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BETHEL


la prière et les messagers célestes. Le Seigneur lui renouvela les promesses faites autrefois à Abraham et à Isaac. A son réveil, le patriarche, plein d’un saint effroi, voulut consacrer par trois actes religieux le souvenir de cette manifestation surnaturelle. — 1° Il prit la pierre qu’il avait mise sous son chevet et « l’érigea en monument », c’est-à-dire dressa une stèle (hébreu : vayyâiém’ôfàh massêbâh ; Septante : xal’irm

vt aûrov <rr>îX » ]v), non pas comme une idole ou un objet de culte religieux, mais comme la marque d’un lieu consacré au vrai Dieu, et cette consécration s’accomplit au moyen de l’onction sainte, que nous voyons mentionnée ici pour la première fois. Voir Bétyle. L’érection de pierres en souvenir d’événements

bligea lui-même à le prendre pour son Dieu unique, comme avaient fait son père et son aïeul, à établir plus tard un sanctuaire à Béthel, et à donner la dîme de ses biens. Gen., xxviii, 10-22.

Son voeu, Jacob l’accomplit en revenant de Mésopotamie. Gen., xxxv, 1. Avant de monter à Béthel, lieu plusieurs fois déjà consacré par la présence de Jéhovah, il prescrivit aux siens une purification religieuse, dont le triple rite est bien marqué. Il leur ordonna : 1° de rejeter loin d’eux les dieux étrangers ; 2° de faire des ablutions ; 3° de changer de vêtements, autre symbole de la pureté de l’âme. Gen., xxxv, 2. Cf. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1888, 1. 1, p. 135. Arrivé « à Luza, surnommée

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499. — Beitta (ancienne BétheD. Ruines à l’ouest du village. D’après une photographie*

remarquables est du reste une des coutumes les plus anciennes. — 2° « Il appela le nom de ce lieu Bêt’El, tandis que Lûz était le nom de la ville auparavant. » Gen., xxviii, 19. La distinction que fait ici le texte hébreu entre « le lieu », ham-mâqôm, et a la ville », hâ’îr, porte naturellement à croire que le patriarche appliqua directement le nom de Béthel ou « maison de Dieu » à l’endroit même où il avait couché, où il avait eu sa miraculeuse vision. Il était donc en dehors de la ville, probablement sur la colline actuelle A’El-Bordj, située à l’est-sud-est, à sept cents mètres environ de Beitin, et dont nous parlons plus loin. Louz ou Luza et Béthel furent ainsi primitivement deux localités distinctes, quoique fort rapprochées. Cf. Jos., xvi, 2. La première devait tirer son nom des plantations d’amandiers (hébreu : lûz) qui l’entouraient, et le garda jusqu’à la conquête du pays de Chanaan par les Hébreux. Le nouveau nom imposé par Jacob, après n’avoir été maintenu que par lui et sa maison, s’étendit peu à peu à l’antique cité, et les deux appellations se confondirent plus tard. — 3° Enfin un vœu termina cette cérémonie religieuse : le fugitif, attendant du Seigneur sa protection à l’aller et au retour de son voyage, s’o Béthel, … il y bâtit un autel et appela ce lieu du nom de Maison de Dieu (hébreu : ’El BêtEl, « Dieu de Béthel » ) ; car c’est là que Dieu lui apparut lorsqu’il fuyait son frère ». Gen., xxxv, 6-7. Dans une nouvelle apparition, le Seigneur confirma au patriarche le nom d’Israël qu’il lui avait déjà donné, Gen., xxxii, 28, et lui renouvela ses promesses antérieures. Gen., xxxv, 9-13. C’est après cela que Jacob « éleva un monument de pierre », ajoutant des libations à l’onction sainte, y. 14. « Et il appela le nom du lieu où le Seigneur lui avait parlé Béthel. » ꝟ. 15.

Certains auteurs prétendent que l’imposition du nom ne se rattache qu’à cette dernière circonstance. Nous ne pouvons y voir qu’un renouvellement de la première consécration, l’accomplissement d’une promesse sacrée, que Dieu avait entendue et bénie. Abraham, il est vrai, avait déjà sanctifié ce lieu par l’érection d’un autel et l’invocation du nom divin, Gen., xii, 8 ; xiii, 3 ; mais tout le monde reconnaît que, dans ce premier récit, le nom de Béthel est mis par anticipation. — La pierre de Béthel a donné lieu à une tradition juive, d’après laquelle elle aurait été placée dans le second temple et aurait servi de support à l’arche d’alliance ; puis, longtemps après la