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ASSYRIE


ces psaumes assyriens finissent par dégénérer en exorcismes et en formules magiques. — Les offrandes, mentionnées dans Daniel, wv, 2, et Baruch, vi, 9-42, sont fréquemment énumérées dans les inscriptions cunéiformes ; « lies consistaient surtout en encens et parfums, aliments et liquides, vêtements et bijoux, à l’usage des dieux et de leurs ministres. — Enfin les bas-reliefs et les cylindres

319. — Le roi Assurnasirpal offrant une libation. Bas-relief du Musée Britannique. Hauteur : 2 mètres 61.

gravés, non moins que les inscriptions, nous ont familiarisés avec les libations (fig. 319) et les sacrifices d’animaux (fig. 320), y compris les produits de la chasse (fig. 321) et delà pêche, qui sont souvent offerts aux dieux. On les faisait devant le naos ou tabernacle sous lequel trônait l’idole, ordinairement représentée sous la forme humaine et accompagnée d’un symbole, disque solaire, croissant, etc., qui la caractérisait, et coiffée d’une tiare sur laquelle s’enroulent plusieurs paires de cornes ; un autel, généralement assez étroit, permettait de brûler au moins quelques portions choisies de la victime ; sur le devant on voit aussi un chandelier surmonté d’une flamme ou feu perpétuel, comme celui du chandelier à sept branches dans le temple de Jérusalem ; on y voit également une sorte de table de proposition pour déposer les offrandes

( fig. 321 et 322) ; à l’entrée on remarque un grand vase, une sorte de mer d’airain, pour l’eau lustrale. Les sacrifices étaient accompagnés de musique instrumentale et du chant des psaumes. Non loin du temple il y avait généralement une pyramide ou tour étagée, consacrée aux observations astronomiques ou astrologiques. Le roi était le chef de la religion ; mais il y avait pour les fonctions du culte différents ordres de prêtres, sur lesquels nous n’avons pas encore de renseignements bien certains. Quant aux sacrifices humains, leur existence n’est pas également admise par tous les assyriologues. Il faut évidemment mettre de côté les scènes de carnage qui accompagnaient les guerres, et qui étaient censées accomplies par l’ordre d’Assur, d’Istar, etc., et en leur honneur : ce n'étaient évidemment pas de vrais sacrifices. Le seul texte concluant était donné par Sayce, dans les Transactions of the Society of Biblical Archseology, t. iv, p. 25-29 ; The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iv, pi. 26, n. 7 ; mais le mot uritsu, qu’il traduisait a enfant », parait bien signifier « jeune chevreau ». D’un autre côté, la Bible nous montre cette pratique en usage chez les habitants de Sippar ou Sépharvaïm non loin de Babylone, IV Reg., xvii, 31 ; et un certain nombre de pierres gravées, à usage de cachet ou d’amulette, de date fort reculée et de provenance babylonienne ou chaldéenne, semblent représenter clairement des sacrifices humains (fig. 323). Voir C. J. Bail, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archœology, février 1892, t. xiv, p. 149-153. Toutefois en présence du silence absolu gardé à ce sujet par les annales assyriennes, il faut présumer, jusqu'à découverte de nouvelles inscriptions, que les Assyriens n’empruntèrent pas à la mère patrie cette cruelle coutume, et se contentèrent ordinairement de sacrifier des animaux. Quant aux prostitutions sacrées, elles devaient faire partie du culte d’Istar de Ninive.

A ceux qui accomplissaient toutes les lois morales et religieuses, les textes promettent généralement, de la part des dieux, balatu, unii rukuti, « une vie et des jours longs, » tub libbi, « le bien-être, » etc. Ils avaient cependant l’idée d’une vie future, dans une sorte de Schéol qu’ils nommaient Aralu, asar la amari, e-kur-bat, « l’Aral, le lieu où l’on ne voit pas, la maison du pays des morts. » Cette région souterraine est décrite, ainsi que ses habitants, dans la Descente d’IStar aux enfers. C’est « le pays d’où il n’y a pas de retour, — dont les habitants, privés de lumière, — ont la poussière pour nourriture, la boue pour aliment ; — là demeurent les anciens possesseurs de couronnes, — les porteurs de couronnes qui dominaient la terre aux temps antiques ; — là demeurent les gardiens de l’abîme des grands dieux ». Toutefois le sort de tous les défunts n’est pas le même : quelquesuns, comme Isdubar-Gilgamès et son ami Éa-bani, vont habiter un séjour de bonheur ; Ilasis-Adra habite dans l’assemblée des dieux, suivant l’auteur du même poème d’Isdubar ; enfin, dans plusieurs poèmes, on demande d’habiter « la montagne du ciel d’argent » : ces textes et d’autres analogues semblent indiquer, outre l’idée claire de la survivance de l'âme, la croyance au moins confuse à une certaine rétribution.

Quant aux cadavres et aux tombeaux, on n’en a guère trouvé en Assyrie ; il est à croire que l’on tenait à envoyer ses morts en Chaldée, comme les Persans modernes envoient de bien loin leurs morts à Nedjef et à Kerbela : c’est ce qui explique le nombre incalculable de tombeaux, — petits caveaux, jarres ou même plateaux et étuis en terre cuite de différentes formes, servant de cercueil, -— que l’on retrouve empilés les uns sur les autres jusqu'à former de vraies collines, particulièrement à Mughéir, l’ancienne r des Chaldéens (fig. 324 et 325), à Warka, l’ancienne Arach. À côté du mort enveloppé de bandelettes enduites de bitume, étendu sur une dalle de terre cuite ou emboîté dans sa jarre, on plaçait les objets à son usage, cachet, armes, bijoux, avec un peu de nourriture (fig. 325).