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BALANCE — BALANITE


son commentaire sur Daniel, v, 26 (Vulg., 27) ; Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. ii, l rs partie, p. 449, etc., voient une allusion à cet usage dans la célèbre sentence portée contre Baltassar. Ce prince a été pesé dans la balance de la justice divine, et il est rejeté comme le lingot qui n’a pas le poids voulu. Cf. Job, xxxi, 6. Les poètes grecs et les monuments helléniques nous montrent aussi les dieux pesant les destinées des hommes (fig. 422).

En l’absence de contrôle légal pour les poids et les mesures, il était aisé de tromper en employant des poids falsifiés ou des balances fausses. On sait d’ailleurs que la fourberie et la tromperie sont des vices très communs en Orient. Aussi l’Écriture rappelle-t-elle souvent aux Israé 423. — La pesée de l’âme devant le tribunal d’CMrls. Anibê. xxe dynastie. D’après Lepslus, Denbmaler, AMh. iii, El. 232.

lites, enclins à ce défaut, l’honnêteté dans les relations commerciales. Moïse avait posé la loi : « Que votre balance soit juste. » Lev., xix, 36. Cf. Deut., xxv, 13. À cause des infractions nombreuses qui étaient commises contre cotte loi, les prophètes en réitérèrent les prescriptions. Ose., xii, 8 (Vulg., 7) ; Amos, viii, 5 ; Mich., vi, 11 ; Ezech., xlv, 10. Même insistance dans les livres sapientiaux. Il ne faut point se départir de la stricte équité « dans l’usage de la balance et des poids. » Eccli., xlii, 4. s La balance trompeuse est en abomination devant Jéhovah. » Prov., XI, 1 ; xx, 23. « La languette et les plateaux justes sont de Jéhovah. » Prov., xvi, 11. C’est-à-dire quand la balance est juste, c’est comme si Dieu avait prononcé.

L’usage si fréquent de la balance devait naturellement amener à la prendre comme terme de comparaison et comme symbole. L’Ecclésiastique recommande de peser ses paroles dans la balance, xxi, 28 ; xxviii, 29 ; nous avons la même métaphore pour exprimer la circonspection dans les paroles, le soin d’en examiner le pour et le contre, d’en apprécier les conséquences. La balance s’emploie au figuré-pour l’appréciation des choses morales : comme nous disons « le poids de la douleur », ainsi pour Job les afflictions pèsent dans la balance plus que le sable des mers. Job, vi, 2. « Les hommes qui s’élèvent contre Dieu, dit le psalmiste, lxi (hébreu, lxu), 10, sont moins qu’un souffle placé dans la balance ; ils sont enle vés par le moindre contrepoids. » Elle sert à peindre la puissance et la sagesse de Dieu : « Il a pesé dans la balance les montagnes. » Is., XL, 12 ; II Mach., IX, 8. « Le monde, les nations, sont devant lui comme le plus petit poids, comme un grain de poussière dans la balance. » Is., XL, 15 ; Sap., xi, 23. Dans l’Apocalypse, vi, 5, la-balance symbolise la disette ; après l’ouverture du troisième sceau, saint Jean voit sur un cheval sombre un cavalier tenant à la main une balance, et il entend une voix qui crie : « Un chénix de blé pour un denier (c’est-à-dire pour une journée d’ouvrier), trois chénix d’orge pour un denier ; » en d’autres termes, chacun n’aura alors qu’une maigre et insuffisante ration, mesurée et pesée. Cf. Lev., xxvi, 26 ; Ezech., iv, 16, 17. Ce n’est pas précisément la famine, comme dans le sceau suivant ; mais la rareté et la cherté des vivres, c’est-à-dire la disette. Enfin la balance est le symbole du jugement de Dieu et de sa rigoureuse équité : « Que Dieu me pèse dans la balance de la justice, s’écrie Job, xxxi, 6, et il reconnaîtra mon innocence. » Dans ce symbole, Job se rencontre avec l’Egypte ; on sait que les rapprochements entre le livre de Job et les documents égyptiens sont nombreux et étroits. Ou voit souvent représentées dans la vallée du Nil les balances divines, qui sont dressées devant le tribunal d’Osiris (fig. 423). Le cœur du défunt est placé dans un des plateaux, , et dans l’autre une petite statue de la Justice et de la "Vérité ou leur symbole. Anubis avec Horus surveillent les oscillations du fléau, et quand les plateaux sont en équilibre, il prononce la formule sacramentelle : « Le cœur fait équilibre ; la divine balance est satisfaite parl’osiris JV… » Et Thot, une tablette à la main, écrit la sentence (col. 469, fig. 115). Les siècles chrétiens ont exprimé le jugement de Dieu par le même symbole, si naturel. Au moyen âge, les artistes représentaient fréquemment la pesée des âmes ; on peut en voir un exemple dans le tympan du grand portail de Notre-Dame de Paris. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, in-8°, Paris, 1877, p. 78. E. Levesque.

BALANITE. I. Description. — Plante qui, selon plusieurs botanistes et exégètes, produirait la substance appelée en hébreu sôri. C’est un arbre muni d’épines robustes, droites, longues de quatre à cinq centimètres, et généralement situées à la base des rameaux ; ceux-ci sont effilés, assez grêles, allongés, à écorce amère ; les feuilles sont divisées en deux folioles ovales ou oblongues, arrondies ou échancrées en cœur à leur base, amincies dans la partie supérieure, habituellement larges de un centimètre et demi ; elles sont coriaces, couvertes d’un duvet fin ; les fleurs, verdàtres, à odeur suave, sont disposées en petites grappes espacées, placées à l’aisselle des feuilles ; ces grappes sont glabres et ne renferment pas plus de trois à cinq fleurs ; la corolle est petite, parfois blanchâtre, formée de cinq pétales linéaires et oblongs, pourvue à la base d’un calice également à cinq divisions pubescentes ; le fruit est charnu, huileux, de forme ovale, légèrement aminci aux deux extrémités, portant au dehors quatre angles arrondis et peu saillants ; à l’intérieur, il renferme un noyau osseux (fig. 424). Cet arbuste a été nommé Balanites ssgyptiaca par A. R. Delile, Description deVÊgyple, in-.f », Paris, 1813, p. 221, pi. 28, fig. 1 ; A. P. de Candolle, Prodromus syslematis regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. i, p. 708. Il croît en Arabie, dans les déserts de l’Egypte supérieure, en Nubie et en Abyssinie ; il ne se rencontre plus actuellement, dans toute la Palestine, qu’aux environs de Jéricho, dans la vallée chaude du Jourdain, d’après E. Boissier, Flora ùrientalis, 5 in-8°, Bàle et Genève, 1867-1884, 1. 1, p. 944. Le fruit du balanite s’appelle myrobalan d’Egypte ou datte du désert ; il a presque la forme et la figure d’une datte ; sa chair, qui est d’abord acre, très amère et purgative, devient douce et mangeable en mûrissant. Son noyau fournit de l’huile ; sa pulpe mûre sert à préparer