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ASSYRIE — ASSYRIENNE (LANGUE)

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retombe à peu près également sur tous les peuples de la haute antiquité. Au point de vue politique, l’Assyrie joua un rôle prépondérant dans la formation des grands empires asiatiques, dans lesquels la force armée servait, volontairement ou à son insu, à étendre les relations de peuple à peuple et à propager la civilisation. Au point de vue commercial, industriel ou artistique, elle entretint d'étroites relations avec la Syrie, la Phénicie, les colonies grecques de l’Asie Mineure, les Héthéens et l’Arménie, de sorte que son influence se fit sentir jusqu’en Europe ; directement ou indirectement, elle marqua de son empreinte les origines de l’art grec. L’art assyrien, sans être parfait, produisit des œuvres remarquables. C’est aussi de la Mésopotamie que vinrent aux Grecs les rudiments de presque toutes les sciences, non seulement à l'époque de la conquête de Babylone par Alexandre, mais dès leurs premiers établissements en Asie Mineure. Enfin il ne faut pas oublier que c’est surtout grâce aux scribes assyriens et à leurs tablettes d’argile que la littérature si considérable et si intéressante de cette époque, tant babylonienne qu’assyrienne, nous a été conservée ; comme c’est aux sculpteurs de Ninive, de Khorsabad, de Chalé et d’Assur, bien plus, qu’a ceux de Babylone, que nous devons des trésors archéologiques incomparables : et l’on se sentira porté à se montrer moins sévère pour l’empire des Assyriens.

Voir, outre les auteurs indiqués pour chaque règne ou chaque événement particulier : H. Rawlinson, Outlines of Assyrian History from the inscriptions of Nineveh, Londres, 1852 ; G. Rawlinson, The five great Monarchies of the ancient Eastern warld, Londres, 1879, t. i et n : Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, Excursus on chronology, t. ii, p. 160-175 ; J. Oppert, Histoire des empires de Chaldée et d’Assyrie, d’après les monuments, Paris, 1866 ; Sayce, Synchronous history of Assyria and Babylonia, Londres, 1873 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, traduites et mises en ordre sur le texte assyrien, Paris, 1874 ; G. Smith, The Assyrian Eponym Canon, Londres, 1876 ; Assyria, from the earliest times to the fall of Nineveh, Londres, 1877 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1885-1887 ; Fr. Hommel, Geschichte Babyloniens und Assyriens, 1885 ; Tiele, Babylonisch - assyrische Geschichte, Gotha, 1886-1888 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1886. Voir les textes, transcriptions, traductions, dans The Cuneiform Inscriptions of Western Asia ; Transactions and proceedings of the Society of Biblical Archseology, Londres ; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, Berlin, et dans les autres collections indiquées ci - dessus.

E. Pannier.
    1. ASSYRIEN##

ASSYRIEN, habitant de l’Assyrie. La Vulgate emploie très souvent ce mot, mais il n’a pas d'équivalent direct dans le texte original. L’hébreu emploie sans exception le mot 'Assur, pour désigner soit l’Assyrie, Gen., ii, 14, etc., soit collectivement ceux qui l’habitent. Is., xix, 23, etc. Notre version latine a emprunté le mot ethnique « Assyrie » aux Septante, qui ont aussi fréquemment traduit l’hébreu 'Assûr par 'Aærupt’o ; . Gen., ii, 14 ; xxv, 18, etc. Voir Assyrie.

    1. ASSYRIENNE##

ASSYRIENNE (LANGUE). L’assyrien fait partie de la famille des langues sémitiques. Cette famille de langues, ainsi désignées parce que la plupart des peuples qui les parlaient sont issus de Sem, Gen., x, 21-31, se partage en deux groupes : le groupe sémitique du nord et le groupe sémitique du sud. L’assyrien appartient au groupe du nord. Il a sa place marquée entre l’hébreu et l’araméen ; plus voisin cependant de l’hébreu que de l’araméen, qui déjà, par la dentalisation des sifflantes, se rapproche davantage de l’arabe, et peut être regardé comme la transition entre les idiomes du nord et les idiomes du sud.

On a distingué en assyrien deux dialectes : le dialecte ninivite et le dialecte babylonien, qui présentent entre eux certaines différences : par exemple, la confusion en babylonien des consonnes fortes et des consonnes douces b et p, d et f, s et z, k et g. Ainsi qu’on le voit, le terme de « langue assyrienne » est impropre, l’Assyrie n’ayant jamais servi à désigner, dans l’histoire, que le royaume qui eut pour capitale Ninive. Le terme de langue assyrobabylonienne conviendrait mieux. Cette dénomination aurait le double avantage de répondre à la fois à la séparation des dialectes et à leur distribution géographique elle-même.

I. Extension. — La langue assyro-babylonienne était parlée à Ninive et à Babylone, tout le long des rives du Tigre et de l’Euphrate, depuis le golte Persique jusqu’aux montagnes d’Arménie.

IL Durée. — Cette langue nous offre l’exemple d’une vitalité prodigieuse. Sans doute l'état actuel de nos connaissances ne nous permet pas de marquer d’une façon précise ses lointaines origines ; mais du moment où nous pouvons la saisir, c’est-à-dire environ 4000 ans avant J.-C, elle nous apparaît comme entièrement constituée. Historiquement, elle a persisté pendant quarante siècles, presque sans subir de variations. Quand elle eut cessé d'être la langue officielle et ne fut plus employée dans les inscriptions royales, elle demeura longtemps encore la langue courante et servit pour la rédaction des contrats privés. Nous possédons les inscriptions de Sargon d’Agadé, qui, d’après certains documents, remontent peut-être à 3800 ans avant J.-C, et nous trouvons des contrats privés jusque sous les Arsacides, vers la fin du I er siècle de l'ère chrétienne.

III. Écriture. — Les signes qui ont servi à l’expression de la langue assyro-babylonienne se rattachent à un système d'écriture absolument différent de celui des autres langues sémitiques. Tout d’abord leur origine est diverse. L'écriture phénicienne et, par son intermédiaire, la plupart des écritures sémitiques, dérivent du système hiéroglyphique des Égyptiens. Voir Alphabet. L'écriture assyrobabylonienne, au contraire, procède directement du système hiéroglyphique des Chaldéens. De cette diversité d’origine découlent des différences multiples, soit dans la direction de l'écriture, soit dans la forme extérieure et la structure intime des signes. D’abord l'écriture assyrobabylonienne se lit non plus de droite à gauche, mais de gauche à droite. En outre, les caractères qui la composent ne sont pas formés de traits et de ligatures diversement combinés, mais d’un élément unique, le clou ou

coin, |, *_—, produisant, suivant la disposition et le

nombre même des éléments, des assemblages plus ou moins complexes : d’où le nom de cunéiformes, donné aux écritures de ce type. Enfin ces signes sont syllabiques, c’est-à-dire qu’ils expriment un groupe de lettres, une voyelle avec une ou plusieurs consonnes, à la différence des signes alphabétiques, qui expriment une seule lettre, une consonne ou une voyelle. Quelquefois ils sont purement idéographiques, c’est-à-dire qu’ils reproduisent l’objet lui-même, soit directement, soit indirectement au moyen d’un symbole. Par suite, le syllabaire assyrobabylonien est bien autrement compliqué que l’alphabet phénicien. Il ne comprend pas seulement vingtdeux consonnes, mais bien plusieurs centaines de signes, représentant des syllabes ou des idéogrammes, le plus souvent l’un et l’autre à la fois. Comment s’est produite une telle complication, il est aisé de l’expliquer. En effet, à chaque hiéroglyphe répondait primitivement un mot unique ; mais, par un besoin de simplification, i le même signe ne tarda pas à désigner plusieurs mots l synonymes ou de sens voisin. De ces valeurs idéographiques elles-mêmes dérivèrent des valeurs syllabiques simples ( une consonne précédée ou suivie d’une voyelle : ab, ki, ru) ou complexes (une voyelle comprise entre