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BÂBYLONIE


le pays de Sumer eu Scnnaar proprement dit : Eridu, actuellement Abu-Sharein, au milieu des marais du bas Euphrate, sur la rive gauche ; Vru, Y’Ur-Kasdim, Ur des Chaldéens de la Bible (Gen., xi, 28), la Mugheir actuelle, sur la rive droite de l’Euphrate, la patrie d’Abraham ; Uruk, l’Arach biblique, la Warka actuelle, plus haut, sur la rive gauche, et l’une des villes de la tétrapole méridionale de Nemrod ; Larsa, l’EUasar de l’histoire d’Abraham (hébreu, Gen., xiv, 1), actuellement Senkéréh, sur la rive gauche ; puis au nord, dans le pays d’Akkad, à cheval sur l’Euphrate, Babilu, la Babel biblique, Babylone ; en remontant encore et non loin de la rive gauche de l’Euphrate, sur un canal, Akkad et Sippar, sorte de ville double, mentionnée dans la Bible sous les noms d’Achad et Sépharvaïm.

On trouve encore des ruines considérables à Nipour, entre les deux fleuves, actuellement Niffer et Kutù, la Cutha biblique ( ?), actuellement Tell - Ibrahim, d’après Smith et H. Rawlinson. Il faut y ajouter le site considérable de Tell-Loh, dont le nom ancien, écrit en idéogrammes, est lu par les uns Sir-pur-la, parles autres Lagas.

Voir El. Reclus, Géographie universelle, t. ix, p. 398-411, 432, 450460 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, 169-196, 196-232 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, p. 1-42 ; Lenormant - Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 1-18 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 1-14 ; Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh and Sabylon, in-8°, Londres, 1853.

II. Ethnographie, langage. — Comme l’Assyrie était une colonie babylonienne, il suffira de se reporter aux titres correspondants de l’article Assyrie, en les complétant pour ce qui regarde spécialement la Babylonie à l’aide des quelques observations suivantes. Bérose, Historicorum grœcorum Fragmenta, édit. Didot, t. ii, p. 496, nous représente la Babylonie comme peuplée par dès races diverses : son témoignage est pleinement confirmé par la Bible, qui nous y montre à la fois des Chamites, Gen., x, 6-13, . ou plus exactement des Couschites comme Nemrod, et des Sémites tels que Tharé et Abraham. Gen., x, 22-25j et xi, 11-32. Les noms royaux et les inscriptions cunéiforme ? anciennes nous montrent que la prépondérance passa peu à peu à l’élément sémitique de la population, et assez tardivement. On trouve, en effet, en Babylonie deux sortes d’inscriptions différentes, et qui, d’après presque tous les assyriologues, appartiennent à deux idiomes différents, l’un à flexion, du groupe sémitique ou à racines tdlittères, le babylonien proprement dit ; l’autre agglutinant, qu’on nomme akkadien, sumérien, ou encore proto-chaldéen. Les plus anciens textes sont rédigés en ce second idiome, par exemple, ceux de la collection de Sarzec, au Louvre : les modernes sont en babylonien proprement dit ; il y a aussi dés textes bilingues, historiques, religieux, etc., rédigés dans l’un des deux idiomes, puis traduits dans l’autre.

L’idiome sémitique babylonien différant à peine de la langue assyrienne, l’un et l’autre ont été étudiés simultanément au mot Assyrienne (langue). Quant à l’autre idiome, sumérien, akkadien ou proto-chaldéen, il appartient, comme les langues altaïques, au groupe agglutinant. Les racines, généralement monosyllabiques, deviennent substantif, adjectif ou verbe, suivant la place qu’elles occupent et suivant les préfixes ou affixes qui les accompagnent : « vivre, » ti ; « vie, » nam-ti ; « il a vécu, » in-ti. — La déclinaison est remplacée par un mécanisme de postpositions, rejetées ainsi que les pronoms suffixes, et une terminaison plurielle, ra, de très rare emploi, non seulement après le substantif, mais après son qualificatif ou même après tout le membre de phrase qui s’y rapporte : « à Bau enfant du ciel, » Bau dumu Ana-ra ; « aux grands dieux, » dingir galgalene-ra. La conjugaison se forme en plaçant le pronom soit avant, soit après la racine verbale, mais sans adhérence absolument parfaite ;

le pronom régime se place même régulièrement entre le pronom sujet et la racine verbale : « il t’a bâti, » in-nan~ru ; « il a bâti, » inru. Les pronoms personnels ou possessifs appartiennent au thème « ta pour la première personne, za pour la deuxième, na pour la troisième, mais avec voyelle variable ; la troisième personne a aussi des formes dérivées en plus grand nombre que les deux autres. La négation est nu, placée avant le verbe et souvent contractée en une seule syllabe avec le pronom sujet. On a même constaté des variations dialectales, que les uns croient représenter le sumérien langue du sud et l’akkadien langue du nord, et que d’autres croient représenter le même idiome, sous une forme primitive et sous une forme plus récente. Plusieurs noms suméroakkadiens sont passés, par l’intermédiaire des Assyriens, jusque dans la langue hébraïque : par exemple, tur-tan, le Tharthan de Sennachérib. IV Reg., xviii, 17.

L’écriture est la même au fond que l’assyrienne ; toutefois, dans les inscriptions les plus anciennes, les caractères n’ont pas encore la forme du coin ou clou ; ce sont des lignes qui dessinent plus ou moins exactement l’objet dont on veut, soit suggérer l’idée, soit reproduire la prononciation, par idéographie ou par phonétisme. Quand la forme du clou apparaît, les caractères sont généralement un peu plus complexes que dans l’écriture assyrienne ; cette forme archaïque et compliquée est même reproduite de préférence dans des inscriptions de la dernière période : par exemple, dans celle de Nabuchodonosor dite « de la Compagnie des Indes », The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, pi. 53. — Voir Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, deuxième série, études accadiennes, 1873-1880 ; J. Oppert, Éludes sumériennes, sumérien, ou accadien, dans le Journal asiatique, 1875, t. v, p. 267318 ; 442-500 ; P. Haupt, Die akkadische Sprache (tiré du 5e congrès des orientalistes), Berlin, 1883 ; Fr. Hommel, Die sumeroakkadische Sprache und ihre Verwandtschaftsverhàltnisse, 1884.

III. Religion. — La religion" babylonienne ne différait guère de celle de l’Assyrie, seulement le caractère local du polythéisme régnant dans les deux pays paraît avoir été beaucoup plus accusé en Babylonie qu’en Assyrie. A. H. Sayce, Lectures on the origin and growth of religion as illustrated by the religion of the ancient Babylonians, 1887, p. 89, 91, 125, 142, etc. Assur, la divinité éponyme de l’empire assyrien, n’était naturellement pas le dieu des Babyloniens ; mais, dès les temps des plus anciennes inscriptions, nous voyons que les autres dieux vénérés en Assyrie avaient en Babylonie l’origine première de leur culte : Eridu était consacrée au dieu Ea, l’esprit de l’abîme ; Ur au dieu lunaire Sin ; Larsa au soleil Samas ; Arach à Istar (la planète Vénus) et à la déesse Nana, II Mach., i, 13, 15 ; Nippour au dieu Bel ; Cutha à Nergal, dieu lion, IV Reg., xvii, 30, seigneur des tombeaux ; Borsippa à Nabo ; Sippar et Achad à Samas et Anunit (voir Anammélech et Adrammélech) ; Babylone à Marduk, désigné communément sous le simple titre de bel, « seigneur, » Hérodote, i, 181, fils du dieu Ea et époux de la déesse Zirbanit ou Zarpanit. Audessus de tout ce panthéon, il semble planer une sorte de divinité commune à tous les Sémites, Ihi, V’El hébreu, phénicien, himyarite, etc., dont la personnalité paraît tellement effacée, que plusieurs auteurs, à rencontre, il est vrai, de la généralité des assyriologues, le regardent comme une simple abstraction, l’expression de l’idée de dieu en général, et non pas un nom propre, tandis que d’autres croient y voir un dieu distinct, correspondant à peu près à l’Assur des Assyriens. Du reste la qualité de dieu suprême, « maître du ciel et de la terre, roi de tous les autres dieux, » passe facilement de l’un à l’autre dieu du panthéon babylonien, chaque dieu local étant généralement considéré par ses adorateurs comme le maître des dieux. Diodore de Sicile, ii, 30, 3 ; Phiîoa de Byblos, dans Uistoncarum grœcorum Fragmenta, t. iii, p. 507,