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ASSYRIE


du Juif méridional : Iront droit peu élevé, nez aquilin souvent un peu épais et recourbé par le bas, bouche assez forte aux lèvres épaisses, menton plein et rond, chevelure et barbe généralement abondantes, et toujours très soignées chez les Assyriens. Leur taille est moyenne ; leurs formes trapues et leurs muscles très accusés indiquent une grande force physique (fig. 314). Ils paraissent donc différer assez notablement des Babyloniens, que les cylindres sculptés représentent communément grands et maigres (fig. 31E), particularités qui, à la vérité, semblent, dans bien des cas, exagérées par l’inexpérience des graveurs. — Les deux peuples se distinguaient davantage par

l'Écriture, qui nous représente la civilisation assyrienne, sinon la population de l’Assyrie elle-même, comme originaire de la Babylonie ou du Sennaar, où vivaient, mélangés plus ou moins intimement, des descendants de Cham et des Sémites. Il est certain que la langue assyrienne était la langue vulgaire de la Babylonie, avec un peu de rudesse en plus. L'écriture, les arts, les sciences, les lois, la religion, étaient de provenance babylonienne ; l’emprunt était surtout frappant pour l’architecture. Dans l’Assyrie, pays élevé et montagneux, où le bois et la pierre se trouvaient en abondance, dont les ressources et les exigences étaient tout autres que celles des plaines d’alluvion de la

314, — Soldats assyriens. Botta, Monument Se Ninive, t. ii, pi,

le côté intellectuel et moral ; les Assyriens ormaient un peuple de soldats, moins livré aux études et au commerce, mais plus porté à la rapine et à la violence, ami de la guerre et des expéditions lointaines, qu’ils renouvelaient presque chaque année ; d’une énergie persévérante, sauvage et cruelle, mutilant, détruisant, ravageant et brûlant tout ; empalant, aveuglant ou mettant en pièces les rebelles ; pratiquant sur une large échelle le système de la déportation en masse, auquel les inscriptions cunéiformes et l'Écriture font de fréquentes allusions. Au retour, les rois faisaient consigner dans leurs inscriptions et représenter sur les bas-reliefs de leurs palais toutes ces scènes de carnage. Voir J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 70, 71, 72 et passim.

C’est bien avec ce caractère que les prophètes nous ont dépeint le peuple assyrien : Is., x, 7-14 ; xxvii, 24-28 ; xxviii, 2 ; xxxiii, 8-19 ; Nah., iii, 1 ; Ezech., xxxi, 1-11. Quant aux récits des historiens grecs, principalement de Ctésias, qui lui attribuent les mœurs efféminées de Ninyas et de Sardanapale, ils sont infirmés par les résultats des découvertes assyriologiques.

La science confirme également la seconde assertion de

basse Mésopotamie, on avait conservé par routine les procédés babyloniens, l’usage des tertres artificiels, l’usage restreint de la pierre, les murs épais d’argile crue ou cuite, les pyramides ou tours étagées, les motifs d’ornementation empruntés aux légendes chaldéennes. Ajoutons enfin qu’il suffit d'étudier la marche de la civilisation assyrienne pour arriver à la même conclusion : la capitale fut Assour, puis Calach, en dernier lieu Ninive et Khorsabad ; cette marche ascendante du sud au nord montre clairement quel en fut le point de départ.

Cette civilisation finit toutefois par prendre, à la longue, une physionomie un peu particulière : l’architecture apprit à faire un usage moins rare de la pierre ; au lieu de l’enduit et des moulures géométriques de Babylone, les palais assyriens se revêtaient de plaques d’albâtre, travaillées et. bas-reliefs, et représentant des scènes religieuses, militaires, des chasses, etc., ou couvertes d’inscriptions cunéiformes, véritables annales qui conservaient l’histoire de chaque règne. Jusqu’aujourd’hui la Babylonie n’a rien fourni de semblable. — Les arts industriels présentent également, en Assyrie, un cachet à part, qui trahit souvent au premier coup d'œil la provenance des objets :