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BAALTHAMAR — BAASA

Βαάλ Θαμὰρ), localité située non loin de Gabaa de Benjamin. C’est près de Baalthamar que, le troisième jour du combat, se réunit l’armée des onze tribus d’Israël marchant contre Gabaa, pour châtier le crime commis par les habitants de cette ville sur la femme d’un lévite. Jud., xx, 33 et 34.

Selon quelques exemplaires grecs, on pourrait croire que Baalthamar était à l’occident de Gabaa ; ils portent, en effet : « Tous les hommes se levèrent de leur place et se groupèrent à Baalthamar ; et l’embuscade d’Israël s’avançait depuis son endroit, de l’occident de Gabaa, ἀπὸ δυσμῶν Γαβαά. » Les autres ont Μαρααγαβέ, et ne traduisent pas Μαραα. La Vulgate semble séparer l’armée en deux corps, placés l’un à Baalthamar, et l’autre en embuscade à l’occident de Gabaa. Le texte hébreu porte : » Et toute l’armée d’Israël se leva de son endroit et se rangea à Baalthamar ; et Israël en embuscade s’élança depuis son endroit, de la campagne de Gabaa (ma’arêh Gaba’) ». Au lieu de ma’ărêh Gaba’, les traducteurs grecs et celui de la Vulgate ont lu ma'ărâbâh Gaba’, « l’occident de Gabaa. » Il est douteux que cette lecture soit fondée. Eusèbe et saint Jérôme ne déterminent pas la position de Baalthamar ; ils se contentent de nous dire qu’à leur époque existait, dans le voisinage de Gabaa un petit village du nom de Bethamari ou Βησθαμάρ. Liber de situ et nom. loc, hebr., t. xxiii, col. 883.

On trouve aujourd’hui à l’est de Tell-et-Foûl, regardé généralement comme le site de Gabaa, une vallée nommée Ouadi Samri ou Zamri, « la vallée de Zamri. » Le thav hébreu, le tsa arabe et le θ grec, se prononçant souvent s et z, Samar ou Zamri peuvent être regardés comme identiques à Thamar et à Thamri. Cette vallée commence immédiatement sous le tell, et va rejoindre l’Ouadi Pharah. Sur le bord et au nord de cette vallée, à un kilomètre nord-est de Tell-et-Foûl, se trouve une première ruine appelée ’Adaséh, mais où tout est relativement récent. Trois cents mètres plus loin, encore au nord est, est un sommet élevé du nom de Ras-et-Thaouil. On y voit de nombreuses citernes taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens Hébreux, des grottes servant de retraite aux troupeaux, des pierres dispersées. C’est la seule ruine de village antique sur les bords de l’Ouadi Zamri. Il est assez probable que c’est le Baalthamar du livre des Juges, le Bethamari de saint Jérôme, et Bessamar d’Eusèbe.

L. Heidet.

BAANA. Hébreu : Ba’ănâh, « fils de l’affliction, » ב, b, abréviation de בן, bên ; Septante : Βαανά. Nom de personnes.

1. BAANA, fils de Remmon, de la ville de Béroth dans la tribu de Benjamin. Il était chef de bande comme son frère Réchab. Tous les deux pénétrèrent dans la maison d’Isboseth, fils de Saül, pendant qu’il se reposait au milieu du jour, et était seul, sans défense. Ils le tuèrent et portèrent sa tête à David, qui résidait à Hébron, se donnant comme ses vengeurs et les instruments de la Providence. David, témoignant son horreur pour ce crime, ordonna de mettre à mort les meurtriers, et, après leur avoir fait couper les mains et les pieds, il les fit pendre près de la piscine d’Hébron. II Reg., iv, 2, 5-9.

2. BAANA, père de Héled, de Nétophath, qui était un des vaillants de l’armée de David. II Reg., xxiii, 29 ; I Par., xi, 30.

3. BAANA (hébreu : Ba’ănâ, même signification que Ba’ănâh, aleph final à la place de ), fils de Huzi, était un des douze intendants de Salomon. Son district comprenait le territoire d’Aser et Baloth. III Reg., iv, 16.

4. BAANA, un des principaux d’entre les Juifs qui revinrent avec Zorobabel de la captivité de Babylone. I Esdr., ii, 2 ; II Esdr., vii, 7.

5. BAANA, un des chefs du peuple, et l’un des signataires de l’alliance théocratique, à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 27. Il est peut-être le même personnage que le précédent.

6. BAANA (hébreu : Ba’ănâ’), père de Sadoc, qui bâtit une partie des murs de Jérusalem au retour de la captivité. II Esdr., iii, 4.

BAASA (hébreu : Ba’ešâ’, d’étymologie incertaine, signifiant, d’après Gesenius, Thésaurus linguæ hebrææ, p. 228, « malfaisant ; » d’après Fürst, Hebraïsches Handwörlerbuch, p. 209, « hardi ; » certains manuscrits lisent : Ba’eṡâ’, « actif ; » Septante : Βαασά), troisième roi d’Israël et fondateur de la seconde dynastie. III Reg., xv, 33 ; II Par., xvi, 1 ; cf. Jer., xli, 9. Fils d’Ahias, de la tribu d’Issachar, et d’une famille si obscure, que Jéhu dit de lui qu’il sortit de la poussière, III Reg., xvi, 2 ; il servit d’abord dans l’armée de Nadab, fils et successeur de Jéroboam, et obtint, sans doute par sa vaillance, un grade élevé. Mais son ambition le conduisit au crime. Tandis que le roi d’Israël assiégeait les Philistins dans leur ville forte de Gebbéthon, Baasa excita contre lui une de ces révoltes militaires qui, en Israël comme ailleurs, étaient alors fréquentes, et mettaient la couronne à la disposition des soldats. Cf. III Reg., xvi, 9, 16 ; IV Reg., ix, 14. Nadab fut tué, et Baasa, arrivé au trône, fit mettre à mort tous les parents mâles de Jéroboam, comme l’avait prédit le prophète Ahias le Silonite. III Reg., xv, 29 ; cf. xiv, 10. Son règne ne fut qu’une guerre continuelle contre Juda, III Reg., xv, 16, 32 ; elle consista d’abord en simples escarmouches de frontière, puis elle s’étendit, et Baasa la poursuivit avec acharnement, jusqu’à ce qu’il se fût emparé de toute la partie septentrionale du royaume de Juda. Devenu maître de ce territoire, probablement dans la vingt-troisième année de son règne, il voulut s’y établir solidement, en faisant fortifier Rama, qui commandait la route de Jérusalem. III Reg., xv, 17. De là, car Rama n’est qu’à deux heures de la ville sainte, il aurait tenu perpétuellement en échec la capitale de Juda. Mais les travaux de fortification n’étaient pas encore achevés, lorsqu’il se vit obligé d’abandonner son entreprise ; Asa, roi de Juda, qui n’avait osé prendre les armes et marcher contre son puissant rival, venait de lui susciter un adversaire plus redoutable, Bénadad, fils de Tabrémon, roi de Syrie. Celui-ci avait été autrefois l’allié de Baasa ; mais Asa, à force de présents, réussit à le tourner contre Israël. III Reg., xv, 18-19 ; II Par., xvi, 2-3. Ses généraux envahirent le royaume de Baasa, et s’emparèrent de plusieurs villes fortes du nord, ainsi que de tout le pays de Nephthali. III Reg., xv, 20 ; II Par., xvi, 4. Baasa, obligé d’abandonner Rama, se retira à Thersa, sa capitale. III Reg., xv, 21 ; II Par., xvi, 5.

Au point de vue religieux, le règne de Baasa ne fut pas meilleur que celui de ses prédécesseurs. Il se livra à l’idolâtrie, « fit le mal devant le Seigneur, et marcha dans la voie de Jéroboam. » III Reg., xv, 34 ; xvi, 2. À cause de cela, Dieu lui déclara par Jéhu, son prophète, que sa maison serait exterminée, ce qui s’accomplit sous le règne d’Éla, son fils, par les mains de Zambri, commandant d’une partie de l’armée royale. III Reg., xvi, 7-13. Il est à noter que, d’après la Vulgate, III Reg., xvi, 7, Baasa, pour se venger de cette menaçante prophétie, fit mettre à mort le prophète ; mais les mots : hoc est Jehu filium Hanani prophetam, « c’est-à-dire : Jéhu, fils d’Hanani, le prophète, » ne se trouvent ni dans l’hébreu, ni dans les Septante, ni dans le chaldéen, où le verset se termine par « il le tua ». Or cette dernière expression s’applique, non pas à Jéhu, mais à Jéroboam, dont Baasa avait fait mourir tous les descendants. Voir Jéhu 1. Baasa mourut et fut enseveli à Thersa, superbe cité, Cant., vi, 3 (selon l’hébreu), dont il avait fait sa capitale. III Reg., xv, 21 ; XVI, 6. Il avait régné vingt-quatre ans, III Reg., xv, 33,