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AUMONE — AURAN


au nom de Jésus-Çhrist, Matfh., x, 41-42 ; Marc, IX, 40, etc. ; elle doit être faite par chacun suivant ses moyens, Tob., iv, 7-9 ; Prov., iii, 27 ; Marc, xii, 43 ; II Cor., viii, ix ; elle doit être proportionnée aux besoins des pauvres, et faite avec douceur et promptitude. Tob., iv, 9, 17 ; Prov., m, 28 ; Eccli., xviii, 15-17 ; xxxv, 11 ; II Cor., ix, 5, 7.

S. Many.

    1. AURAN##

AURAN (hébreu : Havrân ; Septante : AûpavîTi ; ), pays mentionné deux fois seulement dans l’Écriture, Ezech., xlvii, 16j 18, comme formant la frontière nordest de la Terre Sainte. Avant d’en expliquer le nom, d’en faire l’exposé géographique et historique, il est nécessaire de rechercher le sens précis du texte prophétique.

I. Texte d’Ézéchiel. — Dans une vision magnifique, le prophète décrit à l’avance le nouveau royaume de Dieu, le nouveau partage de la Terre Promise. Afin d’exprimer plus clairement cette miraculeuse restauration et de don_ier plus de poids à sa parole, i] détermine exactement les limites de la Palestine reconquise. C’est ainsi qu’autrefois, pour une raison semblable, elles avaient été indiquées dans la première promesse faite à Abraham, Gen., xv, 18 ; dans la législation promulguée au Sinaï, Exod., xxiii, 31 ; Deut., i, 7 ; au temps du séjour dans le désert, Num., xxxiv, 3-15, et avant le passage du Jourdain, Deut., xi, 24 ; Jos., i, 4. Mais Ëzéchlel ne trace ici que les lignes générales. Par la forme, la description diffère en plusieurs points de celle des Nombres, xxxiv, 3-15 ; en réalité cependant elle est en harmonie avec le tracé mosaïque. Apre* avoir décrit la frontière septentrionale, qui, partant de la Méditerranée, devait traverser le territoire d’Emath, pour aboutir à Hâsêr haftikôn, « Hazer du milieu, » ou, selon laVulgatè, « la maison dé Tichon, qui est sur la limite d’Auran, » ꝟ. 16, le prophète passe à la frontière orientale, ꝟ. 18. Ce verset doit se traduire ainsi d’après le texte hébreu : « Quant au côté de l’orient, entre le Hauran, et entre Damas, et entre Galaad, et entre la terre d’Israël [ il y a ] le Jourdain ; depuis la frontière (nord), vous mesurerez jusqu’à la mer orientale (mer Morte) : voilà pour la frontière orientale. » Le sens est donc celui-ci : La frontière orientale passe entre le Hauran, Damas et Galaad, d’un côté, et la terre d’Israël, de l’autre, en suivant le Jourdain, qui constitue aussi la limite depuis le nord jusqu’à la mer Morte. Si nous n’avions pas d’autres données pour fixer la situation de l’Auran, nous devrions conclure de ces deux versets qu’il se trouvait au nord de Damas. On ne peut guère douter cependant qu’il ne soit identique avec la province grecque bien connue de VAuranitide, Josèphe, Ant. jud., XV, x, .l ; XVII, xi, 4, le mât Ifa-u-ra-ni des inscriptions cunéiformes, le Hauran actuel. Les consonnes de l’hébreu, en effet, sont exactement les mêmes que celles du nom arabe : pin =

/jl’jjj ! ^., Haourân (cf. Aboulféda, Tabules Syriee, édit.

Koehler, Leipzig, 1766, p. 106), quoique la ponctuation massorétique ait un peu changé la prononciation, qui devrait être Hôrân.

L’opinion générale des commentateurs admet cette identification. Quelques savants néanmoins conservent des doutes à ce sujet, et supposent que le Havrân d’Ézéchiel correspond plutôt au village de Haouârîn, situé au nordest de Damas, entre Sadad et Qaryeteïn. Cf. K. Furrer, Die antiken Stâdte und Ortschaften im Libanongebiete, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, t. viii, 1885, p. 28 ; H. Guthe, D’A. Stûbel’s Reise nach der Diret et-Tulul und Hauran, 1882, dans la même revue, t. xii, 1889, p. 230. On peut voir, sur I.Iaouârîn ou Khawwârin, E. Sachau, Reise m Syrien und Mesopotamien, Leipzig, 1883, p. 52. Saint Jérôme, Comment, in Ezech., t. xxv, .col. 478, fait aussi d’Auran ce un bourg de Damas, dans la solitude ». Il est eertain que ce passage du prophète, en raison des noms qui, pour la plupart, sont jusqu’ici restés inconnus, est plein d’obscu rités. Cependant nous croyons le sentiment général plus conforme au contexte. Au ꝟ. 18, il s’agit de contrées et non pas de villes, contrées séparées de la terre d’Israël par le Jourdain ; ensuite, puisque le fleuve détermine la - frontière orientale, elle ne pouvait s’étendre jusqu’à Haouârîn au nord-est. Il ressort néanmoins pour nous de ce même verset que l’Auran d’Ézéchiel a un sens plus large que l’Auranitide de Josèphe : situé entre Damas et Galaad, ce pays devait comprendre, outre l’Auranitide proprement dite, ce qui fut plus tard la Gaulanitide, la Batanée, et peut-être aussi l’Iturée.

II. Nom. — Ce nom est diversement interprété. On le rattache généralement à l’hébreu iiii, hûr, racine inusitée, dont les dérivés indiquent le sens de « creuser », d’où le mot nn, hôrî, « troglodyte, » les Horîm de la

Bible (Septante : Xoppoctoi ; Vulgate : Homei et Chorrsei). Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 458 ; J. Fûrst, Hebraïsches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 386. Il possède alors la signification de « pays de cavernes », ce qui s’explique par les nombreuses grottes ou demeures souterraines qu’habitaient encore au temps de Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1, les populations de la Trachonitide, et qu’on retrouve de ndsjours dans ce pays et dans le Hauran. Wetzstein n’admet pas cette étymologie ; car, dit-il, à l’exception du Hauran est et sud-est, où les principales éruptions volcaniques ont été fouillées par les Troglodytes, les grottes servant d’habitation ne sont pas communes dans ce pays. Le vrai pays des cavernes, à l’est du Jourdain, est le nerd de Galaad, qui n’appartient pas au Hauran. Reisebericht ûber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 92. On répond à cela que le nom, donné d’abord à l’ensemble d’une contrée caractérisée par ces phénomènes particuliers, a pu être restreint plus tard à une province à laquelle il convient moins ; ce qui n’enlève rien à la justesse de la dérivation primitive.

Wetzstein fait de Havrân un mot sabéen, signifiant « pays noir », et importé vers la fin de l’exil par des colons sabéens. Ses arguments, basés sur quelques expressions empruntées aux lexicographes et géographes arabes, sont loin d’être concluants. Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, Anhang : Das Hiobskloster in Hauran und das Land Vz, von J. G. Wetzstein, p. 597, note 2. M. J. Halévy donne une explication diamétralement opposée. Rattachant le nom à la racine "lin, hâvar, « être

blanc, » il le regarde comme dû aux neiges qui couvrent les sommets des montagnes pendant une grande partie de l’année, et comme parallèle à celui du Liban, dont le sens est le même. Voir Arabie, col. 857. Quoi qu’il en soit, ce nom, nouveau pour les Israélites, était déjà depuis longtemps usité chez les Assyriens, puisqu’on le trouve mentionné dans les inscriptions de Salmanasar II et d’Assurbanipal, avec celui d’autres tribus araméennes, particulièrement les Nabatéens et les Agaréniens.

III. Géographie. — L’Auran d’Ézéchiel, avons-nous dit, devait comprendre tout le territoire situé entre le lac de Tibériade et les montagnes du Hauran, de l’ouest à l’est, entre Damas et les monts de Galaad, du nord au sud. Pour la province grécoromaine de l’Auranitide, il est impossible, avec les auteurs anciens, d’en fixer nettement les limites. Le plus précis d’entre eux est Josèphe, qui la distingue de la Batanée et de la Trachonitide. Ant. jud., XV, x, 1 ; XVII, xi, 4 ; Bell, jud., i, xx, 4 ; II, xvii, 4 ; et il est probable, d’après ces passages, qu’elle formait une partie du « pays de Trachonitide », Tpa^wvîTiSo ; x^P a » dont parle saint Luc, iii, 1, et qui fut soumis à Philippe ; cf. Ant. jud., XVH, xi, 4. Un historien arabe, Boheddin, Vita et res gestx sultani Saladini, édit. Schultens, Leyde, 1732, p. 70, désigne sous le nom de Hauran toute la région qui s’étend à l’est du Jourdain et au nord du Chériat sl-Mandhoûr (Yarmouk). Actuellement ce nom s’applique à une contrée volcanique, bornée au nord par YOuadi el-Adjem, qui appartient à Damas ; à l’est par le Diret