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ATAD — ATARGATIS


expressément que les Chananéens furent témoins du deuil des enfants de Jacob, Gen., l, -11, ils supposent qu’ils voyaient de la plaine occidentale ce qui se passait de l’autre côté de la rivière. Fr. Delitzsch, Die Genesis, 2e édit., 1853, t. ii, p. 162. Cette explication est forcée. Le sens naturel du texte est que les cérémonies funèbres s’accomplirent au milieu des Chananéens. On comprend sans peine que ce soit aussitôt après être entrés dans la terre de Chanaan que les enfants de Jacob lui rendirent les devoirs funèbres. L’expression be'êbér ne contredit pas cette explication, car cette locution ne signifie pas nécessairement « à l’est » du Jourdain ; et signifierait-elle toujours « au delà, » dans le cas présent pour ceux qui venaient d’Egypte, « au delà du Jourdain, » c'était la terre de Chanaan. Mais, en réalité, be'êbér n’avait pas une signification très précise et rigoureusement déterminée. Cf. Num., xxxii, 19 ; Deut., iii, 20, 25 ; xi, 30. Aussi beaucoup de géographes et de commentateurs n’hésitent-ils pas à reconnaître que l’aire d’Atad était à l’ouest du Jourdain. Raumer, Palâstina, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1838, p. 175 ; Ritter, Erdkunde, t. xv, p. 544 ; J. Lamy, Commentarium in librum Genesis, 2 in-8°, Malines, 1884, t. ii, p. 400, etc. D’après une tradition ancienne, attestée par saint Jérôme, De situ et lac. heb., t. xxiii, eol. 863, l’aire d’Atad était à deux milles du Jourdain, à trois milles de Jéricho, au lieu appelé de son temps Bethhagla. Voir Bethhagla. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 58-59. On ne peut dire que l’identification de l’aire d’Atad et de Bethhagla soit certaine ; mais de toutes celles qui ont été proposées, elle paraît la plus acceptable. — Aujourd’hui subsiste encore, en Syrie, la coutume de pleurer les morts pendant une semaine et de placer le corps sur une herse à battre le blé, dans une aire située à l’ouest du village, au milieu d’une tente de peaux de chèvres noires ; c’est là que les parents lui rendent les devoirs funèbres. Voir Wetzstein, Die syrische Drechstafel, dans la Zeitschrift fur Ethnologie, 1873, p. 294-302. Ci. Ritter, Erdkunde, t. xv, p. 544. F. Vigouroux.

2. 'ÂTÂD, nom hébreu d’un arbuste épineux, nommé Jud., ix, 14, 15, et Ps. lviii (lvh), 10, et dont l’identification est douteuse. Septante : pâu.voç ; Vulgate : rhamnus. Voir Lyciet et Rhamnls.

    1. ATARA##

ATARA (hébreu : 'Âtârâh, « couronne ; » Septante : 'Aiâpct), deuxième femme de Jéraméel, fils aîné d’Hesron, et mère d’Onam. I Par., H, 26.

    1. ATARGATIS##

ATARGATIS, déesse adorée par les Philistins, les Phéniciens, les Syriens, et appelée aussi Dercéto. Elle n’est pas nommée dans la Sainte Écriture, mais le texte grec de II Machabées, xii, 26, parle d’un temple qui lui était consacré et qui portait son nom, Atargatéion ('AtapyaTeïov ; Codex Alexandrinus : 'ATepyafsïov).

I. Nom. — Les écrivains grecs, par lesquels cette déesse nous est surtout connue, écrivent diversement son nom : 'AtapfâTi ?, 'ATEpyâTtç (l’orthographe Atargatis doit être préférée à celle d’Atergatis, d’après les monuments épigraphiques), AepxîTû. Le nom de Dercéto ne diffère guère de celui d’Atergatis que par l’absence de l’a initial, et par le changement des consonnes de même nature, d et t, g et k ; il en est une forme abrégée. « On appelait aussi Atargatis Athara ('Adâpav) ; Ctésias l’appelle Dercéto, » dit Strabon, XVI, 27, édit. Didot, p. 667. « Prodigiosa Atargatis, dit Hine, H. N., v, 23 (19), 81, Gratis autem Dercéto dicta. » Une inscription votive, trouvée à Astipalya, sur un petit autel rectangulaire en marbre blanc, porte : ANTI0X02 | KAI | ETII0P02 | ATAPrATEITI | ANE9HKAN, « Antiochus et Eupore ont consacré [cet autel] à Atargatis. » Bulletin de correspondance hellénique, 1879, p. 407. (Voir ibid., p. 407-408, les autres monuments êpigraphiques grecs reproduisant le nom d' Atargatis, et ibid., 1882, p. 479-489, 495-500, les inscriptions

du temple des dieux étrangers à Délos, consacrées au dieu Adad ou Hadad et à la déesse Atargatis.)

L'étymologie du nom d’Atargatis est fort discutée. Plusieurs orientalistes veulent y trouver le poisson comme élément. J. Selden, De diis syris syntagmata duo, ii, 3, in-12, Londres, 1617, p. 178 ; Fr. Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Vôlker, 2e édit., 4 in-8°, Leipzig et Darmstadt, . 1819-1821, t. ii, iv, 12, p. 76-77, y voient les deux mots 3T tîn, 'addir ddg, « grand

poisson. » — Gesenius, Commentar ûber den Jesaia, 1821, t. ii, p. 342, le décompose en Ta-h », 'âdér gad, « grandeur de félicité. » — Movers, Phônizier, 1. 1, p. 584 ; Michælis, Lexicon syriacum, 1788, p. 975-976, et L.W. Grimm, Das zweite JBuch der Makkabâer, 1857, p. 179, croient que l’a initial ne fait pas partie intégrante du nom, qui, est écrit, en chaldéen, dans le Talmud, Aboda zara, f. Il b,

NnyiP, 41r ata, en syriaque IK^il » (era’fo, ou I, « y i), tar’fo', dans Jacques de Sarug (voir P. Martin,

Discours de Jacques de Saroug, dans la Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellschaft, 1875, t. xxix, p. 132) T et ils pensent que la signification du nom d’Atargatis. est celui de ce mot araméen, c’est-à-dire « fente, ouverture », ce qui peut être rapproché de la coutume mentionnée par Lucien, De syria dea, 12, 13, édit. Didot, p. 735-736 ; il raconte que-de nombreux pèlerins se rendaient deux fois par an au temple de la déesse, à Hiérapolis, pour verser de l’eau dans l’ouverture d’un gouffre (xàtr[ia), par où, disait-on, s'étaient écoulées autrefois toutes les eaux du déluge. Mais ni la forme talmudique ni la forme employée par Jacques de Sarug ne sont exactes. Les Inscriptions découvertes pendant ces dernières années nous ont révélé la véritable orthographe d’Atargatis. Sur les monuments de Palmyre, elle est appelée rmyiny, ce qu’une inscription bilingue de Palmyre qu. I, n° 3, ligne 4) rend en grec par [AraplfaTec. (De Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1868, p. 7, pi. I. Cf. Waddington, Inscriptions grecques et latines de Syrie, in-f », Paris, 1870, n » 2588, p. 596 ; Corpus inscriptionum

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342. — Atargatis.

(IflO^nO (iTWmy). Atargatis, vue de face, avec une haute.

couronne ornée de quatre cercles et de quatre fleurons en acrqtères, lea cheveux nattés tombant sur ses épaules, et un

collier. — fy qq^q^u ("I" ! ~ 137). AbdHadad, prêtre d' Atargatis, barbu, debout, à gauche, coiffé d’un bonnet conique, vêtu d’une longue robe, la main droite levée devant un thymiatérion, sous un toit supporté par deux colonnes.. Pièce fourrée, frappée à Hiérapolis (Bambyce) vers le temps* de l’arrivée d’Alexandre en Syrie.

grœcarwn, n" 4480). Sur une monnaie syrienne, on re-~ marque une légère variante inviny (fig. 342). De Luynes, Essai sur la numismatique des satrapes, 1846, texte, p. 39, et pl.v ; Blau, Beilràge zur phônikischenMùnzkunde, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesellschaft, 1852, t. vi, p. 473-474 ; A. de Longpérier, Monuments antiques de l’Asie, dans le Journal asiatique, octobrenovembre 1855, p. 428 ; Id., Œuvres, édit. Schlumberger, 3 in-8°, Paris, 1883, 1. 1, p. 187. Il résulte de là que le nom. d’Atargatis se compose de deux éléments : in ? et rtny, . comme l’avait supposé H. Ewald, Erklârung der grosse », phônikischen Inschrift von Sidon, in-f°, Gœttingue, 1856, .