Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
42
ABGAR — ABIA

Tixeront, Les origines de l'Église d'Édesse et la légende d’Abgar, in-8°, Paris, 1888.

F. Vigouroux.

ABGATHA (hébreu : ʾAbagṭaʾ, « donné par Dieu ; » Septante : Ζαθολθά), un des sept eunuques de la cour d’Assuérus, Esth., i, 10.

ABI (hébreu : ʾAbi, forme abrégée de ʾAbiyâh ; Septante : Ἄϐιου), mère du roi Ézéchias. IV Reg., xviii, 2. Voir Abia 4.

ABIA, hébreu : ʾAbîyâh, ʾAbîyâhou, « Jéhovah est mon père ; » Septante : Ἀϐιά ; nom d’homme et de femme.

1. ABIA, fils de Béchor, un des fils de Benjamin. I Par., vii, 8.

2. ABIA, femme de Hesron, petit-fils de Juda. I Par., ii, 24.

3. ABIA, second fils de Samuel. Le prophète se l’associa avec son frère Joël dans l’administration de la justice. Les deux frères s’en acquittèrent si mal, que le peuple réclama un roi. I Reg., viii, 2 ; 1 Par., vi, 28.

4. ABIA, femme d’Achaz et mère d'Ézéchias, roi de Juda, IV Reg., xviii, 2 ; II Par., xxix, 1. Elle était fille de Zacharie. Voir ce nom. On trouve la forme abrégée, Abi, IV Reg., xviii, 2. Voir Abi.

5. ABIA (hébreu : ʾAbiyâm, dans les Rois ; aussi sous la forme ʾAbiyâhou, II Par., xiii, 20, et ʾAbiyâh, II Par., su, 16), fils de Roboam, roi de Juda, succéda à son père en 960 av. J.-C. (d’après la chronologie reçue ; voir Chronologie), et régna pendant trois ans. I Par., xil, 16 ; xiii, 1-2 ; cf. III Reg., XV, 2. Cette durée de trois années ne doit pas être prise à la lettre, car il est dit qu’Abia monta sur le trône dans la dix-huitième année du règne de Jéroboam, roi d’Israël, III Reg., xv, 1, et ailleurs qu’Asa, son fils, lui succéda dans la vingtième année du même règne de Jéroboam. III Reg., xv, 9. Ce n’est donc que deux ans et quelques mois qu’Abia régna sur Jérusalem et Juda, la Sainte Écriture, selon l’usage des Juifs, comptant pour une troisième année l’année commencée. Abia eut pour mère Maacha ( hébreu : Maʿâkâh), fille d’Abessalom, III Reg., xv, 2 ; cf. II Par., xi, 20, qui est appelée, II Par., xiii, 2, Mîkâyâhou, par une erreur manifeste de transcription. Le mot Abessalom (hébreu : ʾAbišalôm) est sûrement une variante d’Absalom (hébreu : ʾAbšalôm), et le personnage dont il s’agit ici peut être le fils de David, quoique d’après quelques-uns il soit le même qu’Uriel. Voir Abessalom et Uriel 2. Mais cette identification du père de Maacha avec le fils de David soulève une difficulté. Nous savons, en effet, qu’Absalom n’eut qu’une fille, qui s’appelait Thamar, II Reg., xiv, 27, et pas de fils. II Reg., xviii, 18. Donc, ou bien Maacha est la même que Thamar, ce qui est invraisemblable, car il faudrait dire qu’Absalom portait aussi le nom d’Uriel ; ou bien elle est fille de Thamar, qui avait épousé Uriel de Gabaa, II Par., xiii, 2, et petite-fille d’Absalom, dont elle est appelée par extension la fille. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, x, 1. Quelques interprètes, comme Thenius, Bertheau, ont cherché une autre explication, et comme la mère d’Asa, fils d’Abia et son successeur au trône, porte le même nom, II Par., xv, 16 ; III Reg., xv, 13, ils ont pensé que la fille d’Uriel était la mère d’Asa et non d’Abia, et que, par quelque inadvertance de copiste, son nom avait été substitué dans le texte à celui de la mère d’Abia. Cette supposition est sans fondement. Il paraît plus naturel de dire que dans les quatre passages où le nom de Maacha est marqué, il s’agit de la même personne, et que si Maacha, mère d’Abia, est aussi appelée mère d’Asa, bien qu’elle ne soit que sa grand’mère, c’est qu’elle avait conservé sous le règne de son petit-fils la dignité et le titre de reine mère, dignité et titre qui lui furent enlevés quand Asa la destitua à cause de son idolâtrie. II Par., xv, 16.

Abia avait vingt-sept frères et soixante sœurs par son père, II Par., xi, 21 ; par sa mère il n’avait que trois frères, Éthaï, Ziza et Salomith, II Par., xi, 20, sur lesquels il avait été investi d’une sorte d’autorité (hébreu : r'ôs, « tête, » par extension, chef, personnage principal ; Septante : ἀρχων), dont l'étendue n’est pas déterminée. II Par., xi, 22. D’après les Septante et la Vulgate, Abia aurait mérité cette dignité par sa sagesse, v, 23 ; mais le texte hébreu rapporte cette sagesse à Roboam, qui, pour éviter les conflits entre ses nombreux enfants, et peut-être surtout pour empêcher que quelques frères jaloux ne se liguassent contre Abia, son préféré, leur donna à chacun la garde d’une des places fortes de son royaume. Le texte insinue que l’unique raison de cette préférence de Roboam pour Abia fut la préférence même qu’il avait pour sa mère Maacha, et ce fut aussi la raison qui le lui fit choisir pour successeur, bien que par sa naissance il n’y eût aucun droit. C’est aussi pour cela qu’entre tous ses frères, Abia demeura à Jérusalem, capitale du royaume, menant une vie luxueuse au milieu d’un grand nombre de femmes et d’enfants. II Par., xi, 21-23. Le texte, il est vrai, semble rapporter cette magnificence domestique au temps qui suivit sa victoire sur Jéroboam ; mais, comme il est impossible qu’il ait eu vingt-deux fils et seize filles dans le court espace de temps qui s'écoula entre cette victoire et sa mort, il faut dire qu’il épousa le plus grand nombre de ses quatorze femmes avant même d’arriver au trône. Si l’auteur des Paralipomènes n’en parle qu’après le récit de la guerre contre Israël, c’est sans doute pour rapprocher sa prospérité domestique de ses succès politiques et militaires. Ce trait montre qu’Abia avait imité Salomon et Roboam dans leurs inclinations sensuelles, et manifeste déjà l’abaissement moral de la royauté en Juda.

Cet excès ne fut pas le seul qui souilla le règne d’Abia. S’il ne se livra pas lui-même à l’idolâtrie, il la laissa pratiquer impunément ; ce qui eût suffi à lui attirer la colère de Dieu, s’il n’avait eu pour ancêtre David, le fidèle serviteur de Jéhovah. C’est à cause de lui, et aussi à cause des antiques promesses faites à ses aïeux, qu’Abia eut une postérité. III Reg., xv, 4. Cette réflexion, qui a paru à plusieurs une interpolation, fait si bien corps avec le texte, qu’elle donne la clef de la conduite de Dieu au milieu des tristes événements qui remplissent non seulement le règne d’Abia, mais aussi toute la période des rois de Juda. À travers les excès de ces souverains indignes, Dieu voit dans le passé David son serviteur, et dans l’avenir le rejeton de David, le Messie, et à cause de l’un et de l’autre il bénit et conserve au lieu de maudire et de briser.

Abia était plus faible que méchant. Quoiqu’il laissât pratiquer l’idolâtrie et qu’il menât lui-même une vie sensuelle, la foi de David son aïeul demeura ferme au fond de son cœur. Elle se révèle au jour du danger, quand la guerre, depuis longtemps menaçante, vient à éclater entre Israël et Juda. Du moment où les dix tribus s'étaient choisi un roi, il s'était établi entre ces deux portions du peuple choisi une inimitié qui ne pouvait manquer d'éclater. Les rois de Juda, fondés sur les promesses divines faites à David, cherchaient tous les moyens de faire rentrer sous leur autorité les tribus séparées ; Israël, au contraire, prétendait garder son autonomie. Durant le règne de Roboam, la haine, en grandissant toujours, était demeurée latente ; elle éclata sous Abia, et voilà les deux royaumes lancés dans une guerre fratricide qui durera longtemps. S’il faut s’en rapporter au texte, Abia entra en campagne avec 400 000 hommes très vaillants ; Jéroboam en avait le double, 800 000 : chiffres certainement excessifs, aussi bien que celui des 500 000 hommes mis hors de combat. II Par., xiii, 3, 17. Ces erreurs résultent de l’altération du texte hébreu, soit par l’inadvertance des transcripteurs, soit par