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ASTARTHE — ASTRAGALE


xiv, 24 ; xv, 12-13 ; IV Reg., xxiii, 6-7 ; Ose., iv, 13-14. Le culte de l’Astarthé chananéenne, rappelant qu’elle était à la fois divinité de la guerre, de la destruction et de la fécondité, était cruel et voluptueux. Le sang coulait dans ses fêtes ; il y avait des victimes humaines, comme dans celles de Moloch. Lucien, De syria dea, 10, a décrit le temple de la déesse syrienne à Hiérapolis et certaines cérémonies. À la fête du Printemps ou des Flambeaux, qui attirait un grand concours de peuple, on brûlait de gros arbres portant les offrandes ; puis on enfermait des enfants dans des outres, et on les précipitait du haut des murailles en criant : « Ce sont des veaux, non des enfants ! » Au bruit étourdissant des cymbales, des flûtes et des chants, les prêtres dansaient et se meurtrissaient les bras. Les spectateurs, emportés par le même délire, finissaient par les imiter et se mutilaient avec des tessons semés à cet effet dans l’enceinte sacrée. Les auteurs anciens nous renseignent aussi sur le caractère impur du culte de l’Astarthé phénicienne. Certains de ses temples, comme celui d’Aphéca, dans le Liban, détruit par ordre de Constantin, étaient de vrais repaires d’immoralité. Eusèbe, Vita Const., iii, 55, t. xx, c. 1120. Les Phéniciens sacrifiaient à leur déesse l’honneur de leurs filles ; S. Augustin, De Civit. Dei, ii, 4, t. xxxvii, p. 50. Là même où on la vénérait sous son aspect chaste, comme par exemple la Vierge céleste à Carthage, certaines cérémonies donnaient lieu à des représentations licencieuses dont parle saint Augustin, De Civit. Dei, ii, 26 ; iv, 10, t. xxxvii, p. 75, 121. L’inscription phénicienne trouvée à Chypre, en 1879, près de Larnaka (Citium), nous présente un compte mensuel dans lequel figure }e personnel d’un temple d’Astarthé, Corp. inscript., 1. 1, n. 86 ; nous y voyons mentionné le prix qu’ont gagné les courtisanes sacrées appelées 'alamof, « les aimées, » et aussi les hommes désignés sous le nom de chiens, comme dans Deut., xxiii, 18. Nous comprenons mieux par là l’importance des prescriptions par lesquelles Dieu a voulu empêcher l’introduction de tels usages dans son culte chez les Hébreux.

Voir J. Selden, De dits syris, ii, c. 2, édit. de 1680, p. 157 et suiv. ; D. Calmet, Dissertation sur les divinités phéniciennes, en tête du Comment, sur les juges ; Movers, Die Phônizier, 1841, t. i, p. 559 et suiv. ; J. J. Dœllingcr, Paganisme et judaïsme, trad. franc., , 1858, t. ii, p. 241 et suiv. ; F. Lajard, Recherches sur le culte de Vénus, in-4°, Paris, 1837-1848 ; de Vogué, Mélanges d’archéologie orientale, Paris, 1868, p. 41 et suiy. ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., 1889, t. iii, p. 257 et suiv. ; Fr. Bâlhgen, Beitràge zur semilisch Religionsgeschichte, der Gott Isræls und die Gbtter der Heiden, 1888. J. Thomas.

ASTÈRE. Voir Astéiuus.

1. ASTÉRIU S, philosophe arien, vivait sous l’empereur Constance (337-361). Il était d’origine païenne, né en Cappadoce, d’après le plus grand nombre. Voir Socra te, H. E., i, 36, t. lxvii, col. 172 ; Sozomène, H. E., ii, t. lxvii, col. 1029 ; J. A. Fabricius, Biblioth. grseca, édit. Harless, t. ix, p. 519. Quelques historiens croient qu’il était de Scythopolis. Voir S. Jérôme, Ep. lxx, 4 ; cxii, 20 „t. xxii, col. 667, 929. C'était un disciple de saint Lucien d’Antioche (Socrate, H. E., i, 36 ; Philostorge, H. E., ii, 14, 15 ; iv, 4, t. lxv, col. 477, 520), et il appartient à l'école exégétique de cette ville. (Voir Antioche [École exégétique d'], col. 683.) Il tomba dans l’hérésie, fut l’ami personnel d’Arius et en défendit les erreurs par la parole et par la plume. S. Athanase, Orat. contr. Arian., ii, 28, t. xxvi, col. 205, etc. ; cf. col. 1473. Il écrivit, au témoignage de saint Jérôme, De vir. Ut., 94, t. xxiii, col. 698, des commentaires sur les Psaumes, les Évangiles et l'Épître aux Romains, qui eurent une grande réputation dans son parti. Tous ses ouvrages sont perdus ; il ne nous en reste que l’Exposition du Psaume ir, que Montfaucon a publiée en grec et

en latin dans la Nova Collectw Patrum et scriptorum graxorum, Paris, 1706, t. i, p. 28-30. Voir H. Kihn, Die Bedeutung der antiochenischen Schule, in-8°, Wissembourg, 1866, p. 50 ; Ph.Hergenrôther, Die antiochenische Schule, in-8°, Wurzbourg, 1866, p. 15.

2. ASTÉRIUS (saint), orateur grec contemporain de saint Jean Chrysostome, mort vers 410, métropolitain d’Amasée, dans le Pont. Il avait eu pour maître un Scythe très versé dans la littérature grecque. Il ne reste de lui que des homélies, au nombre de vingt et une, dont huit sur les psaumes v, vi et vii, et six sur divers sujets bibliques : Lazare et le mauvais riche, Daniel et Susanne, etc. Astérius a étudié Démosthènes, Homil. xiï, t. xl, col. 353. Il est avant tout orateur. La pensée est juste, le style limpide. L’auteur sent très vivement, s’exprime avec énergie, et s'élève parfois jusqu'à la véritable éloquence. Son orthodoxie n’a jamais été contestée. En Orient, son crédit fut grand et durable. Son autorité fut surtout mise en avant pour réfuter les iconoclastes (Mansi, Conc, t. xiii, p. 15-18). Photius à longuement analysé ses principales œuvres. Bibl. cod., 271, t. civ, col. 201-223. Voir Migne, Patr. gr., t. xl, col. 155-487 ; J. Fessier, Institutiones Patrologise, édit. B. Jungmann, 1890, t. i, p. 623.

J. Gondal.

3. ASTÉRIUS Turcius Rufius Apronianus, patricien qui fut consul en 494 (en Occident) avec Flavius Prsesidius (en Orient). Il publia plusieurs poèmes de Sédulius, entre autres la Collatio Veleris et Novi Testamenti, en vers élégiaques. Certains critiques, comme les éditeurs de la Bibliotheca Patrum, t. ix, p. 464, ont attribué ce poème à Astérius lui-même. Voir SÉDULrus et cf. Migne, Patr. lai., t. xix, col. 486-493.

    1. ASTORETH##

ASTORETH (hébreu : 'AStôréf), forme hébraïque du nom de la déesse des Phéniciens, appelée Astarthé et Astaroth dans la Vulgate. Astaroth est le pluriel d’Astoreth. Le singulier n’est employé que trois fois dans le texte original, I (III) Reg., xi, 5, 33 ; II (IV) Reg., xxiii, 13. Voir Astarthé.

ASTRAGALE. Plante de la famille des légumineusespapilionacées, qui produit probablement le nek'ôf (Septante : èu|j.tdi[j.ctTa, 8u[iîa[i.a ; Vulgate : aromata, storax), dont il est ( question Gen., xxxvii, 25, et xliii, 11. Les astragales sont des herbes ou petits arbrisseaux trapus, très rameux, au port extrêmement variable ; les feuilles, composées pennées ou digitées trifoliolées, sont assez ; souvent armées de piquants ; les fleurs, jaunes, blanches, roses ou pourprées, disposées en épis axillaires ou terminaux, ont un calice à cinq dents, une corolle papilionacée à carène obtuse ; le fruit, en forme de gousse, a deux loges séparées par une fausse cloison provenant de la suture dorsale. Ce genre compte un grand nombre d’espèces, dont soixante-dix environ ont été trouvées en Palestine ou dans les pays limitrophes. Voir Tristram, Survey of Western Palestine, Fauna and Flora, p. 282-287. Toutes ces espèces ne produisent pas des sucs gommeux, mais seulement quelques-unes, entre autres VAstragalus verus de la Perse, de l’Arménie et de l’Asie Mineure ; VAstragalus Creticus de l’Ile de Crète et de l’Ionie (fig. 339), et les espèces Aristatus, Parnassi, Microcephalus, Strobiliferus, etc. Pour VAstragalus tragacantha, c’est par erreur que Linné lui attribue la propriété de produire de la gomme ; le nom d' « adragante » vient cependant du nom de cette espèce par altération. Une espèce de Syrie donne un produit similaire, la gomme pseudoadragante : c’est le Gummifer, qui croît dans le Liban (fig. 340). Cf. Gandoger, Flora Europse, t. vi (1886), p. 26. On en trouve aussi sur la variété ou espèce voisine, le Roussseanus, qui pousse dans les plaines arides du nord de la Palestine. Sur deux espèces très rapprochées répandues en Syrie, le Kurdicus et le Stromatodes, les indigènes recueillent également une gomme, qu’ils appellent aintab.