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1945

    1. ESDRAS##

ESDRAS (TROISIÈME LIVRE D’) — ESDRELON

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finale plus ou moins considérable, suivant la date de composition. Il est vraisemblable que le livre dans son intégrité continuait de copier II Esdr., au delà de toi, 13. C’est le Temple, avec le culte légal dont il est le centre, qui fait tout le sujet de notre apocryphe. Là où I Esitras ne fait mention que des murailles de Jérusalem, le compilateur parle aussi avec insistance du Temple, qui, à l’en croire, était achevé dès la sixième année du règne de Darius. Si Néhémie n’est pas nommé, c’est sans doute que son nom était surtout associé à la mise en état de défense de la ville.

En somme, le Troisième livre d’Esdras procède des Targums et de la tradition rabbinique, qui amplifia si démesurément le rôle d’Esdras ; il était de nature à encourager les Juifs dans leur observation zélée de la Loi. Peut-être aussi le compilateur voulait-il, par l’exemple de la munificence des rois de Perse, gagner au judaïsme de nouveaux protecteurs du même genre parmi les souverains étrangers, peut-être les Ptolémées. Josèphe le suivit de préférence parce qu’il était plus récent, et plus apprécié, sans doute, de ses contemporains dans les milieux hellénisants.

Le Troisième livre d’Esdras a flotté aux premiers siècles de notre ère sur les limites du canon chrétien ; cela tient peut-être à la faveur dont jouissait cet écrit parmi les Juifs de langue grecque. D’ailleurs il n’était guère autre chose qu’une recension nouvelle de passages reçus comme canoniques. Le morceau inconnu à l’Esdras canonique trouvait grâce aux yeux les plus sévères, parce que les docteurs des premiers siècles lui donnaient une signification mystique. L’éloge de la vérité leur semblait un éloge prophétique du Messie, qui devait dire de lui-même : « Je suis la vérité. » Nous trouvons ce rapprochement dans saint Cyprien, Epist. ad Pomp., lxxiv, 9,

! t. iii, col. 1134, et saint Augustin, De Civ. Dei, xviii, 36, 

t. xli, col. 596. Saint Cyprien, loc. cit., et Origène, Hom. ix in Josue, 10, t. xii, col. 879, introduisent leurs citations du livre apocryphe d’Esdras par la formule ré ! servée à l’Écriture : ut scriptum est. Le De singularitate’clerirorum du Pseudo - Cyprien fait allusion aux paroles de Zorobabel en les appliquant à la chasteté cléricale : Victoriam non habent apud quos contra Esdram mulier potius quant veritas vincit. Patr. lat., t. iv, col. 863. Saint Ambroise, Epist. ad Simplic., xxxvii, 12, t. xvi, col. 1087, cite tout au long l’exemple du roi Darius, III Esdr., iv, 29-31, esclave de son amour pour Apeme et honteusement dominé par une femme. Enfin Prosper d’Aquitaine ou quel que soit l’auteur du De promiss, et prxdict. Dei, ii, 38, Patr. lat., t. ii, col. 814, paraphrase comme une prophétie le discours de Zorobabel : la femme symbolise à ses yeux l’Église du Christ, surtout quand elle a nom Esther ou Judith. On s’explique donc aisément la présence de notre apocryphe dans l’ancienne version latine et dans les manuscrits Vaticanus et Alexandrinus. Mais le catalogue des livres canoniques contenus dans la 39e lettre festivale de saint Athanase ne le mentionne pas. Dans les Églises latines où il avait eu le plus de crédit, il fut éliminé à mesure que la Vulgate hiéronymienne eut supplanté l’ancienne version dans l’usage.

— On trouvera le texte grec dans Swete, The Old Testament in Greek, t. ii, Cambridge, 1891, p. 129-161 ; le latin, qui traduit très fidèlement le grec, en appendice de nos Vulgates. Howorth, The real character and the importance of the first book of Esdras, dans VAcademy, janvier-juin 1893 ; E. Schûrer, Apokryphen des A. T., dans la Realencyclopâdie fur prot. Théologie und Kirche, 1. 1, Leipzig, 1896, p. 636-637.

P. Batiffol.

8. ESDRAS (QUATRIÈME LIVRE D’). Voir APOCALYPSES APOCRYPHES, t. i, col. 759.

    1. ESDRELON##

ESDRELON ( Codex Vaticanus : ’Earfp-y Judith, i, 8 ; ’EuîpaijXûv, iii, 9 ; ’Eup-/)).(ôv, iv, 6 ; Codex Sinaiticus : ’EaBprjVôv, i, 8 ; iii, 9 ; Codex Alexandrinus : ’E^Spr)-Xwpi, vu, 3 ; ’E(repir)xtiv, iv, 6), nom qui représente h forme grecque du mot hébreu Yzre’ê'l, « Jezraël, » et ne se trouve que dans le livre de Judith, i, 8 ; iii, 9 ; iv, 6 ; vu, 3. Il désigne la grande plaine, to [iéycx ireïfov, Judith, 1, 8, qui coupe aux deux tiers de sa longueur le massii montagneux de la Palestine occidentale, et s’étend entre les collines de la Samarie au sud et celles de la Galilée au nord.

I. Nom. — Cette plaine, un des traits caractéristiques de la terre biblique, tire son nom de l’antique cité royale qui la commandait à l’est, Jezraël, aujourd’hui Zer’in, au pied du Gelboé. Aussi est-elle appelée o vallée de Jezraël » (hébreu : ’êméq Yzre’ê'l ; Septante : xotXâ. ; ’IeÇpae’l ou toû’UÇpaéX ; Vulgate : vallis Jezraël ou Jezrahel), Jos., xvii, 16 ; Jud., vi, 33 ; Ose., i, 5 ; même une fois simplement « Jezrahel », 6’IeÇpairçX, II Reg., ii, 9. Une autre ville cependant, non moins importante par sa situation du côté de l’ouest, lui donna aussi son nom ; de là l’expression « plaine de Mageddo » (hébreu : biq’a( Megiddô ou Megiddôn ; Septante : tô iteSîov MayeSStô, iteSi’ov âxxoitTOjiévou ; Vulgate : campus Mageddo ou Mageddon), qu’on trouve II Par., xxxv, 22 ; Zach., xii, 11. Pour les derniers auteurs de l’Ancien Testament, I Mach., xii, 49, et Josèphe, Ant. jud., XII, .viii, 5 ; Bell, jud., III, iii, 1, etc., c’est « la grande plaine », to ireSfov to [iéya. Les deux termes hébreux, biq’âh et’êméq, lui conviennent parfaitement, l’un désignant une « ouverture » ou une fente entre deux montagnes, l’autre une « dépression ». Les Arabes l’appellent aujourd’hui Merdj ibn’Amîr, « prairie du fils d’Amlr. »

II. Description. — La plaine d’Esdrelon forme un triangle irrégulier, dont la base, longue de trentecinq kilomètres environ, s’appuie sur le Carmel et les monts de Samarie, et dont la pointe est au Thabor. De cette pointe au nord jusqu’à Djénîn au sud, le côté oriental a à peu près vingt-cinq kilomètres. La ligne septentrionale en compte autant jusqu’à la gorge par laquelle s’engouffre le Cison, pour gagner la plaine de Saint-Jean-d’Acre. Bordée à l’est par deux petites chaînes, dont l’une est la dernière des monts de Galilée, l’autre la première des monts de Samarie, elle se prolonge de ce côté en plusieurs vallées latérales. L’une d’elles, vers le nord, est comprise entre le Thabor et le Djebel Dâhy ou Petit Hermon ; une autre, plus bas, court entre le Djebel Dàhy et le Djebel Fuqu’a ou Gelboé ; une troisième est un cul-de-sac en forme de fer à cheval, au sud de cette dernière montagne. Il y a deux versants bien distincts, celui de la Méditerranée et celui du Jourdain. Le seuil, qui se trouve à peu de distance au nord-ouest de Zer’in, est à une altitude d’environ 120 mètres. Du côté de la Méditerranée, la plaine s’étend en pente fort douce, avec une altitude moyenne de 80 mètres. Mais, vers le Jourdain, le sol s’affaisse rapidement, et le torrent qui coule au pied des collines est bientôt plus bas que le niveau, méditerranéen. C’est le long de ces pentes brusques que coulent Vouadi esch - Scherrar et Vouadi el-Biréh, et au-dessous le Nahr Djalud. Quant à la plaine proprement dite, elle est traversée d’un bout à l’autre par le torrent de Cison ou Nahr el-Muqatta’, dont les ramifications la pénètrent comme les veines dans le corps humain. Tantôt il la creuse profondément, tantôt il en transforme quelques coins en marais couverts de joncs et de roseaux. Il en fait partie intégrante ; aussi, pour avoir une idée complète de la vallée, faut-il y joindre la description du fleuve. Voir Cison, col. 781.

Cette large plaine doit son origine en partie aux phénomènes volcaniques Ou aux éruptions basaltiques d’oui sont sortis les cônes environnants, en partie aux effets de dénudation ou. au passage de grandes nappes d’eau qui ont déblayé le sol des alentours et laissé les quelques » tertres dont elle est parsemée. L’aspect général est celui d’une campagne unie ; les fonds, où des cendres volca—