pointe du golfe de Suez et se confondre avec le désert de Sur, comme il résulte de la comparaison entre Exod.,

xv, 22, et Num., xxxiii, 8. Voir Slr.

A. Legendre.

1. ÉTHAN (Septante : TsciOiv, III Reg., IV, 27 ; k’Siu. ; Codex Alexandrinus : Aî&iv, I Par., ii, 6), un des quatre fils de Mahol, que Salomon surpassait en sagesse. III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11). Sur cette dénomination des fils de Mahol, voir Chalcol, t. ii, col. 505. On identifie généralement’Êtân, Hôinân, Kalkol et Darda’de III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11), avec les personnages de même nom, ’Êtân, Hêmân, Kalkôl et Dura’, ou mieux Darda’, de I Par., Il, 6. Il faut pour cela entendre « fils de Zara » de ce dernier passage dans le sens de « descendants de Zara ». Dans III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11), Ethan est appelé l’Ezrahite, hû’êzrâl.û, que le Codex Alexandrinus traduit par’EZptxrhrn, « Israélite, » comme s’il y avait ha ézrâh, « l’indigène. » Mais le Vaticanus a Zapef^r ;  ; , c’est-à-dire descendant de Zara : ce qui est probablement le sens du nom patronymique, ’ézrâhi. Éthan de III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11), est ainsi appelé descendant de Zara, comme dans I Par., ii, 6. Il reste cependant une certaine difficulté d’expliquer l’aleph prosthétique devant le nom de Zérah, qui ne paraît pas usité en pareil cas. Le Psaume lxxxix est attribué à Ethan l’Ezrahite, Ps. lxxxix (Vulgate, lxxxviii), 1, comme le Psaume précédent à Héman l’Ezrahite : ce qui peut bien s’entendre d’Éthan fils d’Ezra. Mais il faut renoncer à vouloir identifier cet Éthan l’Ezrahite avec Éthan le fils de Cusi ou Casaia de I Par., vi, 44 (hébreu, 25), et I Par., xv, 17. Ce dernier est lévite, fils de Mérari ; le premier est descendant de Juda. Voir Éthan 3 et Ezrahite.

2. ÉTHAN, lévite, descendant de Gerson et ancêtre d’Asaph le chanteur. I Par., vi, 42 (hébreu, 27). Dans la généalogie des Gersonites, y. 21, le nom d’Éthan paraît remplacé par celui de Joah.

3. ÉTHAN, lévite, descendant de Mérari, chef de cette famille à l’époque de David. I Par., VI, 44 (hébreu, 25). Il est dit en cet endroit fils de Cusi (Qisi) ; le nom de son père, dans I Par., xv, 17, est donné sous la forme Qusayhu (Vulgate : Casaia). Le Idithun (Yedûtûn) associé à Asaph et à Héman dans I Par., xxv, 1, et II Par., xxxv, 15, paraît bien être le même personnage qu’Éthan. Voir Idithun. Dans le transport de l’arche à Jérusalem, David répartit les lévites en différents chœurs ; Éthan, avec Héman et Asaph, jouait des cymbales d’airain. I Par., xv, 19. E. Levesque.

4. ÉTHAN (hébreu : ’Êtân ; Septante : ’HCiiu.), nom propre qu’on trouve dans la Vulgate au Ps. lxxih ( hébreu, lxxiv), 15. Les versions grecque et latine ont pris ici un nom commun pour un nom propre ; car, en réalité, ’êtân est un substantif qui signifie « perpétuité », en sorte que l’expression nahârôt’êtân veut dire « des fleuves perpétuels » ou intarissables. Le même mot est employé ailleurs pour caractériser la force d’un torrent, par opposition aux courants temporaires, facilement desséchés. Tel est le sens de nahal’êtdn (Septante : -/^j.i.pio’jç iiônzos ; Vulgate : torrens fortis) dans Amos, v, 24. C’est ainsi que l’ont entendu Aquila et le traducteur syriaque en le rendant par des termes synonymes de « fort ». L’idée, du reste, est parfaitement conforme au contexte. Après avoir supplié Dieu de penser à son peuple ; après avoir rappelé que l’ennemi a accumulé les ruines, tout profané et incendié, le psalmiste se demande si le Seigneur ne va pas se venger ; il est tout-puissant, et il l’a prouvé jadis. Parmi les merveilles divines, l’auteur sacré mentionne principalement le passage de la mer Rouge, y. 13 ; puis, au y. 15, les rochers fendus au désert pour en faire sortir une eau abondante, et, par contraste, les lleuves rapides desséchés pour livrer passage aux Hébreux :

C’est toi qui as fait jaillir la source et le torrent, Toi qui as mis à sec les flcirccs intarissables.

ÉTHAN. Hébreu : ’Êtân. Nom de plusieurspersonnages. Le pluriel est une généralisation poétique. Le Jourdain