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BAOUR-LORMIAN — BAPTÊME

mian et sur la composition de cet écrit. En voici le titre : Le livre de Job traduit en vers français, in-8°, Paris, 1847. — Voir Discours du 4 déc. 1856 de F. Ponsard, et réponse de Nisard dans Recueil des discours de l’Académie française, 1860, 233-280.

O. Rey.

1. BAPTÊME. Le mot « baptême » vient du substantif grec βάπτισμα ou βαπτισμός, qui dérive lui-même du verbe βάπτω, « plonger, » d’où l’on a fait βαπτίζω. βαπτίζω est souvent employé dans le Nouveau Testament. Il ne s’y rencontre pas avec le sens de « plonger dans l’eau », qui lui est donné souvent dans les Septante et dans les auteurs profanes ; mais il signifie tantôt « laver » et « purifier », Marc, vii, 4 ; Luc, xi, 38 ; tantôt, au passif, « être accablé de maux, » Matth., xx, 22 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt « baptiser », c’est-à-dire pratiquer le rite religieux du baptême. Matth., xxviii, 19 ; Joa., iv, 2 ; Act., ii, 41 ; viii, 12, 13, 16, 36, 38 ; ix, 18 ; x, 47, 48 ; xix, 5 ; xxii, 16 ; Rom., vi, 3 ; Gal., iii, 27 ; Les substantifs βάπτισμα ou βαπτισμός ; ont tous les sens correspondants. Ils expriment tantôt une « lotion » et une « purification », Marc, vii, 8 ; Hebr., vi, 2, et ix, 10 ; tantôt « un accablement de maux », Matth., xx, 22, 23 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt le rite religieux du baptême soit de saint Jean-Baptiste, Matth., iii, 7 ; Marc, i, 4 ; Luc, iii, 3 ; vii, 29 ; Act., xiii, 24 ; xix, 4 ; soit de Jésus-Christ, Rom., vi, 4 ; Eph., iv, 5 ; Col., ii, 12 ; I Petr., iii, 21. C’est ce dernier sens qu’ont pris dans la religion chrétienne, et en particulier en français, les mots baptiser et baptême. On appelle baptême le sacrement par lequel nous sommes faits chrétiens. C’est de ce baptême chrétien qu’il sera question dans cet article.

Suivant un plan adopté depuis longtemps par les théologiens, nous nous occuperons successivement :
1° des figures et des allégories du baptême ;
2° du baptême de saint Jean ;
3° de l’institution du sacrement de baptême ;
4° de ses rites constitutifs ;
5° de ses effets ;
6° de ceux qui le donnent ou de son ministre ;
7° de ceux qui le reçoivent ou de son sujet.

I. Figures et allégories du baptême.

L’Ancien Testament nous offre plusieurs figures du baptême. Voici les principales :
Les eaux de la création sur lesquelles était porté l’Esprit de Dieu et d’où est sorti l’univers, Gen., i, 2. Au témoignage de Tertullien, De baptismo, iii, t. i, col. 1202 ; de saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iii, 5, t. xxxiii, col. 434, elles étaient l’image des eaux du baptême fécondées par la grâce du Saint-Esprit, pour engendrer les chrétiens à la vie surnaturelle ;
les eaux du déluge, d’après saint Pierre, I Petr., iii, 20, 21, et d’après les prières de la liturgie romaine à la bénédiction des fonts, le Samedi saint ;
la circoncision judaïque, suivant saint Augustin, lib. i, Contra Cresconium, xxxi, t. xliii, col. 464 ; saint Chrysostome, In Genes., hom. xl, t. liii, col. 374 ; saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., iii, q. 70, a. 1 ;
le passage de la mer Rouge, comme le fait entendre saint Paul, I Cor., x, 1 ; 2, ainsi que le passage du Jourdain par les Hébreux ;
l’eau que Moïse fit jaillir au désert du rocher qui représentait Jésus-Christ, I Cor., x, 3 ;
— les nombreuses purifications par l’eau prescrites par la loi mosaïque ;
— la guérison de Naaman le lépreux par les eaux du Jourdain. S. Ambroise, De myster., iv, t. xvi, col. 394. Le Nouveau Testament nous présente d’autres images du baptême, dans la piscine probatique, dans la piscine de Siloé, dans le baptême de saint Jean dont nous allons parler, et, d’après saint Paul, Rom., vi, 4, dans l’ensevelissement du Sauveur avant sa résurrection. Enfin les monuments des premiers siècles symbolisent le baptême, tantôt par les figures et les images de l’Écriture que nous venons d’étudier, tantôt par le symbole du cerf ou du poisson. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, article Baptême, p. 78 et 79.

II. Baptême de saint Jean-Baptiste.

Il le donnait par immersion dans le fleuve du Jourdain. Matth., iii, 6, 15 ; Marc, i, 5 ; Luc, iii, 3 ; Joa., i, 28. Ceux qui le recevaient confessaient leurs péchés. Aussi ce baptême est-il appelé le baptême de pénitence. Il était destiné à préparer le baptême de Jésus-Christ ; car toute la mission du précurseur était une mission de préparation à la venue et à l’œuvre du Messie. Notre-Seigneur voulut lui-même recevoir ce baptême des mains de saint Jean, malgré les résistances de ce dernier. Si le Sauveur se soumit à ce rite de pénitence, ce ne fut point pour confesser et expier ses péchés, car il était la sainteté même ; mais il voulut ainsi sanctifier l’eau et en faire la matière de son propre baptême ; il voulut encore reconnaître par cette démarche solennelle la mission divine de son précurseur ; il donna enfin à ce dernier l’occasion de lui rendre témoignage à lui-même, en même temps que le Père et le Saint-Esprit manifestaient sa divinité. En effet, Jésus étant sorti de l’eau aussitôt après son baptême, les cieux s’ouvrirent à ses yeux, et il vit l’Esprit de Dieu descendre sur lui sous la figure d’une colombe, et une voix se fit entendre du ciel, qui dit : « C’est là mon Fils bienaimé, en qui je trouve mes délices. » Matth., iii, 16, 17 ; Marc, i, 10, 11 ; Luc, iii, 21, 22 ; Joa., i, 32 ; II Petr., i, 17.

Le baptême de saint Jean était inférieur à celui qui fut institué par Jésus-Christ. Saint Jean le déclara aux Juifs, Matth, , iii, 11 ; Marc, i, 8 ; Luc, iii, 16, et le concile de Trente l’a défini solennellement, sess. 7, can. i, De baptismo, contre Zwingle et Calvin, qui assimilaient les deux rites, et attribuaient toute l’efficacité du baptême aux dispositions de ceux qui le reçoivent. La plupart des théologiens catholiques enseignent même, à la suite de saint Thomas d’Aquin, 3, q. 38, a. 2 et 3, que le baptême de saint Jean n’avait par lui-même aucune efficacité pour remettre les péchés et donner la grâce sanctifiante. Ils enseignent aussi que c’était par ordre de Dieu que saint Jean baptisait, puisqu’il avait reçu sa mission du ciel. Néanmoins le baptême n’était pas une chose complètement nouvelle pour les Juifs. La loi de Moïse leur prescrivait dans diverses circonstances des immersions semblables. Lev., vi, 27, 28 ; xi, 25, 28 ; xiii, 6, 34 ; xvi, 6, 7 ; xxii, 6 ; Num., viii, 6, 7, 8 ; xix, 7, 8, 21 ; xix, 14 ; xxxi, 24. Nous savons aussi que, dans les temps postérieurs à Jésus-Christ, les Juifs imposaient à tout Gentil qui se convertissait au judaïsme, un baptême par immersion, qui était supposé lui donner comme une nouvelle naissance. Mais nous ignorons si ce baptême juif existait avant celui de saint Jean et des chrétiens. Beaucoup de rabbins le prétendent. On a même cru que Jésus-Christ faisait allusion à ce baptême des prosélytes, lorsqu’il dit à Nicodème, qui doutait qu’un homme pût renaître par l’eau : « Vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses ? » Joa., iii, 10. Mais comme il n’est question de ce baptême des prosélytes ni dans les livres de l’Ancien Testament, ni dans l’historien Josèphe, lorsqu’ils parlent de Gentils convertis au judaïsme, on a sujet de penser que cette cérémonie s’est introduite parmi les Juifs à une époque postérieure, et peut-être à l’imitation du baptême des chrétiens. Voir Calmet, Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de l’Écriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, Dissertation sur le baptême des Juifs, p. 323. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de raison de croire avec M. Renan, Vie de Jésus, ch. vi, 2e édit., p. 99, et d’autres auteurs, que le précurseur emprunta son baptême à des pratiques religieuses usitées en Chaldée ; car des pratiques semblables étaient prescrites par la loi de Moïse.

Le baptême de saint Jean ne devait point subsister après la fondation de l’Église, puisqu’il était destiné à préparer les voies au Messie. Aussi saint Jean envoyait-il ses disciples à Jésus-Christ. Joa., iii, 27-36 ; Matth., xi, 1, 2, 3. Néanmoins, plus de vingt ans plus tard, Apollon d’Alexandrie, qui prêchait le Christianisme à Éphèse, ne donnait encore que le baptême de saint Jean. Act., xviii, 25. Il fallut que saint Paul fit connaître le baptême de Jésus-