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1803
1804
BITUME — BLAIREAU


Les bitumes liquides servaient également à l’éclairage. Il est très probable que les Hébreux, si voisins des sources de naphte, s’en servaient, comme les habitants de la Sicile, pour l’entretien de leurs lampes. — Sur le bitume de Judée, voir Ibn-el-Beithar, dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxvi, 1™ part., p. 98-101 ; Abd-Allatif, Relation de l’Égxjpte, trad. S. de Sacy, Paris, 1810, p. 271-277.

F. DE MÉLY.

II. Exégèse. — La première fois où il est certainement question de bitume dans l’Écriture, c’est dans le récit de la tour de Babel. Gen., xi, 4. « Ils prirent des briques en guise de pierre, et du bitume en guise de ciment. » Cette dernière remarque est un signe de la fidélité de la tradition qui a transmis ce récit jusqu’à Moïse. Ni en Egypte, ni en Palestine, on n’avait l’idée d’un pareil mortier ; en Chaldée ; au contraire, où le bitume abonde, son emploi est un trait caractéristique des constructions du pays. Hérodote, i, 179, frappé de cette habitude toute locale, insiste sur ce détail en parlant des murs de Babylone. « À mesure qu’on creusait les fossés, on convertissait la terre en briques, et lorsqu’il y en eut une quantité suffisante, on les fit cuire dans les fourneaux. Ensuite pour mortier on employa le bitume chaud. » De nombreux voyageurs ont reconnu des traces de l’emploi du bitume dans les édifices de Babylone qu’il a été possible de déblayer. Raimond, Voyage aux ruines de Babylone, in-8°, Paris, 1818, p. 161-178. Les traces en sont encore visibles sur les briques babyloniennes et chaldéennes conservées au musée du Louvre. On le constate du reste dans toute la basse Chaldée, en particulier à Warka (Kenneth Loftus, Travels and researches, t. i, p. 169), et surtout à Ur, la patrie d’Abraham. Dans les ruines de cette dernière cité, l’abondance du bitume est telle, que les Arabes lui ont donné le nom de Mughéir, c’est-à-dire « la bituminée », ou « couverte de bitume ». Taylor, Notes onthe ruins of Muqeyer, dans le Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain, t. xv, p. 260-261. En Assyrie, où il y a pourtant des sources de bitume, on ne l’employait pas comme mortier dans la construction des murs ; on le trouve seulement sous les deux lits de briques qui formaient le pavé des terrasses (Layard, Nineveh and Babylon, t. i, p. 29). On a remarqué que, dans les constructions de la Chaldée, le bitume n’est pas employé dans toute la masse des murailles, mais surtout pour les parties basses et extérieures, afin de leur donner plus de solidité. Là les larges briques cuites au four, engagées dans des couches épaisses de bitume, forment une maçonnerie si compacte que les machines de guerre devaient avoir peu de prise contre elles. Maintenant encore la pioche a peine à en détacher des fragments. En Chaldée, sur la paroi intérieure des murs, pour retenir le revêtement de briques émaillées représentant des figures d’hommes ou d’animaux, et servant à la décoration des palais, on employait aussi le bitume ; en Assyrie, on se contentait ordinairement de mortier ou ciment. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 300.

D’après la Genèse, xiv, 10, il y avait dans la vallée de Hassiddîm (ou Siddîm sans l’article ; Vulgate : Silvestris) de nombreux puits de bitume. Cette vallée de Hassiddîm, « des champs plains, » est maintenant, en partie au moins, la mer de sel, Gen., xiv, 3, c’est-à-dire la mer Morte ; elle a, en effet, une si grande quantité d’asphalte, que, comme il a été dit plus haut, le nom de lac Asphaltite lui a été donné pour cette raison par les Grecs et les Romains. Josèphe, Bell, jud., III, x, 7 ; IV, viii, 4 ; Stràbon, xvi, 2 S 42-44 ; Tacite, Hist., v, 6. Sur ses bords, à l’est, se trouve une montagne appelée Tour-eUHomar, c’est-à-dire « rocher d’asphalte ». Mislin, Les Saints Lieux, 1858, t. iii, p. 255. Ce nom arabe rappelle le mot hêmâr du récit biblique. « Quant aux bitumes de la vallée de Siddim, dit de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 245, la contiguïté du Wady Mahawat et de ses calcaires bitumeux ne laisse pas de doute sur la

possibilité de leur existence. » Il est donc certain que cette vallée devait être très abondante en sources de bitume.

En Egypte, on connaissait le bitume puisqu’on l’employait dans les embaumements. Oh s’en servait aussi en guise de goudron, pour calfater les barques de papyrus. Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 4 ; Pline, H. N., VI, 22 ; Théophraste, Hist. pi., rv. Il est donc naturel devoir la mère de Moïse enduire de bitume et de poix la corbeille de papyrus où elle allait déposer son enfant, afin de la rendre imperméable à l’eau. Exod., ii, 3. L’asphalte employé en Egypte provenait de la mer Morte. Cf. Stràbon, xvi, 2, 45.

Dans ces trois endroits, le mot employé est hêmâr, , qui signifie incontestablement le « bitume ». Quant à Gen., VI, 14, c’est une question de savoir si la substance appeléekôfér, dont Noé devait enduire l’arche à l’intérieur et à l’extérieur, est vraiment du bitume, comme le traduisent les Septante et la Vulgate, ou de la poix, selon le chaldéen, le syriaque et l’arabe. Plusieurs interprètes, en particulier Keil, Genesis, p. 113 ; Dillmann, Genesis, p. 152, tiennent pour le bitume ; Gesenius, au contraire, Thésaurus, p. 708, et J. Fûrst, Hébràisches Handwôrterbuch, t. i, p. 623, pour la poix. Le bitume ou asphalte a un nom bien déterminé dans la Sainte Écriture, hêmâr, semblable au mot homar, employé encore par les Arabes en ce sens. D’un autre côté, la poix est connue sous le nom de zéfép. Exod., ii, 3. Il faudrait donc voir dans kôfér une espèce particulière de bitume, un bitume mou, une sorte de pissasphalte ou bien une résine particulière, demême nature et usage que la poix. Mùhlau et Volck, Gesenius’Hébràisches Handwôrterbuch, 11e édit., 1890, p. 401. Les anciens du reste confondaient souvent lebitume avec la poix. Il est à remarquer que le récit chaldéen du déluge, n » colonne, lignes 10-11, a aussi le mot kupru, en parallèle avec iddu. Frd. Deiitzsch, Assyrisches Wôrterbuch, p. 123, identifie les deux mots et leur donne la signification de bitume.

Les Septante (ou plutôt Théodotion) et la Vulgate, Dan., ni, 46, mentionnent une espèce de bitume, le naphte r bitume très inflammable, qui servit avec la poix à alimenter le feu de la fournaise où furent jetés Azarias et ses compagnons. Voir Naphte. E. Levesque.

    1. BLACKENEY Guillaume##

BLACKENEY Guillaume, Anglais, religieux de l’ordre des Carmes, docteur de l’université de Cambridge, mort à Norfolk vers l’an 1490. Il se rendit célèbre par sa science, et son grand désir de savoir le fit accuser de magie près de l’évêque de Norwich. Son ouvrage, In Cantica canticorum lectures, parut à Venise, en 1591. Voir Bibliotheca carmeliiarum (1752), t. i, p. 592 ; Fabricius, Bibliotheca latinorum mediïeevi (1734), t. iii, p. 413.

B. Heurtebize.
    1. BLAHOSLAV Jan##

BLAHOSLAV Jan, pasteur des frères bohèmes, né en 1523 à Prérov, mort en Moravie en 1571. Il aimait à se nommer du nom grec de Makarios (traduction du nom Blahoslav). Il étudia à Wittenberg, en 1544, , du temps de Luther, puis à Krâlovec. Devenu prêtre des frères bohèmes, il alla à Mladâ Boleslav ; le bruit s’étant répandu dans cette ville que le fils de Ferdinand I er, Maximilien, était favorable à la nouvelle religion, les frères bohèmes envoyèrent à Vienne des messagers parmi lesquels se trouvait Blahoslav (1555), pour demander à ce prince de les protéger, mais leur demande n’eut aucun succès. Les écrits historiques et grammaticaux de Blahoslav se distinguent par la pureté de la langue. Son ouvrage le plus célèbre est la traduction du Nouveau Testament faite sur le grec, qui le plaça au rang des maîtres dans l’usage de la langue maternelle. La première édition du Nouveau Testament, traduit du grec, parut en 1565, la seconde en 1569. Elle a été souvent publiée dans la Bible des Frères bohèmes. J. Sedlacek.

I BLAIREAU. H n’est vraisemblablement pas question