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ABELMAÏM — ABENESRA.

Paralipomènes, xvi, 4, à la ville frontière du nord de la Palestine, appelée ailleurs Abel-Beth-Maacha. Voir AbelBeth-Maacha.

ABELMAISON-DE-MAACHA. C’est ainsi que notre Vulgate appelle Abel-Beth-Maacha, III Reg., iv, 20, et IV Reg., xv, 29, en traduisant le mot beth, qui signifie « maison ». Voir Abel-Beth-Maacha.

ABELMÉHULA, Abelméüla (hébreu : ʿÂbêl Mehôlâh, « le pré de la danse »), ville de la tribu d’Issachar. Elle est nommée trois fois dans l'Écriture : la première, Jud., vii, 23, comme un des endroits par où s’enfuirent les Madianites vaincus par Gédéon ; la seconde, III Reg., iv, 12, comme une des limites du territoire que Salomon avait placé sous l’administration de Bana, fils d’Ahilud ; la dernière, III Reg., six, 16, comme la patrie du prophète Élisée. Dans ce dernier passage, la Vulgate écrit ce mot : Abelmeüla. — Abelméhula était située, d’après les renseignements que nous donnent Eusèbe et saint Jérôme, dans la vallée du Jourdain, à l’ouest du fleuve, à dix milles romains ou quatre heures de marche au sud de Bethsan. Sur son emplacement s'élève aujourd’hui le village de Màlih, à l’endroit où l’ouadi de ce nom entre dans la vallée du Jourdain.

ÂBÊL-MISRAÏM, nom hébreu de la localité que la Vulgate a appelé : Planctus Ægypti, « deuil de l’Egypte,» en traduisant le sens des mots de l’original. En ponctuant les consonnes radicales אבל, ʿëbël ( au lieu de 'àbêl, comme dans les noms propres précédents), ce mot signifie, en effet, « deuil, lamentation. » Ce nom fut donné par les Chananéens à l’aire d’Atad, à l’ouest du Jourdain, parce que Joseph et ses frères firent en cet endroit, pendant sept jours, le deuil de leur père Jacob. Gen., L, 10-11. Voir Atad.

ABELSATIM (hébreu : ʿÂbêl haššitṭîm, « le pré des acacias » ), Num., xxxiii, 49 ; appelé aussi simplement, par abréviation : Šittîm, Num., xxv, 1 (Vulgate : Settim), Jos., H, 1 ; iii, 1 ; Mich., vi, 5 ( Vulgate : Setim), localité du pays de Moab. Josèphe la nomme Ἀϐίλη, Ant. jud., IV, vu ; V, i, 1 ; il nous apprend qu’elle était à soixante stades (environ trois heures) du Jourdain, et qu’il y avait beaucoup de palmiers. Les palmiers ont aujourd’hui disparu ; mais les acacias, auxquels elle devait son nom, voir Acacia, poussent encore en grand nombre dans la région où devait se trouver Abelsatim. Il était situé dans les plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho, peut-être à l’endroit où l’ouadi Eschtah, au nord d’Hésébon, entre dans la vallée du Jourdain ; mais le site n’est pas sûrement identifié. Voir Ritter, Palâstina, t. ii, p. 481 et suiv. M. Conder le place à Ghôr es-Seiseban, Palestine, 1889, p. 252.

Abelsatim ou Settim est nommé cinq fois dans l'Écriture. — 1° Le peuple campait à Settim, sous la conduite de Moïse, lorsqu’il s’adonna au culte impur de Béelphégor, séduit par les filles de Moab et de Madian. Num., xxv, 1-18. Voir BÉELPHÉGOR. — 2° Les Hébreux campèrent dans les plaines de Moab, avant de franchir le Jourdain pour s’emparer de la Terre Promise, depuis Bethsimoth jusqu'à Abelsatim, et c’est là que s’accomplirent les derniers événements de l’exode, Num., xxxiv-xxxvi ; que Moïse prononça les discours contenus dans le Deutéronome ; qu’il mit Josué à la tête du peuple, et qu’il se sépara des siens pour aller mourir sur le mont Nébo. — 3° C’est aussi de Settim que Josué envoya les espions à Jéricho. Jos., ii, 1 ; — 4° et qu’il partit avec tous les enfants d’Israël pour aller camper sur les bords du Jourdain et traverser ensuite ce fleuve, au moment de prendre possession de la Palestine. Jos., III, 1. — 5° Michée, xi, 5, rappelle les événements racontés dans le livre des Nombres, et, selon l’interprétation la plus probable, fait allusion au crime d’idolâtrie et de fornication commis par Israël à Settim.

F. Vigouroux.

ABEN-BOHEN (hébreu : ʿÊben Bôhan ben Reʿûbên, c’est-à-dire « pierre de Bohan, fils de Ruben »), localité mentionnée dans Josué, xv, 6, et xviii, 18, comme étant sur la frontière septentrionale de Juda et à la limite méridionale de Benjamin. L’origine probable de ce nom est que, le Rubénite Bohan ayant sans doute accompli en cet endroit quelque action d'éclat, une pierre fut érigée en son honneur, ou bien son nom fut donné à un rocher qui se trouvait là, et qui servit plus tard de limite entre les tribus. Il n’est pas rare de rencontrer en Palestine de ces roches isolées, portant des noms particuliers, et regardées comme des monuments commémoratifs : Pierre du Secours (hébreu : ʿEben hâʿazer), I Reg., vii, 12 ; Pierre de Zohéleth, III Reg., 1, 9. Non loin de la pointe septentrionale de la mer Morte, au pied des montagnes de l’occident, on remarque un de ces rocs, qui se nomme aujourd’hui Hadjr-el-Asbah (Hadjr-Lasbah dans M. de Saulcy et sur la carte de Van de Velde). M. Clermont-Ganneau en donne une description détaillée, ainsi que de la contrée où il se trouve, dans Palestine Exploration Fund. Quart. Stat., 1874, p. 80. « Peut-être, à la rigueur, dit M. de Saulcy, pourrait-on être tenté de voir dans Hadjr-Lasbah la pierre de Bohan, qui devait évidemment se trouver dans la même région ; mais comme ces deux dénominations n’ont absolument aucune ressemblance, je suis tout disposé à me prononcer contre cette identification. » Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 169. Cette identification a cependant été proposée par M. Clermont-Ganneau, dans la Revue archéologique, août 1870, p. 116-123, et dans Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1871, p. 105, et 1872, p. 116 ; mais elle a été combattue par M. Tyrwhitt Drake, dans cette dernière Revue, 1874, p. 69 et 190. Inutile de chercher une analogie dans la signification des mots Bôhan (en hébreu, pouce) et Asbah ; car le nom de la pierre, au dire des Arabes, n’est pas asbaʿ (avec aïn final, doigt), mais asbah (avec , c’est-à-dire blanchâtre). Cette dénomination est du reste assez fréquemment employée par les indigènes, qui l’appliquent à plus d’un objet marqué de blanc. Enfin la position de Hadjr-el-Asbah reculerait bien trop vers le sud la frontière de Benjamin.

Nous croyons donc qu’il faut placer un peu plus haut Aben-Bohen. Mentionné entre Beth-Hagla et Beth-Araba à l’est, et la montée d’Adommim à l’ouest, cet endroit était plus élevé que les deux premières localités, d’où l’on y « montait », Jos., xv, 6 ; mais plus bas que la seconde, d’où l’on y « descendait », Jos., xviii, 18. Sa position probable est donc au pied des montagnes qui, au-dessous de Jéricho, s'élèvent de la plaine du Jourdain vers l’occident. Voir la carte de la tribu de Benjamin.

A. Legendre.

ABENDANA Jacob, savant juif d’origine espagnole, né vers 1630, mort en 1696, rabbin à Amsterdam, puis chef de la synagogue de Londres. On a de lui un ouvrage sur le Pentateuque, intitulé Léqet šekêḥâh, c’est-à-dire Spicilège des choses omises dans le commentaire de Salomon-ben-Mélek, connu sous le nom de Miklal yôfi, La perfection en beauté, in-f°, Amsterdam, 1685. Ce n’est guère qu’un recueil de scolies simples, judicieuses, empruntées aux meilleures interprétations littérales des rabbins, surtout à celles de Kimchi. Il a traduit aussi en espagnol la Mischna, avec les commentaires de Maïmonide et de Bartenora. Cette traduction fut mise à profit par Surenhusius pour sa traduction latine de la Mischna. Voir Surenhusius. Après la mort d’Abendana, on publia une traduction de traités choisis, extraits de ses œuvres, Discourses of the Ecclesiastical and Civil Polity of the Jews, in-12, Londres, 1706 ; 2e édit., 1709.

ABENESRA (Abraham-ben-Méïr-Ibn-ʿEzra), appelé communément Aben-Ezra ou Abenesra, etc., connu par les théologiens du moyen âge sous le nom d'Ébénare, et surnommé par ses compatriotes le Sage par excellence,