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BÉTHARAN — BÉTHAVEN


Judée ayant éclaté, elle fut brûlée par le général romain Placide, avec les autres villes de la Pérée qui se trouvaient dans le voisinage du lac Asphaltite. Josèphe, Bell, jud., IV, vir, 6. Elle fut rebâtie et devint sous les chrétiens le siège d’un évêché ; son évêque, Letoius, assista, en 431, au concile d’Éphèse ; Pancratius, à celui de Chaleédoine en 451, et Zacharias à celui de Jérusalem. Cf. Reland, Palsestina, t. ii, p. 874. Au IV » siècle, sainte Sylvie d’Aquitaine, Peregr., édit. Gamurrini, p. 51-52, vint visiter Livias, parce qu’elle « est dans la plaine ( « in campo » où les fils d’Israël dressèrent leur camp… ; parce que c’est le lieu où ils pleurèrent Moïse…, où Jésus, fils de Nun, fut rempli de l’esprit de science… ; où Moïse écrivit le livre du Deutéronome, où il prononça les paroles du cantique…, et où il bénit les enfants d’Israël. » Elle crut reconnaître encore les traces du campement.

De nos jours quelques auteurs, entre autres Raumer, Palestine, p. 260 ; H. Kiepert, Handkarte von Palàst. et carte de Pérée, dansBsedeker ; Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., 1887, au mot Belh-Haram, etc., indiquent une Beth-Haran qu’ils paraissent regarder comme la Bétharan biblique à environ une lieue au nord de Sueiméh et de la mer Morte, à une lieue à l’est du Jourdain, et à une lieue au sud-ouest de Tell er-Raméh ; mais ce nom ne se trouve pas à cette place ; la ruine que l’on y voit est appelée par les Bédouins de la région Tell el-Ghassoul. Si une localité peut être identifiée avec l’antique Beth-haram-Livias, c’est le Tell er-Raméh d’aujourd’hui. Selon Eusèbe et saint Jérôme, De sit. et nom., t. xxiil, col. 881, « Bethramphtha ou Livias est sous le mont Phogor, à cinq milles de Bethnimra ; » selon sainte Sylvie, Peregr., p. 53, à six milles environ des fontaines de Moïse, et selon Théodosius, à douze milles de Jéricho. Toutes ces distances, trop longues ou trop courtes pour Tell el-Ghassoul, conviennent exactement à Tell er-Raméh. Raméh, comme l’indique son nom, est une colline ou mamelon s’élevant au-dessus de la plaine du Jourdain, presque au pied des montagnes, à huit kilomètres sud de Nimrin, l’antique Bethnemra, à onze ou douze vers l’ouest des Aïoun-Mouça, « sources de Moïse » (col. 1077), et vingt de Jéricho. Un petit sanctuaire musulman, blanchi à la chaux, couronne le tell ; des pierres couvrent le sol au loin, autour de la colline ; à quatre ou cinq cents mètres, un petit monument porte le nom de Qabr Sa’ïd, « le tombeau de Saïd. » Quelques misérables huttes servent, pendant l’hiver, de retraite aux Bédouins qui viennent faire paître leurs troupeaux dans la vallée. Au loin, aux alentours, on remarque des cercles de pierres qui ont servi et servent encore quelquefois à former une sorte d’enceinte autour des tentes des Arabes. Ce sont sans doute des groupes de pierres de même nature que sainte Sylvie a, considérés comme des débris du campement des Hébreux. L. Heidet.

    1. BETH ARBEL##

BETH ARBEL (hébreu : Bêf’Arbê’l, « maison de l’embuscade [ ?] de Dieu » ), localité mentionnée sous cette forme seulement dans Osée, x, 14. Salmana (voir ce mot) la ruina et en extermina les habitants. Les anciennes versions ont été embarrassées par ce passage. Les Septante ont traduit : ’Ex toû otxou toO’Iepo601|i, ou plutôt, comme le porte le Codex Alexandrinus, ’IepoéaàX. La Vulgate a lu cette dernière leçon et traduit d’une manière analogue : « Vastatus est Salmana a domo ejus qui judicavit Baal. » Qui judicavit Baal est la traduction du nom de Jérobaal et désigne Gédéon, juge d’Israël. Jud., vi, 32. Cette façon de rendre le texte du prophète s’explique par l’erreur dans laquelle sont tombés les premiers traducteurs d’Osée ; ils ont cru que Salmana était le roi de Madian vaincu par Gédéon, Jud., viii, 5-21, et ils ont.interprété le texte en conséquence. Mais le Salmana (hébreu : Salman) d’Osée n’est pas le même que le roi de Madian, dont le nom original ( hébreu : $almunâ’) est complètement différent, et Beth Arbel est certainement un nom de lieu et ne peut s’appliquer à un homme.


La difficulté est de déterminer le site de Beth Arbel. Beaucoup pensent que c’est Arbèle de Galilée. Voir Arbèie, col. 885. Les assyriologues voient dans le passage du prophète une allusion à un événement récent, soit aux victoires de Salmanasar III pendant sa campagne contre Damas, en 773 avant J.-C, soit aux exploits de Salamanu, roi de Moab, contemporain d’Osée, dont le nom figure surla liste des tributaires deThéglathphalasar III, après la prise de Damas, en 732. E. Schrader, Die Keilinschriftenund das Alte Testament, 2e édit., 1883, p. 440-442. Dans la première hypothèse, Beth Arbel peut être l’Arbèle de Galilée ; mais dans la seconde, Beth Arbel devrait être probablement identifiée avec YIrbid actuelle, Arbèle de la Pérée, au nordest de Pella. Cette ville est mentionnée par Eusèbe, Onomasiica sacra, 2e édit. Lagarde, p. 236, 72. C’est aujourd’hui le chef-lieu d’un district, sur la route d’Oumm Qeïs (Gadara) àBosra. Irbid est au pied méridional d’un monticule, couvert par les ruines d’un château fort. Ces ruines sont assez considérables, mais sans intérêt. On jouit d’une belle vue au sommet de la colline : on voit l’Hermon au nord, le Thabor à l’ouest, et, à l’est, le Kouleib, pic central du Djebel Hauran. — Voir J. L. Porter, Handbook for Syria, 1875, p. 316.

F. Vigourohx.

    1. BETH-ASCHBÉA##

BETH-ASCHBÉA, nom traduit par « maison du Jurement, » dans la Vulgate. I Par., iv, 21. Voir Aschbéa.

    1. BÉTHAVEN##

BÉTHAVEN (hébreu : Bêf’Avén, « maison de la vanité » ou « de l’idole » ; Septante : BatO^X ; Codex Alexandrinus : B » )()aOv, Jos., vii, 2 ; Ba16<iv ; Codex Alexandrinus : Ba19a13v, Jos., xviii, 12 ; Baiôwptiv, I Reg., xm, 5 ; Ba|imô, I Reg., xiv, 23 ; ô oïxo ; T ûv, Os., iv, 15 ; v, 8 ; x, 5), ville des montagnes de Benjamin, située près de Haï, à l’orient de Béthel, Jos., vii, 2, entre cette dernière et Machmas. I Reg., xiii, 5 ; xiv, 23. Elle donne son nom au <t désert » (hébreu : midbar Bê{’Avén ; Septante : r) MaéSapÏTiç Baiôûv) qui se trouvait sur la frontière septentrionale de Benjamin. Jos., xviii, 12. Il semble qu’elle disparut de bonne heure et ne fut pas rebâtie ; il n’en est pas question après la captivité ; la variété des noms que présente la version des Septante montre que les traducteurs ne la connaissaient pas, et si Eusèbe cite BatôaOv, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 230, 235, 243, il ne lui assigne aucune localité correspondante. Les explorations modernes de la Palestine n’ont donné aucun résultat sérieux. Tout ce que nous savons, c’est que le « désert de Béthaven » est bien placé dans cette aride contrée qui s’étend au sud-est de Béthel (Beiiin), aux environs et au-dessus de Machmas (Moukhmas). Voir la carte de Benjamin. Les collines de calcaire gris sont coupées par des ravins profonds ; quelques pièces de terre cultivées par- ci, par-là, au milieu des rochers, quelques figuiers épars au fond d’un vallon ou perchés sur les flancs d’un coteau, des plantes et des arbustes faits pour la dent des chèvres : tel est en deux mots l’aspect de cette région.

Le prophète Osée mentionne trois fois Béthaven, iv, 15 ; v, 8 ; x, 5 ; mais, de l’avis général des commentateurs, il n’y a là qu’une transformation du nom de Béthel, par allusion au culte idolâ trique qui y fut pratiqué après le schisme. Béthel, c’est-à-dire « la maison de Dieu », autrefois consacrée par les patriarches, Gen., xxviii, 10-19 ; xxxv, 14-15, sanctifiée quelque temps parla présence de l’arche d’alliance, Jud., xx, 18 (d’après l’hébreu), est devenue, par la volonté criminelle de Jéroboam, le siège principal de l’idolâtrie, III Reg., xii, 28, 29 ; aussi ne mérite-t-elle plus d’être appelée « maison de Dieu », mais plutôt « maison de la vanité » ou « de l’iniquité i>, Comme traduit Théodotion. Cf. S. Jérôme, In Osée, t. xxv, col. 854. On trouve le même jeu de mots dans Amps, v, 5 : û-Bêç’El yheyéh le’âvén, « Béthel deviendra une vanité. » Les Septante, dans Osée, au lieu de ps, ’Avén, ont lu pu, ’Un, r Ûv, nom appliqué à la ville égyptienne d’Héliopolis,

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