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BABYLONIE


inconnu, non moins que les circonstances qui le portèrent au trône. — En 1049, la Babylonie ressaisit son indépendance ; mais les renseignements historiques nous font à peu près défaut, si l’on en excepte ce qui a trait aux luttes avec l’Assyrie, qui se poursuivent jusqu’à l’ère de Nabonassar. C’est en 747 que ce roi, en babylonien Nabunaçir, monta sur le trône ; toutefois aucun texte n’indique que les Babyloniens eux-mêmes aient réellement pris cette époque comme point de départ de leur comput chronologique. — L’Assyrie était alors une formidable puissance, dont les conquêtes avaient déjà entamé la Syrie et la Palestine. Théglathphalasar, qui y régnait, envahit la Babylonie, dont il se déclara d’abord suzerain ; bientôt il en prit même le titre de roi, et la gouverna deux ans (728-726). Les textes babyloniens le désignent quelquefois sous le nom de Pulu, le Phul de l’Écriture, le Ilwpo « du canon de Ptolémée. Salmanasar, aussi nommé en Babylonie Ulula ( 726-721), régna également sur l’Assyrie et la Babylonie ; mais dès les premières années de Sargon, son successeur, Mérodach-Baladan, appuyé par l’Élam, secoua le joug assyrien et remonta sur" le trône de Babylone (721-709). Sargon finit par le détrôner, et prit comme ses prédécesseurs le titre de roi d’Assyrie et de Babylone (709-704). Sennachérib, son fils, ne régna personnellement sur Babylone que deux ans (704-70.2) ; puis (702 à 688) plusieurs monarques nationaux y prirent le titre de roi, les uns comme vassaux de l’Assyrie, les autres tout à fait indépendants ; parmi ces derniers, il faut noter Mérodach-Baladan (702), le même qui envoya une ambassade à Ézéchias, adversaire, comme Mérodach-Baladan lui-même, de Sennachérib. Les Élamites, ennemis des Assyriens, entretinrent à Babylone toutes ces agitations, auxquelles Sennachérib mit fin en s’emparant de nouveau de la Babylonie, en jetant en prison le roi national Musézib-Mardouk, en battant l’Élam, et en reprenant lui-même le gouvernement de la Babylonie (688-680). Asarhaddon, son fils (680-667), régna sur les deux pays jusqu’en 668, époque où il abandonna l’Assyrie à Assurbanipal, continuant lui-même jusqu’à sa mort, survenue un an plus tard, de gouverner Babylone. Assurbanipal donna comme roi aux Babyloniens son propre frère, Samas-sum-ukin, le EaoaSouxi’vo ; de Ptolémée (667-647). Celui-ci ayant suscité contre son aîné une formidable coalition de tous les tributaires de l’Assyrie, y compris Manassé, roi de Juda, vit ses alliés battus tour à tour, puis son propre royaume ravagé, enfin fut pris et brûlé vif. Assurbanipal réunit encore une fois entre ses mains les deux monarchies (647-625). C’est à Babylone, où il résida lui-même assez longtemps, que Manassé de Juda lui fut amené prisonnier.

Tandis, que vers cette époque et sous les faibles successeurs d’Assurbanipal l’Assyrie eut beaucoup à souffrir d’une invasion des Cimmériens et d’une révolte des Mèdes, Babylone, au contraire, prospéra entre les mains de son roi Nabopolassar, Nabu-abal-usur (625-604), au point que, quand Ninive fut de nouveau assiégée par Cyaxare le Mède, Nabopolassar se joignit à lui pour en finir avec la suzeraineté de l’Assyrie. Ensemble ils prirent et pillèrent Ninive, mirent fin à la monarchie assyrienne et s’en partagèrent les dépouilles (606 [ ?]). Babylone hérita de l’Élam, de la vallée de TEuphrate, de sa suzeraineté ou du moins de ses prétentions sur la Syrie, la Palestine et l’Egypte. Ce dernier pays était alors aux mains d’un prince national, Néchao II ( XXVIe dynastie), qui voulut aussi profiter de la chute de Ninive pour se rendre maître de la Syrie, afin de n’être plus exposé à voir pénétrer jusqu’au cœur de l’Egypte les invasions mésopotamiennes. U envahit donc la Palestine, battit et tua Josias de Juda à Mageddo, IVReg., xxiii, 29 ; II Par., xxxv, 20, conquit le pays jusqu’à TEuphrate, et commença à assiéger Charcamis, Nabopolassar envoya contre Néchao son fils Nabuchodonosor, qui battit les troupes égyptiennes à Charcamis (606[ ?j), reprit possession de la

Syrie, occupée par Néchao, et de la Palestine, où il reçut la soumission de Joakim, et poursuivit le roi d’Egypte jusqu’à Péluse. C’est là que Nabuchodonosor apprit la mort de son père ; il traita donc avec Néchao, se réservant de reparaître plus tard dans la vallée du Nil, et revint en toute hâte à Babylone prendre possession du trône.

Nabuchodonosor (604-561) eut l’un des règnes les plus glorieux et les plus longs de la monarchie babylonienne, et son souvenir éclipsa celui de ses faibles successeurs. Les circonstances l’obligeaient à reprendre pour son propre compte le plan des monarques assyriens Asarhaddon et Assurbanipal : assurer sa domination sur toute l’Asie occidentale, et dans ce but soumettre l’Egypte. Malheureusement les Phéniciens et les Juifs, excités par l’Egypte sans doute, supportaient impatiemment le joug babylonien et négociaient avec Néchao. Instruit de ces intrigues, Nabuchodonosor (602) revint en Palestine, battit Joakim, lui imposa un fort tribut et en exigea des otages. Joakim s’étant révolté de nouveau, comptant sur l’appui de l’Egypte et des Phéniciens de Tyr, attira une seconde fois contre lui l’armée babylonienne : Jéchonias, qui venait de remplacer son père sur le trône (599), fut détrôné, envoyé prisonnier avec dix mille hommes à Babylone, et remplacé par Sédécias. Ce dernier, profitant de quelques embarras survenus à Nabuchodonosor sur les frontières de l’est, renouvela la tentative de ses prédécesseurs, sans plus de succès. Nabuchodonosor revint mettre le siège devant Jérusalem (588), détruisit la ville et le temple. Ce prince fit de nombreuses campagnes, mais il se signala surtout comme infatigable bâtisseur. L’orgueil qu’il en conçut et le châtiment qui le suivit sont racontés dans les Livres Saints, et aussi, fragmentairement, dans les auteurs anciens.

Nous savons peu de chose des successeurs de ce prince ; Evilmérodach (561-559), fils de Nabuchodonosor, fut détrôné et mis à mort par son beau-frère, gendre du même monarque, Nériglissor, Nergal - Sar - icçur (559-556), qui travailla aussi activement à l’embellissement de la capitale ; mais comme à sa mort il ne laissait pour héritier qu’un enfant, le Labosorrakos de Bérose, on pronostiqua que cet enfant régnerait en tyran, et on le mit à mort. Sans doute que sous ces pronostics des astrologues chaldéens se cachait la crainte de n’avoir pour défenseur qu’un enfant, au moment où, sur la frontière de l’est, Mèdes ou Perses donnaient déjà des sujets d’inquiétude. Le chef de la conspiration, Nabonide ou Rabu-nahid, fils d’un grand dignitaire sacerdotal de l’empire, monta sur le trône (555-538) ; mais il s’occupa beaucoup de restaurer les temples anciens de la Chaldée, et trop peu, semble-t-il, de la puissance croissante des Perses ; de plus, le bon accord cessa vite entre lui et ceux qui l’avaient porté à l’empire. Cyrus, qui venait de joindre à son royaume de Perse celui du Mède Astyage profita de cet accroissement de puissance pour déboucher par le nord de la Mésopotamie. Au lieu de marcher à sa rencontre, Nabonide envoya pour protéger la frontière babylonienne son fils Baltassar, Bel-Sar-ufur, qui paraît avoir été associé à l’empire même avant cette époque. Mais Cyrus n’envahit la Babylonie proprement dite que huit ans plus tard, en 538. Nabonide, s’étant porté à sa rencontre, fut battu à Rutu, et se replia sur Babylone. Cyrus l’y suivit, l’y assiégea, et s’empara de la ville un jour de fête, en y pénétrant par le lit de TEuphrate desséché, et sans doute aussi aidé des intelligences qu’il avait dans la place et avec le concours des ennemis de Nabonide. Baltassar fut tué ; quant à Nabonide, Cyrus le fit prisonnier et l’envoya gouverner la Carmanie en qualité de satrape. Gubaru, le Gobryas d’Hérodote, vraisemblablement Darius le Mède de Daniel, fut nommé satrape de Babylone : telle fut la fin de l’empire chaldéen restauré par Nabopolassar, illustré par le long règne de Nabuchodonosor.

Les principales villes chaldéennes gardèrent néanmoins