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ESCLAVE — ESCOL (VALLÉE D’)

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en quelques traits instructifs le portrait des esclaves employés dans une maison. Le serviteur fidèle et prudent, que le maître a chargé de veiller sur ses gens et de leur distribuer la nourriture, se verra confier des fonctions encore plus importantes, si son maître le trouve toujours à son devoir. Quant à l’esclave négligent, qui abuse de l’absence de son maître pour battre ses compagnons, manger et boire avec les débauchés, il sera maltraité comme il le mérite. Matth., xxiv, 45-51. L’esclave vigilant se tient en costume de service et la lampe à la main pour attendre le retour de son maître, à la deuxième ou à la troisième veille, c’est-à-dire même après minuit passé. Le châtiment atteindra l’esclave qui a connu la volonté du maitre et ne l’a pas exécutée, et, proportion gardée, celui qui n’a pas connu la volonté de son maître, mais s’est mal comporté. Luc, xii, 35-38, 42-48. Quand l’esclave revient des champs, il a encore à préparer le souper de son maître, à le ceindre ; à le servir, à attendre qu’il ait fini son repas. C’est seulement ensuite qu’il peut songer à sa propre nourriture. En servant son maître le premier, malgré sa propre fatigue, il ne fait que son devoir, sans qu’on ait à lui en rendre grâces. Luc, xvii, 7-9. — 3° Dans leurs Épitres, les Apôtres rappellent aux maîtres les devoirs de justice qu’ils ont à remplir vis-à-vis de leurs esclaves, Col., iv, 1, et à ceux-ci la soumission à laquelle ils sont obligés à l’égard des maîtres. Eph., VI, 5 ; Col., iii, 22 ; Tit., ii, 9 ; I Petr., ii, 18.

V. Les esclaves dans le sens métaphorique ou spirituel. — 1° La Sainte Écriture prend quelquefois le mot’ébéd dans un sens moins strict que celui d’esclave proprement dit. Elle appelle de ce nom ceux qui tiennent à quelque supérieur par un lien de dépendance, comme les ministres d’un roi, Gen., XL, 20 ; Exod., v, 21 ; I Reg., xvi, 18 ; xxix, 3, etc., ceux-ci pouvant d’ailleurs parfois être des esclaves de naissance ; les soldats qui obéissent à un chef militaire. II Reg., ii, 12, 13 ; iii, 22, etc. — 2° La politesse orientale exige que quand on parle à un supérieur, on se dise son esclave. Le mot’ébéd revient continuellement dans les textes sacrés avec ce sens métaphorique. Gen., xxxii, 18, 20 ; xxxiii, 5 ; xlii, 10 ; xliii, 28 ; xliv, 7 ; xlvi, 34 ; xlvii, 3 ; Num., xxxi, 49 ; xxxii, 25 ; Ruth, ii, 13 ; iii, 9 ; I Reg., xviii, 32, etc. Abigaïl fait même répondre à David, qui lui propose de l’épouser, qu’elle est son esclave (’âmdh) pour être l’esclave (sifhâh) qui lavera les pieds des esclaves (’abdim) de son seigneur. I Reg., xxv, 41. Il est difficile de pousser plus loin la formule de l’humilité. — 3° À plus forte raison, on prend le nom d’esclave quand on parle à Dieu. Gen., xviii, 3, 5 ; xix, 19 ; xxxii, 10 ; Exod., iv, 10. Ici, le mot’ébéd ne constitue plus une simple formule, puisque Dieu est le maitre de l’homme beaucoup plus que celui-ci ne l’est de son esclave. Le nom d’esclave ou de serviteur du Seigneur est donné à Moïse, Deut., xxxiv, 5 ; à Josué, xxiv, 29 ; à Samuel. I Reg., iii, 9. Marie prend le nom de 80û).ï] Kupîou, « esclave du Seigneur, » Luc, i, 38, pour marquer son total acquiescement à la volonté divine, qui lui est révélée par l’ange. Dieu se plaît lui-même à appeler son’ébéd, « son esclave, » c’est-à-dire son serviteur parfaitement obéissant, Moïse, Jos., i, 2, 7 ; Job, i, 8 ; ii, 3 ; David, II Reg., vii, 5 ; III Reg., xi, 13 ; etc. Il appelle aussi de ce nom son peuple élu, Is., xli, 8 ; Jer., xlvi, 27, 28, pour indiquer ce qu’il devrait être plutôt que ce qu’il est, et même Nabuchodonosor, Jer., xxv, 9 ; xxvii, 6, en tant qu’agissant au nom de Dieu pour le châtiment des Israélites. — 4° Les Apôtres aiment à s’appeler dans un sens figuré les « esclaves de Jésus-Christ », c’est-à-dire ses ministres. Rom., i, 1 ; Phil., i, 1 ; Jac, i, 1 ; II Petr., i, 1 ; Jude, 1. Saint Paul fait profession d’être l’esclave de tous. I Cor., ix, 19 ; II Cor., iv, 5. Les chrétiens, jadis « esclaves du péché », Joa., vui, 34 ; Rom., vi, 17 ; II* Petr., ii, 19, sont devenus par la grâce « esclaves de la justice », Rom., vi, 18, et du Christ. I Cor., vii, 22. "..-..,

. VI. Le Messie’ébéd de Jéhovah. — Par deux fois, le Seigneur promet d’envoyer au monde son’ébéd. Is., xlii, 1 ; Zach., iii, 8. Jésus-Christ a été cet’ébéd ; « il s’est anéanti en prenant la forme d’esclave, » Phil., ii, 7, et n’a vécu sur la terre que pour faire la volonté de son Père, comme un esclave fidèle fait celle de son maître. Joa., vi, 38. Cf. H. Hottinger, De servo Dei electo, dans le Thésaurus de Hasée et Iken, Leyde, 1732, t. i, . p. 892-897. — Voir M. Maimonide, De servis et ancillis tractatus, trad. de J. C. Kall, Copenhague, 1744 ; M. Mielziner, Die Verhâltnisse der Sklaven bei den alten Hebràern, nach biblischen und talmudischen Quelle », dargestellt, in-8°, Copenhague, 1859 ; Sam. Meyer, Die Rechte der Isræliten, Athener und Hômer, 2 in-8°,

Leipzig, 1862-1866, t. ii, p. 40-67.

H. Lesêtre.

ESCOBAR Y MENDOZA Antoine, jésuite espagnol, né à Valladolid en 1589, mort dans la même ville le 4 juillet 1669. Entré au noviciat des Jésuites le 16 mars 1605, il fut presque toute sa vie appliqué à la prédication et se fit un nom dans la chaire ; il prêcha pendant cinquante ans le carême. Ses ouvrages sur l’Écriture Sainte se ressentent un peu de ce ministère, auquel il s’adonna spécialement. Mais c’est surtout comme théologien moraliste qu’il est connu, grâce à Pascal, qui a immortalisé son nom. Ses ouvrages exégétiques sont : 1° In caput VI Joannis de augustissimo ineffabilis Eucharisties arcano, in-f », Valladolid, 1624. — 2° In Evangelia Sanctorum et temporis, Christi, Deiparse, Apostolorum… Tomus primus de Sanctis. Christus. Volumen prius, in-f », Arcos, 1637 ; — Volumen l-vi. Lignum vitale, in-f", Lyon, 1642-1648. Chacun de ces volumes a un sous-titre : Christi vita, — Christi solernnia, — Maria vera, — Sunamitis, — Apostoli, — Religionum fundatores, — Angeli, martyres, conf essores. .., defunctorum obsequia. — 3° In Evangelia temporis commentarii. Lignum vitale Christi miracula, — persecutiones, — colloquia, — sermones, — prophétise,

— paraboles, 6 in-f°, Lyon, 1648. — 4° Vêtus ae Novum Testamentum litteralibus et moralibus commentariis illustratum, 8 in-f°, Lyon, 1652-1667. — 5° In Canticum commentarius sive de Marias Deiparss elogiis, in-f°, Lyon, 1669. C. Sommervogel.

1. ESCOL (hébreu : ’Éskôl ; Septante : ’ErçtSX), Amorrhéen, frère de Mambré et d’Aner ; tous les trois firent alliance avec Abraham et poursuivirent avec lui Chodorlahomor et ses alliés. Gen-, xiv, 13, 24. Ils habitaient près d’Hébron. Gen., xiii, 18. La vallée d"É$kôl, aux environs de cette ville, lui doit son nom, d’après quelques-uns. Voir Escol 2. Josèphe, Ant. jud., i, x, 2, le nomme’Ea^tôXn ; , et prétend qu’il était l’aîné : ce qui s’accorde bien avec l’ordre suivi par les Septante, dans Gen., xiv, 24 ; mais non avec l’hébreu massorétique, qui nomme Aner le premier.

2. ESCOL (VALLÉE D’) (hébreu : Nahal’ÉSkôl ; Septante : (fâpatf pâxpuoç ; Vulgate : Torrens botri, Num., xiii, 24 ; Nehelescol, id est Torrens botri, Num., xm, 25 ; Vallis botri, Num., xxxil, 9 ; Deut., i, 24), vallée des environs d’Hébron, d’où les espions envoyés par Moïse, pour explorer la Terre Promise, rapportèrent une magnifique grappe de raisin, avec des grenades et des figues. Num., xiii, 24 ; xxxii, 9 ; Deut., i, 24. Les versions grecque et latine ont traduit littéralement l’hébreu ; ’éskôl veut dire, en effet, « grappe » de raisin. D’après le texte sacré, Num., xiii, 25, le lieu en question devait son nom au fait lui-même mentionné Num., xiii, 24. Il faut remarquer cependant que, bien avant l’arrivée des Hébreux en Chanaan, l’un des frères de Mambré s’appelait Escol. Gen., xiv, 13. Celui-ci aurait-il primitivement, comme celui-là, donné son nom à une vallée voisine d’Hébron, nom que les Israélites auraient plus tard