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    1. BÉNÉDICTINS##

BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR ; LES ÉCRITURES

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Sous son gouvernement ; le B. Lanfranc exerçait les fonctions de prieur, et il ouvrit des écoles qui, célèbres dans toute la chrétienté, attirèrent au Bec saint Anselme qui, en 1093, devint archevêque de Cantorbéry. Ce fut sur les conseils du B. Lanfranc que Guibert de Flaix, plus tard abbé de Nogent, se mit à étudier les Écritures en prenant pour guide saint Grégoire le Grand. Le B. Wolphème, abbé de Brauweiler, près de Cologne, reconnaissant que rien n’était plus utile à ses religieux que la connaissance des Livres Saints, ordonna que dans son monastère chaque année la Bible en entier serait lue une fois et les Saints Évangiles quatre fois. C"est à une pensée analogue qu’obéit dom Claude Lancelot, publiant en 1689 un ouvrage sous le titre de Nova dispositio Sanctse Scriptural qua illa per annum intégra legi potest. Mentionnons encore dans la dernière partie de ce siècle, Fulgence, fondateur et abbé d’Afllighem, Alulphe, moine de Saint-Martin de Touruay, et saint Anselme, évêque de Lucques.

Au XIIe siècle, comme aux époques précédentes, les moines chargés d’enseigner ce que nous appelons la théologie dogmatique ou morale le font encore en commentant les Livres Sacrés dont ils expliquent le texte à l’aide des docteurs qui les ont précédés. Cependant le célèbre Abélard se plaint de ce que les religieux n’apportent plus le même zèle à la méditation des Saintes Écritures. D’autres études les préoccupent, et l’enseignement va bientôt prendre une nouvelle forme. Il nous faut toutefois mentionner les noms d’Osbern de Glocester et de Rodolphe l’Aumônier, moine de Westminster en Angleterre. En Italie, nous rencontrons Brunon, évêque de Segny, puis abbé du Mont-Cassin ; en Gaule, Richard des Fourneaux, abbé de Préaux ; Arnaud, moine de Marmoutier, puis abbé de Bonneval, au diocèse de Chartres ; Hervé de Bourgdieu ; Guibert, abbé de Florennes, puis de Gembloux ; Pierre de Celle, évêque dé Chartres ; en Allemagne, Wolberon, abbé de Saint-Pantaléon de Cologne ; Godefioi d’Admont et Rupert de Deutz, qui commenta presque tous les livres de la Bible et traça à ses religieux les règl es à suivre dans l’interprétation des Saintes Écritures. Pendant le xme siècle, qui vit cependant naître les ordres de saint François et de saint Dominique, la décadence des études dont se plaignait Abélard ne fait que s’accroître, . et est accompagnée presque partout d’un relâchement delà discipline monastique. Voulant remédier aux désordres qui s’étaient glissés dans les cloîtres, Henri de Fautrières, élu abbé de Cluny en 1308, promulgua des statuts importants pour son monastère et les nombreux prieurés qui en dépendaient. Il y insiste sur la dignité, l’utilité et la nécessité de la méditation des Livres Saints, et il ne considère l’étude de la logique et de la philosophie que comme un moyen d’approfondir davantage le texte sacré. Les œuvres de sainte Gertrude et de sainte Mecthilde nous prouvent cependant que l’étude de la Bible était encore en honneur dans un certain nombre de monastères, même parmi les vierges consacrées. En France, Pierre Bersuire publie son Reductorium morale utriusque Testamenti et son Commentaire sur les Psaumes. En Angleterre, nous devons mentionner Jean de Tinemoufh, moine de Saint-Alban ; Roger et Jean Everisden, moines d’Edmundsljury ; Casterton, moine de Norwich et le cardinal Adam Eston, qui, entre autres travaux, traduit de l’hébreu en latin tout l’Aucien Testament.

Un grand nombre de monastères, s’étant réformés, donnèrent naissance à de nouvelles congrégations. En 1408, se forma dans l’abbaye de Sainte -Justine celle qui prit plus tard le nom du Mont-Cassin, et en 1417, Jean de Meden commença à Bursfeld une réforme qui s’étendit à plus de cent cinquante monastères. À la fin de ce siècle, le pieux et savant Trithème était élu abbé de Spanheim. Dès son entrée dans la vie monastique, nous dit-il, rien ne lui fut plus agréable et plus suave que l’étude du texte sacré. Il s’efforça, par son exemple et ses exhortations,

d’amener ses religieux à la méditation dés Saintes Écritures et d’établir ainsi une sage réforme dans son abbaye.

Si nous devions nous en rapporter aux protestants, lorsque parut Luther, l’étude de la Bible n’aurait guère été en honneur. Cette accusation est fausse. Cependant le cardinal Stanislas Hosius remarquait en gémissant qu’il avait rencontré des religieux qui ne connaissaient que Thomas et Scott et ne trouvaient pas l’Écriture Sainte digne d’une étude sérieuse. Ces reproches ne pouvaient s’adresser à tous les monastères, mais il est vrai que les attaques de l’hérésie contre l’Église romaine ramenèrent à une étude plus approfondie du texte sacré et de la tradition eeux qu’un amour exagéré pour la forme scholastique en avait éloignés. En 1536, un concile tenu à Cologne ordonna d’enseigner dans les monastères l’Écriture Sainte à tous les jeunes religieux, et ceux qui montraient le plus de goût pour cette étude devaient être déchargés de certains emplois moins relevés. Le concile de Trente, dans sa cinquième session, rendit un décret analogue et de plus donna aux évêques le droit d’intervenir, comme délégués apostoliques, dans les monastères où ces prescriptions ne seraient pas observées. Marc de Crémone enseignait alors avec succès dans la congrégation de Sainte-Justine ou du Mont-Cassin, qui eut à se glorifier de compter parmi ses membres Isidore Clarius, une des lumières du concile de Trente, Benoît Bonsignorius, Jean-Baptiste Folengius et Benoît de San-Germano. En Espagne, François Ruiz, abbé de Saint-Facond, donne, d’après les Pères grecs et latins, les règles qui doivent présider à l’interprétation de l’Écriture Sainte, et Jérôme Lauret, abbé de Saint-Félix de Guixol, publie son Hortus floridus À llegoriarum, si utile pour ceux qui à l’étude du sens littéral veulent joindre celle du sens allégorique. En France, Gilbert Genebrard publie et commente l’Ancien et le Nouveau Testament, et dans les Flandres le V. Louis de Blois, abbé de Liesse, recommande à ses religieux la méditation des Livres Saints, où ils trouveront toutes les consolations dont ils peuvent avoir besoin. Il leur conseille d’y joindre la lecture des Pères et surtout celle des œuvres de saint Augustin.

Dans les premières années du xvii" siècle prit naissance, en Lorraine, la congrégation de Saint-Vanne et de Sajnt-Hydulphe, approuvée par Clément VIII, en 1610. Des monastères de France se soumirent à ses observances, et ainsi se forma pour ce pays la congrégation de Saint-Maur que lés papes Grégoire XV et Urbain VIII approuvèrent en 1621 et 1627. Ses membres joignirent à une observance rigoureuse un grand amour pour l’étude, et la science sacrée leur doit une grande reconnaissance pour les éditions des Pères de l’Église qu’ils publièrent. Mabillon édita saint Bernard ; D. Blampin, avec plusieurs de ses confrères, saint Augustin ; D. Jacques du Frische, saint Ambroise ; D. Denis de Sainte - Marthe, saint Grégoire le Grand. Saint Irénée eut pour éditeur D. Massuet ; saint Jean Chrysostome, D. Montfaucon ; saint Basile, D. Maran et D. Garnier ; Origène, les PP. Charles et Vincent de la Rue ; saint Jérôme, Martianay, etc. En même temps d’autres religieux se livraient à des travaux d’exégèse. D. du Four se faisait connaître comme hébraïsant ; D. Mège publiait une explication des psaumes tirée des SS. Pères ; D. Martianay défendait dans de savants écrits le texte hébreu et la Vulgate contre les attaques des protestants, et s’occupait de la chronologie biblique ; D. Montfaucon recueillait et publiait tout ce qui nous reste des Hexaples d’Origène ; D. Pierre Sabathier éditait avec soin l’ancienne version « Italique », et D^ Ansart donnait, en 1769, un commentaire sur le Cantique des cantiques. Dans la Congrégation de Saint -Vanne et de Saint-Hydulphe, qui compta un moins grand nombre de monastères, nous rappellerons les noms de Matthieu Petitdidier, évêque de Macra, auteur de dissertations chro-’nologiques sur tous les livres de l’Ancien Testament ; de Louis Riclot, commentateur des Épîtres ; de Pierre Guil-