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BAUMIER — BAUR

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les Romains se réservèrent cette culture et lui firent produire bien davantage : ce fut une source de revenus pour le fisc. Les empereurs Vespasîen et Titus montrèrent cet arbuste à la ville de Rome au jour de leur triomphe. Déjà il avait figuré dans celui de Pompée. Mais depuis longtemps on ne trouve plus le baumier ni à Jéricho ni à Engaddi ; il a disparu de la Terre Sainte. — Il s’est conservé assez longtemps en Egypte. On ignore s’il a été transporté dans ce pays de la Palestine ou de l’Arabie. Quoi qu’il en soit, toujours est-il qu’à partir du XIe siècle jusqu’au xvi « ou au xviie, l’arbre du baume était cultivé auprès du Caire, dans un lieu nommé Matariéh ou Aïn-Schems, enclos de murs et gardé par des janissaires. Mais, lors du voyage de Pierre Belon (Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie, in-4°, Paris, 1588, eh, xxxix, p. 246) au Caire, en 1550, et malgré plusieurs importations de baumiers de la Mecque, il n’en restait que neuf à dix pieds presque privés de feuilles et ne donnant plus de baume ; le dernier pied est mort en 1615, dans une inondation du Nil. Ce n’est donc plus dans la Judée ni en Egypte qu’il faut chercher l’arbre producteur du baume de la Mecque ; c’est dans l’Arabie Heureuse et dans les environs de Médine et de la Mecque, où l’arbre croit naturellement et où il n’a pas cessé d’exister, ainsi que du reste dans les autres contrées citées par E. Boissier et G. Schweinfurth.

De nombreux ouvrages ont été publiés, surtout au point de vue biblique, sur le baumier ; Alpinus, De Balsamo dialogus (Balsamodendron Gïleadense), in-4°, Venise, 1591 ; Pona, Del vero Balsamo di gli antichi, in-4°, Venise, 1623 ; Campi, Parère sopra il Balsamo, in-4°, Lucques, 1639 ; Id., Riposta ad objettioni, in-4°, Lucques, 1640 ; Id., In dilucidazionee confirmazione, in-4°, Pise, 1641 ; P. Castelli, Opobalsamum examinatum, in-4°, Venise, 1640 ; P. Castelli, Opobalsamum triumphans, in-4°, Venise, 1640 ; Baldus, Opobalsami orientalis propugnationes, in-4°, Rome, 1640 ; Vesling, Opobalsami veterîbus cogniti vindictes, in-4°, Padoue, 1644 ; Slevogt, Balsamum verum vulgo Opobalsamum et De Opobalsamo, in-4°, Iéna, 1705-1717 ; Vater, Balsami de Mecca natura et usus, in-4°, Wittenberg, 1720 ; Winniken, Beschreibung des wahren Opobalsambaumes, in-8°, Copenhague, 1745 ; J. Stackhouse, Extracts from Bruce’s Travels in Abyssinia and other modem authorities respecting the Balsam and Myrrh Trees, in-8°, Bath, 1815.

M. Gandoger.

II. Exégèse. — Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 247, croit que le baumier est mentionné dans Cant., V, 1. Il semble plus naturel d’y voir le baume, si toutefois on ne doit pas y voir l’indication de parfums en général. Voir col. 1517. D’après Gesenius également, Thésaurus, p. 247, le baumier serait désigné dans l’Écriture, dans Cant., v, 13, et VI, 2 : « un parterre de baumiers. » Mais il s’agit plutôt ici d’un parterre de plantes odoriférantes, sans indication d’une plante spéciale. Cf. col. 1517. Ni bésém ni bôsém ne signifient donc haumier, mais bien « parfum » en général. On a voulu ( Rosenmûller, Scholia in Gen., xxxvii, 26) identifier l’arbre producteur du sort biblique avec le baumier, Balsamodendron ou Amyris opobalsamum. Mais le sort était abondant en Judée et en Galaad dès l’époque de Jacob (voir col. 1408), tandis que le baumier n’avait été implanté en Palestine qu’à l’époque de Salomon, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6, édit. Didot, t. i, p. 302, comme on l’a vu plus haut. Le fore ne paraît donc pas être le baume. E. Levesque.

    1. BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig##

BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig, théologien protestant allemand, né le 23 avril 1797 à Langenburg, mort à Stuttgart le 25 novembre 1865. Il professa le latin pendant la plus grande partie de sa vie. On a de lui : Versuch, die Bedeutung des Johanneischen Logos aus den Religionsystemen des Orients zu entwickeln, Tu bingue, 1828 ; Commentatio de Habacuci vaticiniis, Heilbronn, 1841 ; Commentar ûber dos Evangelium des Johannes, Stuttgart, 1863 ; et divers ouvrages sur la littérature classique. — Voir Éckstein, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. Il ( 1875), p. 170.

    1. BAUR Ferdinand Christian##

BAUR Ferdinand Christian, théologien protestant rationaliste, fondateur de la nouvelle école de Tubingue, né à Schmieden, près de Canstadt, le 22 juin 1792, mort à Tubingue le 2 décembre 1860. Destiné à la carrière ecclésiastique par son père, pasteur luthérien, il reçut la formation intellectuelle et morale donnée de son temps aux futurs ministres dans le royaume de Wurtemberg. Il étudia les lettres au séminaire de Blaubeuren, 1805-1809, et la théologie à l’université de Tubingue, 1809-1814. À l’en croire, il n’aurait gardé des leçons de ses maîtres universitaires, Benger, Storr et Flatt, que le souvenir d’un « profond ennui ». S’il écoutait peu cependant, le jeune Baur travaillait ferme. Il lut, dit-on, la plume à la main, tous les Pères de l’Église pendant ses cinq années de théologie. L’insatiable amour qu’il eut toujours pour l’étude l’arracha après quelques mois d’expérience à la vie du ministère, et le fit se vouer à la carrière professorale, qu’il devait parcourir jusqu’au bout. Nommé d’abord professeur à Schonthal, 1814, chargé ensuite de l’enseignement du latin, du grec et de l’histoire, au séminaire de Blaubeuren, en 1817, il devint à trente-deux ans, en 1826, titulaire de la chaire qu’il occupa jusqu’à sa mort, à la faculté de théologie protestante de l’université de Tubingue, la chaire d’histoire de l’Église et des dogmes.

1° Baur a surtout étudié l’histoire des origines du christianisme. Son œuvre nous intéresse spécialement, par le jugement qu’il porte sur tous les écrits qui racontent l’histoire des origines chrétiennes, et par les vues qu’il expose sur l’histoire même de ces origines. On trouve ces vues résumées dans le premier volume de sa Kirchengeschichte, qui parut en 1853, sous ce titre : Dos Christenthum und die christliche Kirche in den drei ersten Jahrhunderte, Tubingue, 2e édit., 1860. — Ses opinions personnelles sur la valeur des livres du Nouveau Testament sont longuement exposées dans les écrits suivants ; Die sogenannten Pastoralbriefe, 1835 ; Paulus, der Apostel Jesu Christi, 1845 ; 2e édit., avec quelques modifications, 1867 (cet ouvrage résume tout ce que Baur a publié sur les Épîtres) ; Kritische Untersuchungen ûber die canonischen Evangelien, in - 8°, Tubingue, 1847 ; Dos Markusevangeliumnach seinem Ursprung und Character, in-8°, Tubingue, 1851 ; Vorlesungen ûber die N. T. Théologie, publié en 1864, quatre ans après la mort de l’auteur. — On a encore de lui, sur le même sujet, un grand nombre de dissertations insérées dans trois recueils théologiques : d’abord dans la Tûbinger Zeitschrift, jusqu’en 1842 ; puis dans les Theologische Jarbûcher, jusqu’en 1847 ; enfin dans la Zeitschrift fur die wissenschaftliche Théologie, de M.Hilgenfeld. Signalons seulement, parmi les dissertations les plus importantes, celles sur la Glossolalie, 1830 ; sur le Parti du Christ à Corinthe, 1831, p. 61 -206 ; sur le Plan de l’Épitre aux Romains, 1836, Heft m ; sur X’Évangile de Jean, 1844 ; sur l’Evangile de Luc, 1846, etc.

2° Pour apprécier sainement l’œuvre du célèbre professeur de Tubingue, il est indispensable d’en faire trois parts, celle du philosophe, celle de l’historien et celle du critique. — 1. Baur est un philosophe incrédule, imbu de panthéisme et disciple de Hegel. La théorie du « Christ idéal », qui joue un si grand rôle dans son explication des origines du christianisme, il l’a trouvée, au moins dans son germe, dans les écrits de Kant ; l’idée de « l’universel devenir », dont il a fait dans son premier ouvrage, Symbolisme et mythologie ( 1825), une application aussi hardie que fausse à l’histoire des religions, est le fond mêms de la Dogmatique de Schleiermacher ; la doctrine des « antinomies » du pour et du contre s’unissant ensemble pour former une unité, qui restera l’élément essentiel de