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ATARGATIS


p. 52. Cf. M. A. Levy, Phônizische Studien, Heft ii, 1857, p. 39 ; Nôldeke, Beitrâge zur Kenntniss der aramàischen Dialehte, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesellsehaft, 1870, t. xxiv, p. 92, 109.

II. Caractères de cette déesse. — Atargatis ne diffère pas au fond d’Astoreth ou Astarthé. Un de ses temples se trouvait dans la ville qui portait le nom même d’Astarthé, c’est-à-dire Astaroth-Carnaïm. Le premier élément de son nom est une contraction de ii^ny, ’Attar

ou’Attor, correspondant à l’hébreu m’Eii, ’Àsfôréf, et au phénicien rnniry, ’Asfarle, avec le durcissement de

la sifflante S en t, selon la loi de la.langue araméenne, et la chute de la terminaison féminine t, comme dans le nom assyrien de la même déesse, Istar. Attar est connue comme une déesse hymiarite, et Strabon, xvi, 27, comme nous l’avons vii, dit formellement qu’elle est la même qu’Atargatis. Voir aussi Hésychius, au mot’AmxfâOn (Lexicon, édit. M. Schmidt, 5 in-4°, Iéna, 1858-1868, t. i, p. 317) ; cf. Justin ( Atarathes), Hist. phil. Epit., xxxvi, 2, édit. Teubner, p. 205 ; J. Halévy, Recherches bibliques, dans la Revue des études juives, 1884, t. ix, p. 182-183. La seconde partie du nom, nny, ’atah, semble signifier « bonne fortune ». Cf. la déesse Ati ÇAti), dans pseudo-Méliton, Corpus apolog. christ., édit. Otto, t. ix, p. 505, 426 ; W. Baudissin, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. i, p. 737 ; M. de Vogué, Inscript, sémit., p. 8, 11 (Palmyre, pi. i, n° 5, ligne 6) ; E. Schrader, Semitismus und Babylonismus, dans les Jahrbûcher fur protestantische Théologie, 1875, t. i, p. 127.

Malgré cette union d’Attar et d’Atti, l’identité primitive d’Atargatis et d’Astarthé n’est pas douteuse. L’une et l’autre

ont à peu près les mêmes

attributs. La colombe leur est

consacrée. Voir, pour Atarga tis-Dercéto, fig. 287, col. 1064. De nombreux monuments

l’attestent pour l’Astarthé

phénicienne. Un cylindre

trouvé en Chypre, par M. di

Cesnola (Salamina, in-4°, Turin, 1887, n » 30, p. 130), d’une longueur de dix-neuf millimètres, représente l’offrande d’une colombe à Astarthé. Un prêtre la reçoit de la main d’une femme, pour la présenter à la déesse. Derrière Astarthé, on voit un lion assis et un griffon ailé (fig. 343). Le lion est mentionné par Macrobe, Saturn., I, 23, 20, édit. Teubner, p. 128, dans la représentation d’Atargatis (Adargatis). Quant aux colombes, la légende en est spécialement rattachée à Dercéto ou Atargatis par les auteurs anciens. Diodore de Sicile, ii, 20, édit. Didot, t. i, p. 96, d’après Ctésias, Fragm., 5, édit. Didot, p. 16 ; cf. Lucien, De syria dea, 14, édit. Didot, p. 736 ; Athénagore, Légat, pro Ckristo, . 30, Patr. gr., t. vi, col. 960. Cf. J. Gilmore, The frag ments of the Persika of

Ctesias, in-8°, Londres,

1888, p. 24-26.

Le poisson était aussi

consacré à Atargatis et à

Astarthé. Les écrivains

grecs et romains, Lucien,

De syria dea, 14 ; Diodore

de Sicile, ii, 4 ; Ovide,

Met., iv, 44-46, disent que

Dercéto était une déesse poisson, comme Dagon était un dieu-poisson, et elle est représentée sous cette forme sur une médaille publiée par J. Swinton, Observations upon five ancient Coins, dans les Philosophical Transactions, t. lxi, 1771, part, ii, in-4°, Londres, 1772, p. 350, pi. xiii, 3. Cf. n » l. Elle tient un poisson dans la main droite et un coquillage dans la main gauche. Malheureusement cette médaille est fruste

343.

Offrande d’une colombe

à Astarthé.

344.

Dercéto.

Dercéto, moitié femme, moitié

poisson. — ^. Une galère et

un cheval ou monstre marin.

et l’interprétation qu’en donne Swinton peut être sujette à quelques difficultés (fig. 344). Cf. aussi J. Eckhel, Doctrina numorum, t. iii, p. 445. D’après les fables conservées par les Grecs, Dercéto, séduite par la beauté d’un jeune homme qu’elle remarqua parmi ceux qui lui offraient des sacrificeSj en eut une fille qui devint la célèbre Sémiramis. Honteuse de sa faute, elle fit disparaître le père, relégua l’enfant dans une solitude où elle fut nourrie par des colombes, et se précipita elle-même, près d’Ascalon, dans un lac où elle fut changée en poisson. Diodore de Sicile, ii, 4. Une autre forme de la légende raconte que Dercéto, étant tombée dans un lac, fut sauvée par un poisson, d’où le culte rendu aux poissons par les Syriens. Hygin, Astron., ii, 30, 41 ; Ératosthène, Catasterism., 38 ; Strabon, xvi, 27, p. 667. Cf. Cicéron, De nat. deor., 6 ; Athénée, Deinosoph. r vin, 37 ; Ovide, Métam., IV, 44-46 ; Selden, De diis syris, n, 3. Atargatis -Dercéto était donc devenue la force fécondante des eaux divinisées. Elle était souvent associée au dieu Hadad. Macrobe, Saturn., i, 23 ; Bulletin de correspondance hellénique, 1882, t. vi, p. 481-489, 495-500. III. Culte. — Le culte d’Atargatis était particulièrement célèbre à Ascalon (voir Ascalon, col. 1064). Cette déesse 845. — Temple d’Astarthé.

avait aussi un temple renommé à Hiérapolis ou Bambyce. Strabon, xvi, 27, p. 667. Cf. Pline, H. N., v, 23 (19), 81 ; J. A. Nickes, De Estherx libro, 2 in-8°, Rome, 1856-1858, t. i, p. 326. On l’honorait également à Palmyre. M. de Vogué, Inscript, sémit., p. 8. Le second livre des Machabées, xii, 26 (grec), nous apprend qu’elle avait un temple à Camion, c’est-à-dire, d’après l’explication commune, à Astaroth-Carnaïm, ville qui tirait son nom de celui de la déesse.

Ce qu’était le temple de Camion, aucun document antique ne nous le fait connaître. Nous pouvons cependant en avoir probablement quelque idée, grâce aux découvertes, de Mycènes. Parmi les objets trouvés par M. Schliemann dans les tombeaux de l’acropole de Mycènes, figure un petit modèle en or d’un temple d’Astarthé, travaillé au repoussé. H. Schliemann, Mycènes, in-8°, Paris, 1879, p. 349 ; cf. L. von Sybel, Weltgeschichte der Kunst, in-4°, Marbourg, 1888, p. 58. Le symbole de la déesse est représenté dans.les trois niches qui figurent l’intérieur du. sanctuaire ; deux colombes aux ailes déployées sont perchées sur deux colonnes placées au-dessus des deus