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BÉTANÉ — BÊTE


de Judith semble indiquer une localité aa sud de Jérusalem, comme Béthanoth et Aïn, et non pas au nord, comme Béten. F. Vigouroux.

BÊTE, animal dénué de raison. Pour les noms qui lui sont donnés dans l'Écriture, voir Animaux, col. 603-604.

I. Dieu créateur et providence des bêtes. — Dieu est le créateur des bêtes comme de l’homme et de tout ce qui existe. Il créa les poissons et les oiseaux le cinquième jour génésiaque, et les animaux terrestres le sixième. Gen., i, 20-25. Cf. Eccli., xvii, 4. Il les bénit et leur ordonna de croître et de se multiplier, Gen., i, 28 ; puis il amena devant Adam les oiseaux du ciel et les bètes de la terre, afin qu’il leur donnât un nom ; ce que fit le premier homme en les désignant par une de leurs qualités principales. Gen., ii, 19-20. Le principe de vie dans les bêtes est la néfès, mot qui se dit des hommes et des animaux, comme en français « âme », qui en est la traduction. Gen., i, 24. Lès bêtes ont un corps, bâiâr, et une nef es ; mais elles n’ont point à proprement parler, comme l’homme raisonnable, ce que l’hébreu appelle ruah, « esprit. » Voir La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iii, p. 111-112 ; Manuel biblique, 8e édit., t. ii, n°854, p. 415. La Providence s’occupe d’elles, Jonas, iv, 11, et leur fait trouver la nourriture dont elles ont besoin. Gen., i, 30 ; Job, xxxviii, 41 ; Ps. xxxv, 7 ; ciii, 11-30 ; cxlvi, 9 ; Matth., vi, 26. Elles sont dans sa main un moyen de châtier ou de récompenser les hommes, Lev., xxvi, 6, 22 ; Deut., xxviii, 26 ; xxxii, 24 ; I Reg., xvii, 46-47 ; Job, v, 22-23 ; Ps.lxxih, 19 ; Sap., xii, 9 ; xvi, 1, 5 ; Eccli., xxxix, 36 ; Is., Xxxv, 9 ; lvi, 9 ; Jer., xii, 9 ; xv, 3, etc., et elles glorifient à leur manière leur créateur. Ps. cxlviii, 10 ; Is., xliii, 20 ; Dan., iii, 81. Le Créateur donna à l’homme l’empire sur les animaux, Gen., i, 26, 28 ; ix, 2, et lui permit de se nourrir de leur chair. Gen., ix, 2-3. (Sur l'époque où l’on commença à se servir de la nourriture animale, voir Chair des animaux.) La loi mosaïque restreignit à l'égard des Juifs l’usage de la viande et ne les autorisa à manger que celle des animaux purs. Voir Animaux impurs, col. 613. I Dieu voulut qu’on lui offrît à lui-même des animaux purs en sacrifice, Gen., viii, 20, et il détermina au Sinaï quels étaient ceux qui pouvaient être immolés en son honneur et les rites qu’on devait observer dans cette immolation. / Voir Sacrifices.

IL Prescriptions légales concernant les bêtes. — Plusieurs prescriptions divines données au Sinaï sont relatives aux animaux domestiques. Elles ont un caractère élevé qui les distingue avantageusement des coutumes des anciens peuples. Cf. Quintilien, Tnst., v, 9, 13. La plupart semblent avoir pour objet de rappeler à l’homme qu’il doit traiter avec douceur et humanité ces auxiliaires précieux qui lui ont été donnés pour son service, puisque Dieu lui-même ne dédaigne pas de s’occuper d’eux avec bonté. Cf. Prov., xii, 10. Déjà, après le déluge, le Seigneur avait étendu aux animaux le pacte qu’il avait fait avec Noé de ne plus envoyer ce fléau sur la terre. Gen., ix, 9-16. — À l'époque de la sortie d’Egypte, il fait aux bêtes domestiques l’honneur de se réserver leurs premiers-nés comme les fils aînés d’Israël eux-mêmes. Exod., Xi, 5 ; xii, 23, 29 ; xiii, 12 - 13. Dans la loi, il ordonna que ces serviteurs de l’homme bénéficieraient comme leurs maîtres du repos du sabbat. Exod., xx, 10 ; xxiii, 12 ; Deut., v, 14, et que, pendant l’année sabbatique, ils pourraient errer en liberté dans la campagne et manger ce que la terre aurait produit spontanément. Exod., xxiii, 11 ; Lev., xxv, 7. — Il est interdit de leur faire subir la castration, d’après l’interprétation juive du Lévitique, xxii, 24 ; cf. Josèphe, Ant. jud., V, viii, 10, comme il est interdit de la faire subir aux hommes. — L’hybridation est également prohibée. Lev., xix, 19. Il est même défendu d’attacher à la charrue deux animaux d’espèce différente, comme le bœuf et l'âne, Deut., xxii, 10, sans doute à cause de l’inégalité de leurs forces. — Quelques règlements sont

d’une délicatesse touchante, bien propre à adoucir, par l’enseignement qu’ils renferment, la rudesse native des. enfants de Jacob. On ne doit point museler le bœuf qui piétine le blé sur l’aire, Deut., xxv, 4 ; I Cor., ix, 9, ni faire cuire un chevreau avec le lait de sa mère, Exod., . xxm, 19 ; xxxiv, 26 ; Deut., xjv, 21, ni égorger le même jour la mère et ses petits, Lev., xxii, 28, ce qui serait une sorte de barbarie. Si l’on voit un âne s’affaisser sous. le poids trop lourd de sa charge, il faut le soulager, Exod., xxiii, 5 ; s’il est tombé, il faut le relever, de même que le bœuf. Deut., xxii, 4. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 30. Quand on rencontre un nid d’oiseaux, si la mère couve ses œufs ou nourrit ses petits, il n’est permis. de prendre que les petits ; la mère doit rester en liberté. Deut., xxii, 6-7. Lorsqu’un bœuf ou un âne se sont égarés, celui qui les trouve est tenu de les ramener à leurmaître, alors même que celui-ci serait son ennemi. Exod., , xxm, 4 ; Deut., xxii, 1-3. Mais comme un animal.domestique ne doit pas être nuisible à l’homme, si un bœuf a tué quelqu’un, il sera lapidé et l’on ne pourra manger sa chair ; dans le cas où cet animal aurait été déjà auparavant reconnu vicieux, son maître sera responsable du mal qu’il aura fait et puni lui-même. Exod., xxi, 28-36. Cf. Gen., ix, 5. Afin d’inspirer une plus grande horreur du péché, l’animal qui a servi d’instrument à un crime abominable est exterminé avec le coupable. Lev., xx, 15-16. Dans les villes vouées à l’anathème, les bêtes sont condamnées à périr comme les habitants. Deut. r xiii, 15. Cf. Jer., xxi, 6 ; Ezech., xiv, 13. — La loi défendait enfin de faire des sculptures ou-peintures représentant des animaux, à cause du culte qu’on rendait à beaucoup d’entre eux en Egypte, afin de prévenir le danger d’idolâtrie. Exod., xx, 2-4 ; Deut., iv, 15-19. Cf. Ezech., viii, 10. III. Sens figurés du mot « bêtes » dans l'Écriture.

— Ce mot « bêtes » est employé en plusieurs endroits, dans un sens métaphorique et symbolique.

1° Sens métaphorique. — Dans l’apologue de Joas, roï d’Israël, refusant sa fille en mariage au fils d’Amasias, roi de Juda, les bêtes fauves sont les soldats qui renversent et détruisent tout sur leur passage. IV Reg., xiv, 9 ; II Par., xxv, 18. — Saint Paul, se servant d’une figure qui se retrouve dans toutes les langues, dit, I Cor., xv, 32, qu’il a combattu à Éphèse contre « les bêtes », c’est-à-dire contre les hommes brutaux qui voulaient lui faire violence dans cette ville. Act., xix, 23-32. Des images analogues se lisent Ps. xxi, 13-14, 17 ; lxxhi, 13-14 ; Is., xi, 6-8.

— Dans son Épitre à Tite, i, 12, l’Apôtre rapporte un proverbe qui compare les Cretois à « de mauvaises bêtes », pour exprimer leur malice et leur méchanceté. Saint Pierre, II Petr., ii, 12, et saint Jude, ꝟ. 10, emploient la même similitude pour peindre une classe d’hommes dignes de blâme. Enfin, de même que dans toutes les langues, le mot « bêtes » s’emploie comme synonyme de stupidité. Ps. xlviii, 13, 21 ; lxxii, 23.

2° Sens symbolique. — Dans les prophéties de Daniel, vu, 3, les quatre grands empires sont symbolisés par « quatre grandes bêtes », que le prophète décrit en détail, vii, 3-27. Voir Daniel (livre de). — Saint Jean se sert plusieurs fois des bêtes comme emblème dans l’Apocalypse, vi, etc. ; il faut remarquer toutefois que le mot. « animaux » y est employé le plus souvent, IV, 6, etc., dans le sens d' « êtres vivants » (Çùa), et non dans celui de « bêtes ». Mais il désigne simplement par le nom de (typiov, bestia, xi, 7 ; xm-xx, la personne, la puissance et l’empire de l’Antéchrist, d’après les uns ; la Rome païenne, persécutrice des chrétiens, d’après les autres. « Quant à la bête ou au monstre aux sept têtes qui sort de l’abîme ou de la mer et qui apparaît en tant d’endroits, c’est l’idolâtrie personnifiée dans Rome et ses empereurs, et exerçant sa tyrannie sur le monde, dit M. Bacuez, Manuel biblique, 8e édit., n » 925-926, t. iv, p. 685-687. On peut voir dans Daniel, vii, 3, les quatre empires représentés sous des images semblables. La robe du léo-