Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1004

Cette page n’a pas encore été corrigée

1929

    1. ESCOL##

ESCOL (VALLÉE D’) — ESDRAS

1930

appliqué sous forme de paronomase, suivant leur habitude ? Nous ne savons. — Eusèbe, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 299, expliquant le çâpce-jÇ pVS-rpuoç, dit, d’après une tradition, que « c’est Gophna (aujourd’hui Djifnéh), dont le nom signifie vigne, et qui est éloignée d’jElia de quinze milles (vingt-deux kilomètres), sur la route conduisant à Neapolis (Naplouse) ». Mais il a soin d’ajouter : « on se demande si cette tradition est fondée. » Il n’y a, en effet, aucune raison pour aller chercher si loin l’endroit dont nous parlons. Saint Jérôme, Epist. cviii, Epitaph. Paulse, t. xxil, col. 886, est plus dans le vrai en le plaçant au sud de Jérusalem, entre Bethsur (actuellement Beit Sour) et Hébron. On a signalé au nord de cette dernière ville, à quelques minutes de distance, une source appelée’Ain Keschkaléh, mais mentionnée aussi sous la dénomination à"Aïn Eshali par Van de Velde, Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 97 ; Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 210, et F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, 1. 1, p. 152, Quelle est la vraie forme du mot ? Est-ce un même nom. dont la prononciation vulgaire laisserait tomber la première consonne ? Ce sont des questions qu’il nous serait difficile de trancher. Il y a donc là une certaine similitude, mais elle n’assure pas complètement l’identification. Suivant M. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 216, la colonie israélite qui habite aujourd’hui Hébron identifie la vallée d’Escol avec Vouadi Teffâh, qui s’étend à l’ouestnord-ouest de cette ville, vallée où l’on admire encore de belles plantations de vignes. Ce qu’il y a de certain, c’est que ces environs d’Hébron sont réputés pour leur fertilité, riches en vignobles et arbres à fruits, oliviers, figuiers, grenadiers, etc. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 214 ; Physical Geography of the Holy Land, Londres, 1865, p. 110 ; H. B. Tristram, The Land of Israël, Londres, 1866, p. 397 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, Soutliern Palestine, Londres, 1881, p. 277 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 237. D’après ces auteurs, c’est là qu’on voit les plus beaux raisins de tout le pays. On y trouve des grappes pesant dix et douze livres. Cependant si celle que cueillirent les explorateurs hébreux fut « portée par deux hommes au moyen d’une perche », Num., xiii, 24, ce n’est pas qu’un seul en eût été incapable, mais ce mode de transport permettait de’la conserver plus fraîche jusqu’au retour.

A. Legendre.

ESDRAS. Hébreu : ’Ëzrâ’, « secours ; » Septante : "E<r8poc. Nom de plusieurs personnages et titre de deux livres canoniques et de deux livres apocryphes.

^ 1. ESDRAS, prêtre et scribe, qui ramena de Babylone en Judée la seconde caravane de captifs, auteur du premier livre d’Esdras (Voir Esdras 5).

I. Histoire d’Esdras. — Il nous a fait connaître lui-même sa généalogie. I Esdr., vii, 1-5. Il descendait d’Aaron par Phinées, Achitob, Sadoc, Helcias. Il se dit fils de Saraïas. Quelques commentateurs pensent que le mot « fils » doit se prendre ici à la lettre et que son père était réellement un prêtre, d’ailleurs inconnu, appelé Saraïas ; mais on croit plus communément que le mot « fils » signifie simplement dans ce passage, comme dans plusieurs autres, « descendant » et qu’Esdras, énumérant seulement ses principaux ancêtres, rappelle qu’il avait pour aïeul le grand prêtre Saraïas, contemporain de Sédécias, qui fut mis à mort à Reblatha par ordre de Nabuchodonosor, IV Reg., xxv, 18-21, environ 130 ans avant l’arrivée de son arrière-petit-fils en Palestine. — Les -détails authentiques de l’histoire d’Esdras ne nous sont connus que par le livre qu’il nous a laissé, I Esdr., vn-x, et par celui de Néhémie. II Esdr., vm ; xii, 26. Cf. Josèphe, Ant. jud., XI, v, 1-5. — Le temple de Jérusalem, que le décret de Cyrus en 536 avait permis de rebâtir,

I Esdr., i, 1-4, avait été enfin achevé, après de longues difficultés et au prix de grands efforts, en 516, sous le règne de Darius I er, .fils d’Hystaspe. Esdras, plein de zèle et de piété en même temps que de science, conçut à Babylone, où il vivait au milieu des Juifs, qui y étaient demeurés depuis Cyrus, le projet d’aller à Jérusalem, pour y rehausser l’éclat du culte qu’on rendait à Dieu dans son temple et pour travailler à la réforme des abus qui s’étaient glissés parmi les Juifs de Palestine. Afin de réaliser son dessein, il mit à profit la faveur dont il jouissait auprès du roi de Perse, Artaxerxès I er Longuemain (464-424). Voir Artaxerxès 1, t. i, col. 1040.

II obtint de ce prince l’autorisation d’aller en Judée avec d’autres Juifs vivant comme lui à Babylone, et au nombre de plus de 1700. I Esdr., ii, 1-58 ; vu", 7 ; viii, 1-14. Le roi lui donna en même temps une somme d’argent, lui permit d’emporter les offrandes qui lui seraient faites pour le temple, et de demander aux gouverneurs royaux les sommes qui pourraient lui être nécessaires jusqu’à concurrence de cent talents d’argent, etc. Les prêtres, les lévites et les serviteurs du temple étaient en même temps affranchis de tout impôt, et Esdras recevait des pouvoirs très étendus qui comprenaient même le droit de vie et de mort. I Esdr., vii, 13-26.

Esdras donna rendez-vous à ceux qui devaient l’accompagner en Judée, sur les bords du fleuve Ahava (voir 1. 1, col. 290). Là on célébra un jeûne, pour obtenir un heureux voyage. On se mit en route sans aucune escorte.

I Esdr., viii, 22. Douze des principaux prêtres, aidés par dix de leurs frères, furent chargés dû trésor. I Esdr., vin, 24-30. Toute la caravane partit d’Ahava le 12 du premier mois, viii, 31, et elle arriva sans accident à Jérusalem le premier jour du cinquième mois (459 avant J.-C), vii, 8-9. Après avoir remis au Temple les trésors apportés de la Chaldée et avoir offert des sacrifices, Esdras se mit aussitôt à l’œuvre de la réforme qu’il avait projetée. Elle consista principalement à obliger les prêtres, les lévites et les autres Israélites qui avaient épousé des femmes païennes à s’en séparer, afin d’échapper aux dangers de perversion auxquels plusieurs avaient succombé. I Esdr., ix-x. II. accomplit cette œuvre dans un espace d’environ six mois, I Esdr., x, 17, et avec le plus grand succès, car on ne voit pas qu’il ait rencontré de résistance sérieuse. Le premier livre d’Esdras se clôt brusquement sur le récit détaillé de ce fait, et avec la liste de ceux qui répudièrent leurs épouses étrangères. Pendant les treize années suivantes, nous ignorons ce que fit le réformateur. La vingtième année d’Artaxerxès Longuemain (444), nous le retrouvons à Jérusalem avec Néhémie. II Esdr., ii, 1 ; viii, 1. On suppose généralement qu’il était resté, dans l’intervalle, en Judée, comme gouverneur du pays ; mais comme il n’avait quitté Babylone qu’avec une mission temporaire, I Esdr., vii, 14-15, on peut croire aussi qu’il était retourné auprès du roi de Perse, après les événements racontés à la fin de son livre : on s’expliquerait ainsi plus aisément, par son absence, les abus qui s’étaient de nouveau produits à Jérusalem à la suite de son départ et que le livre de Néhémie nous fait connaître. Néhémie était arrivé à Jérusalem avec des pouvoirs fort étendus, attachés à son titre d’ATHERSATHA (t. i, col. 1221). Esdras fut son principal auxiliaire dans toutes ses réformes religieuses, cf. II Esdr., viii, 9 ; xii, 26 ; c’est lui qui lit la Loi au peuple, qui l’interprète aux lévites, etc. H*Esdr., viii, 1-6, 13. Sa présence est mentionnée lors de la dédicace des murailles de Jérusalem,

II Esdr., xii, 35 ; mais son nom ne figure pas parmi ceux qui signèrent l’alliance, II Esdr., x, 1-27 (l’opinion de ceux qui supposent que le Saraïas ou l’Azarias du ^. 2 est Esdras semble peu vraisemblable). La signature de celui qui avait été un des principaux promoteurs de cet acte put être considérée comme inutile. (Sur l’opinion qui place les derniers événements de I Esdras après Néhémie, voir t. i, col. 1041.) — La date de la mort d’Esdras