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    1. ESDRAS##

ESDRAS (PREMIER LIVRE D’)

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babel. II Esdr., xii, 1, 13. En comparant la liste de ce chapitre xii avec celle du chapitre x, on est porté à identifier cet Esdras avec Azarias : la différence des noms est peu considérable en hébreu non ponctué entre nlff (Azarias) et >nîy (Esdras) : une faute de copiste était facile à faire.

3. ESDRAS, un des chefs de Juda qui assistait à la dédicace des murs de Jérusalem et accompagnait Néhémie. II Esdr., xii, 33.

4. ESDRAS. Un personnage de ce nom est mentionné par la Vulgate dans II Mach., viii, 23 ; mais c’est par erreur. Il s’agit, comme on lit dans le grec et le syriaque, d’Éléazar, le frère de Judas Machabée. Voir Éléazar 8, col. 1651.

5. ESDRAS (PREMIER LIVRE D’). Hébreu : N-tfy, ’Ezra’; Septante : "Es8pa « irpûTo ? ; Vulgate : Liber pritnus Esdrse.

I. Il est distinct du livre de Néhémie et des Para-LIPOMènes. — 1° Dans nos Bibles actuelles, le premier livre d’Esdras est séparé du second et porte un titre particulier ; mais ces deux écrits ont été réunis autrefois et étaient considérés par les Juifs comme ne formant qu’un seul et même ouvrage. Josèphe, Cont. Apion., i, 8, qui ne comptait que treize livres historiques de Moïse à Artaxerxès I er, groupait par conséquent les deux livres d’Esdras. Saint Méliton de Sardes, qui reproduit le canon juif de l’Ancien Testament, ne mentionne qu’un seul livre d’Esdras. Eusèbe, H. E., iv, 26, t. xx, col. 397. Le Baba bathra (voir Canon, col. 140) n’en connaît qu’un non plus. L’union des deux écrits a persévéré longtemps chez les Juifs. Les massorètes ne comptent Esdras et Néhémie que pour un livre, Nlîy isd, qui contient 688 versets, et dont le milieu se trouve Neh., iii, 32. J. Buxtorf, Tiberias, Bâle, 1620, p. 134. Dans beaucoup de manuscrits hébreux, Néhémie n’est que la seconde partie du livre d’Esdras, et dans quelques-uns qui proviennent d’Espagne ou de Naples, le copiste a continué la ligne et n’a laissé aucun intervalle entre les deux écrits. De Rossi, Varies lecliones Veteris Teslamenti, Parme, 1788, t. IV, p. 157. On ne sait pas à quelle époque la séparation des deux livres s’est opérée dans les textes hébraïques et le second a reçu le titre de Néhémie. On peut légitimement présumer que c’est sous l’influence et par imitation des Bibles chrétiennes. — Anciennement toutefois, les chrétiens ont connu et suivi l’usage juif de réunir en un seul volume les deux livres d’Esdras. Si les manuscrits des Septante contiennent deux livres d’Esdras, les plus anciens, tels que YAlexandrinus et le Sinaiticus, appellent "Ea8pa « np&To ; l’écrit apocryphe que nous nommons le troisième livre d’Esdras, et reproduisent sous le titre d’"Ea8pa ; SeÛTepo ; les deux livres d’Esdras et de Néhémie. Ainsi procèdent encore la Synopsis Sacrée Scriptural qui porte le nom de saint Athanase, t. xxviii, col. 332, et saint Chrysostome, Synopsis Sacrai Scriptural, t. lvi, col. 358. Plusieurs canons latins de la Bible ne mentionnent qu’un seul livre d’Esdras ; ainsi le catalogue du Codex Claromontanus (voir col. 147), qui compte 1 500 versets ou stiques ; le canon découvert par Mommsen, qui annonce vingtquatre livres de l’Ancien. Testament et n’en nomme que vingt-trois, les deux livres d’Esdras étant oubliés (voir col. 152) ; le canon du Codex Amiatinus, cf. Tischendorf, Codex Amiatinus, Leipzig, 1854, p. xvi ; le canon d’un manuscrit de Bobbio, publié par Mabillon, Musseum italicum, Paris, 1687, 1. 1, p. 397 ; cf. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. ii, Erlangen et Leipzig, 1890, p. 285 ; enfin le canon des soixante livres canoniques, cf. Zahn, ibid., p. 291. Dans plusieurs manuscrits latins de la Vulgate, Esdras et Néhémie sont divisés comme un seul tout, en soixante-cinq, trente-six ou trente-huit chapitres. S. Berger, Histoire de

la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 349. Les Pères grecs et latins, tout en admettant deux livres d’Esdras, savaient que les Juifs les réunissaient en un seul volume. Origène, In Ps. i, t. xii, col. 1084, cf. Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 581 ; S. Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 35, t. xxxiii, col. 500 ; S. Athanase, Epist. fest. xxxix, t. xxvi, col. 1777 ; S. Épiphane, De ponderibus et mensuris, 4, t. xlhi, col. 244 ; S. Hilaire de Poitiers, Ps. prol., n. 15, t. ix, col. 241 ; S. Jérôme, Epist. lui ad Paulinum, n.7, t. xxii, col. 548 ; Prsef. in lib. Esdr., t. xxviii, col. 1403 ; Rufin, In Symbolurn Apostol., 37, t. xxi, col. 374 ; S. Isidore de Séville, Elymol., i, 28, t. lxxxii, col. 233. Deux livres d’Esdras sont mentionnés dans le 85° canon apostolique : "EaSpa 8ûo ; cf. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. ii, 1890, p. 192 ; dans le canon du concile de Laodicée : "Es8pa « a’xai (5’; Zahn, op. cit., p. 202 ; par saint Amphiloque : "E<r8pa « Ttpwro ; , e18’ô BeOrspo ; , Ad Seleucum, t. xxxvii, col. 1593 ; dans le décret de Gélase (voir col. 154) ; dans la lettre de saint Innocent à Exupère, évêque de Toulouse (Zahn, op. cit., p. 245) ; dans le canon du concile d’Hippone (Zahn, ibid., p. 252) ; par saint Augustin, De doctrina christ., ii, 8, t. xxxiv, col. 41 ; par Cassiodore, relatant l’ordre de l’ancienne version latine, Institut, div. litt., xiv, t. lxx, col. 1125 ; par Nicéphore, Chronograph., t. c, col. 1057. Mais dom Calmet, Dissertation sur le troisième livre d’Esdras, dans le Commentaire littéral, 2e édit., Paris, 1724, t. iii, p. 250, pense que « quand les Pères et les conciles des premiers siècles ont déclaré les deux livres d’Esdras canoniques, ils l’en-I tendaient suivant leurs exemplaires, qui ne faisaient qu’un

; livre du premier d’Esdras et de Néhémie, et qui comp ! taient pour premier d’Esdras celui qui est le troisième

dans nos Bibles ». M. Loisy, Histoire du canon de l’An ; cien Testament, Paris, 1890, p. 92, adopte ce sentiment et dit que l’ancienne Vulgate latine comprenait Esdras et Néhémie réunis. Quoi qu’il en soit, les commentateurs catholiques modernes expliquent généralement l’union des deux livres d’Esdras en un seul par le groupement que les Juifs firent de leurs Livres Saints de façon à ne pas dépasser les vingt-deux ou vingt-quatre lettres de l’alphabet hébreu ou grec. Ils tiennent ces deux écrits pour deux livres bien distincts, qui se relient intimement l’un à l’autre, mais dont le style, malgré certaines analogies frappantes, accuse deux auteurs différents. Voir Néhémie (Livre de).

2° Plusieurs critiques rationalistes de nos jours, s’appuyant sur l’ancienne réunion d’Esdras et de Néhémie, ne se sont pas contentés de réunir ces deux écrits ; ils les ont rapprochés encore des Chroniques ou Paralipomènes, et, faisant ressortir les affinités de plan, de méthode et de style que présentent ces trois livres, ils y ont vu les différentes parties d’un même tout, d’un ouvrage compact et unique, que Reuss, La Bible, Ancien Testament, 4 « partie, Paris, 1878, p. 3-51, a désigné sous l’appellation commune de Chronique ecclésiastique de Jérusalem. Non seulement les trois livres se suivent chronologiquement et ont entre eux unité de fond pour les choses racontées et la manière dont elles sont présentées ; mais même dans l’état actuel du texte, il reste des traces de l’unité primitive. Il semble, en effet, qu’entre les Chroniques et Esdras notamment, il y ait eu rupture violente plutôt que séparation, et la rupture a laissé subsister dans chaque partie des fragments qui la dévoilent à tous les regards et qui s’adaptent à merveille dès qu’on les rapproche. Les Chroniques, II Par., xxxvi, 22 et 23, se terminent par le décret de Cyrus, qui rend aux Juifs captifs la liberté de retourner à Jérusalem. Le premier livre d’Esdras, I, 1-4, débute par le même décret. Mais ce qui est tout à fait singulier, c’est que le texte du décret est incomplet à la fin des Paralipomènes et que la coupure s’est produite au milieu d’une phrase qui reste inachevée et dont la suite se lit I Esdr., i, 3. Il y a là une lacune béante entre