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BERRUYER — BERSABEE

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Besançon, 1828, où l’on a tâché de corriger les erreurs de l’ouvrage), pour les traductions qui en ont été faites en diverses langues, enfin pour la polémique touffue qu’elle a suscitée, voir la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouvelle édition, par le P. C. Sommervogel, t. i (1890), coi. 1357-1370. J. Brucker.

    1. BERSA##

BERSA (hébreu : Bir’sa’, peut-être, pourywrp, bénréia’, « fils de la méchanceté ; » Septante : Sapai), roi de Gomorrhe à l’époque de l’invasion de Chodorlahomor. Gen., xiv, 2.

    1. BERSABEE##

BERSABEE (hébreu : Be’êr Séba’; à la pause : Be’êr Sâba’, « puits du serment » ou « des sept » ; Septante : tô çpéap toû Spxoy, Gen., xxi, 14, 33 ; xxii, 19 ; xxvi, 23 ; xxviii, 10 ; xlvi, 1 ; Am., v, 5 ; $péap ôpxou, Gen., xxvi, 33 ; #péap ôpxtujioù, Gen., xxi, 31 ; t’o oppéap toO ôpxiap.o0, Gen., xxi, 32 ; Bï|p<ja6ei, Jos., xv, 28 ; xix, 2 ; Jud., xx, 1 ; I Régi, iii, 20 ; viii, 2 ; II Reg., iii, 10 ; xvii, 11 ; xxiv, 2, 7, 15 ; III Reg., iv, 25 ; xix, 3 ; IV Reg., xii, 1 ; xxiii, 8 ; I Par., iv, 28 ; xxi, 2 ; II Par., xix, 4 ; xxiv, 1 ; xxx, 5 ; II Esdr., xi, 27 ; Am., viii, 14 ; Vulgate : Bersabee, partout, excepté dans trois endroits, Gen., xxi, 32 ; xlvi, 1, 5, où on lit : puteus juramenti), une des plus anciennes localités de la Palestine, située à l’extrémité méridionale, Jos., xv, 28 ; d’où l’expression bien connue : « depuis Dan jusqu’à Bersabée, » pour indiquer toute l’étendue de la Terre Sainte (voir plus bas, §111.)

I. Nom. — Quelle est au juste la signification de Be’êr Séba’? Il faut, pour répondre à cette question, examiner ledouble récit qui nous donne l’origine de ce nom. Abraham, ayant creusé un puits, voulut s’en assurer la possession. L’alliance qu’il conclut avec Abimélech, roi de Gérare, fut confirmée par un serment réciproque ; mais le saint patriarche y ajouta une sortede garantie en offrant au roi sept jeunes brebis ; et celui-ci, en acceptant le présent, reconnut défait à son allié un droit qu’ils’obligeait à respecter. Gen., xxi, 22-30. « C’est pourquoi ce lieu fut appelé Be’êr Sâba’, parce qu’ils jurèrent tous deux. » J. 31. Il semble bien que l’Écriture dqnne ici au nom le sens de « puits du’serment », identifiant yair, Séba’, à

nyaur, Sebu’âh, « jurement » (ya^i, niSbe’û, « ils jurèrent » ). Quelques auteurs cependant n’admettent pas cette conclusion et tiennent pour l’étymologie « puits des sept », c’est-a-dire des sept brebis, tout en reconnaissant que l’autre signification dérive de celle-ci et en est l’équivalent. En effet, disent-ils, il y a en hébreu un rapport étroit entre le nombre sept, séba’, et l’action Ae jurer, nisba’. Faire un serment était comme qui dirait se septiser, parce que, en raison de la sainteté de ce nombre, qui est celui des jours de la création, on aimait, par le choix de sept objets, à le faire intervenir dans les traités, pour les rendre plus inviolables. Telle était en particulier la coutume des Arabes, suivant Hérodote, iii, 8. Cf. C. F. Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 209.

L’idée de « serment » ressort mieux du second récit, en plus d’un point semblable au premier. Gen., xxvi, 26-32. Après une alliance mutuellement jurée entre Isaac et un autre Abimélech, les serviteurs du patriarche vinrent lui annoncer le succès de leur travail au puits qu’ils venaient de creuser. « Alors il l’appela nyair, Sib’âh (Septante : "Opxoç ; Vulgate : Abundantia) ; c’est pourquoi le nom de la ville est Be’êr Séba’jusqu’à ce jour. » Gen., xxvi, 33. Sib’âh est bien la forme féminine de Séba’, « sept ; » mais on remarquera que, à la différence du premier récit, il n’est fait dans celui-ci aucune allusion à ce nombre. Il est donc naturel de prendre Je nom comme synonyme de Sebu’âh, « serment ; » et c’est dans ce sens que l’ont traduit les Septante. Saint Jérôme a dû lire nyaiff, Sib’âh, par un sin au lieu d’un schin ; de là

l’expression « Abondance », c’est-à-dire source abondante ;

mais si cette leçon peut s’harmoniser avec ce qui précède, l’heureuse nouvelle apportée par les serviteurs, elle ne se rattache en aucune façon à ce qui suit, c’est-à-dire au nom donné à la ville.

Enfin un argument qui nous paraît plus concluant encore, c’est que Séba’entre dans la composition de certains noms propres où il est impossible de voir l’idée de « sept » ; par exemple : ’Elîséba’(’EXt<jaëé9, Elisabeth), Exod., vi, 23 ; Yehôséba’(’Ioxiaëeé, Josaba), IV Reg., xi, 2, qui signifient « Dieu du serment » ou « Dieu est (mon) serment », c’est-à-dire « celui par qui je jure ». Nous sommes donc en droit de reconnaître dans Séba’une ancienne forme où une forme parallèle de Sebu’âh. C’est ainsi que, après les Septante et la Vulgate, Josèphe a interprété le nom : Bïipdouëav.. ôpxtov êè tppéap XsyotTO av, « Bersabée, ce qui veut dire puits du serment. » Ant. jud., i, xii, 1. Eusèbe, Onomasticon, 1870, p. 234, dit de même que « Bersabée est ainsi appelée du serment d’Abraham et d’Isaac avec Abimélech ». Il est vrai que le nom actuel,

2***"' tS^> Bîr es -Séba’, exactement semblable au mot hébreu, reproduit aussi le sens de « puits des Sept » (sens plus juste que celui de « puits du Lion », donné par les Arabes, sab’, £+* » <, ayant dans leur langue cette

double signification). Mais il faut remarquer que les noms anciens se sont souvent conservés non pas tant dans leur valeur étymologique que dans leur consonnance. Ainsi Bethléhem, Bêt léhém, « maison du pain, » est devenu Beit lahm, « maison de la viande. »

II. Description. — Bersabée ou Bîr es-Séba’se trouve à dix ou onze lieues au sud-ouest d’Hébron, sur la route de l’Egypte. Située seulement à 240 mètres au-dessus de là Méditerranée, elles occupe lecoin occidental d’une large plaine ondulée, semblable au bassin desséché d’un ancien lac, et coupée en différents sens par de nombreux ouadis, qui descendent du nord, du nord-est ; de l’est et du sudest, pour former Youadi es-Séba’. Voir la carte de la tribu de Jdda. Les collines qui bordent cette plaine vers le nord se terminent brusquement etdessinent vivement les limités qui séparent les populations sédentaires des nomades ou Bédouins. Le désert de Bersabée, Gen., xxi, 14, eominènee vers le village de "Dâheriyéh avec des blocs plus où moins brisés d’un calcaire crétacé gris jaunâtre, entre lesquels poussent de maigres chênes épineux et des arbousiers, pour se continuer au sud vers le Sinaï. Le terrain est un sol marneux, qui, au dire de certains voyageurs, deviendrait extrêmement fertile, s’il était bien arrosé ; il est cultivé en quelques endroits. Le climat est sain ; la chaleur accablante. « La solitude est profonde et complète ; au printemps seulement, on aperçoit de nombreux troupeaux de chèvres noires, de moutons noirs et blancs, et des bandes de chameaux qui viennent pâturer dans ces steppes dont la maigre végétation présente un caractère tout à fait spécial. Ce ne sont que buissons épineux de genêts et d’astragales qui forment des boules hérissées par les pétioles des vieilles feuilles, puis des iris et des anémones. L’alouette huppée vole partout, et du matin au soir fait entendre sa joyeuse chanson en se tenant perchée sur les rochers brûlants. Dans les creux, on aperçoit quelques tentes basses et rayées des Arabes Ta’amirah, dont les campements sont toujours gardés par de grands chiens noirs, sauvages et féroces. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xiii, p. 144.

Sur la rive septentrionale de l’ouadi es-Séba’se trouvent les deux puits renommés de tout temps pour l’abondance et la bonne qualité de leur eau. Situés à une petite distance l’un de l’autre, ils sont circulaires et revêtus intérieurement d’une maçonnerie solide, faite de pierres régulières, de moyenne dimension. Le plus large a douze mètres de circonférence et, suivant les époques, de douze’à quinze mètres de profondeur jusqu’à la surface de l’eau ; il paraît encore, au-dessous de ce niveau, aller jusqu’à