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ASSURBANIPAL — ASSYRIE


Iiers aux copistes. Assurbanipal nous apprend donc, dans ses annales, qu’après la défaite de Samas-ëum-ukin de Babylone, il châtia tous les alliés de ce prince : les Ciliciens et les Lydiens ayant déjà éprouvé l’effet de ses armes (cf. Judith, ii, 12, 15), vint le tour des Aribi, Nabahati, Udumi, Arnmani, Jfaurina, Kidri, nomades Arabes, Nabatéens, Iduméens, Ammonites, du Hauran et de Cédar (cf. Judith, ii, 16, 17 ; iii, 12, 14, 15) ; tout leur pays fut envahi et pillé. Sans nul doute la Palestine, coupable de, la même faute et voisine de ces mêmes peuples, éprouva un sort analogue : un bon nombre de ses cités furent prises et ravagées, comme l’aurait été Béthulie sans le secours de Judith. Le texte sacré appelle le roi ninivite Nabuchodonosor ; nous ne saurions dire s’il y a là une méprise du tvanscripteur, ou si Assurbanipal n’a pas réellement aussi porté ce nom : les textes cunéiformes semblent, en effet, le désigner sous plusieurs noms différents.

Malgré les nombreuses inscriptions laissées par Assurbanipal, nous ignorons comment il employa ses dernières années ; nous savons seulement qu’il renonça à entreprendre une nouvelle campagne contre l’Egypte, probablement après l’issue peu satisfaisante de la campagne de Judée ; mais, au prix de nombreux combats, il avait établi ou maintenu sa domination sur les Biatti, l'Élam, la Babylonie et la Chaldée, la Médie, l’Arménie, la Cilicie et jusqu'à la Lydie. Partout où il rencontrait de la résistance, il employait sur une large échelle le système de la déportation en niasse. Aussi plusieurs auteurs, comme H. Gelzer, Eb. Schrader, Fr. Delitzsch, croient-ils le retrouver désigné encore dans la Bible sous le nom d’Asenaphar, pour Asenapal ou As [ ar-ba ] ne-pal. I Esdr., lv, 2, 10. Mais le texte sacré, ainsi que les noms des peuples transportés, semblent plutôt désigner Asarhaddon ; peutêtre, d’ailleurs, les deux monarques eurent-ils l’un après l’autre leur part dans ces événements. Voir Asénaphar.

Assurbanipal s'était fait construire à Ninive un magnifique palais, exploré principalement par l’Anglais A. H. Layard (1841-1845), l’indigène Hormuzd Rassam (185$1-$2854) et l’Anglais George Smith (1873-1876), qui en ont tiré de riches bas-reliefs, et surtout d’innombrables fragments de tablettes d’argile ou livres assyriens. Ce monarque avait, en effet, rassemblé dans son palais une bibliothèque célèbre, où se trouvaient accumulées toutes les sciences du temps : théologie, histoire, chronologie, géographie, droit, sciences naturelles, astrologie et magie, linguistique, littérature, etc. Pour enrichir cette précieuse collection, il avait fait transcrire les anciens ouvrages de la Chaldée et de la Babylonie. C’est de là qu’on a extrait les récits assyriens de la création, du déluge, et bien d’autres textes fort utiles aux études bibliques. On peut évaluer à trente mille environ les tablettes ou fragments que la bibliothèque d' Assurbanipal a fournis au British Muséum de Londres. Assurbanipal mourut probablement en 625, ou, suivant quelques auteurs, en 646, laissant à son fils Asur-etil-ilani un empire étendu, dont la durée et la puissance semblaient assurées pour longtemps. Cependant Ninive et l’Assyrie étaient alors bien près de leur ruine totale.

Voir, pour les inscriptions, transcriptions ou traductions : The cuneiform inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. xvi-xxxviii ; t. iv, pi. lii-liv ; t. y, pi. i-x ; G. Smith, ilistory of Assurbanipal, translatée from the cuneiform inscriptions, Londres, 1871 ; Samuel Alden Smith, Die Keilschrifttexte Asurbanipals, Leipzig, 1887 ; Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 250-294 ; Records of the past, t. i, p. 55 ; t. ix, p. 37 ; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliotek, t. ii, p. 152-269 ; Schrader -Whitehouse, The cuneiform inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 10, 18, 40, 56 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 263-316 ; Id., Les Livres Saints et la critique rationaliste, &' édit., t. iv, p. 512-516, 570-573 ; Lenormant-Babelon, Histoire an cienne de l’Orient, t. iv, p. 333-378 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., 1886, p. 458-471 ; G. Rawlinson, The fuie great Monarchies, t. ii, p. 200-230. Sur la bibliothèque d' Assurbanipal, voir aussi Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, Paris, 1880 ; G. Smith -Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1-37 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes, 1. 1, p. 175-188 ; Lenormant-Babelon, ouvr. cit., t. v, p. 160-169, 140-148.

E. Pannier.
    1. ASSURIM##

ASSURIM (hébreu : 'Assûrîm ; Septante : 'Aduoupiefjj.), tribu arabe, descendant d’Abraham et de Cétura par Jecsan, leur second fils, et par Dadan, second fils de Jecsan. Elle est nommée deux fois dans l'Écriture, Gen., xxv, 3, et I Par., i, 32, avec les Latusim et les Laomim. Ils devaient habiter dans la partie sud-ouest du Hauran, mais ils n’ont pu être jusqu’ici identifiés (voir Arabie, col. 860). Cf. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 269.

Le nom ethnique 'Asurî (Septante : 'Auspt) se lit aussi II Sam. (II Reg.), ii, 9, dans le texte original. La Vulgate, de même que le syriaque et l’arabe, porte en cet endroit Gessuri. Voir GessurI. Quel que soit le pays qu’il faille entendre par là, il ne s’agit pas, en tout cas, de celui desvssurim. — Le mot 'âsûrîm se trouve aussi dans Ézéchiel, xxvii, 6 (Vulgate : prssteriola, « chambres, cabines » ), mais c’est par erreur que quelques interprètes ont pensé que c'était un nom propre : dans ce passage, il ne peut désigner qu’une espèce de bois, probablement le buis. Voir Buis.

    1. ASSYRIE##

ASSYRIE (hébreu : 'ASSûr, érés 'ASsûr ; Septante : 'AddoOp ; chez les écrivains grecs, on trouve 'Ao-o-vpi’a, 'AToupfa, cette dernière forme correspondant au perse Athurâ, et au chaldéen 'Athur et 'âthur ; Vulgate : Assur, terra Assyriorum, mais jamais Assyria ; textes cunéiformes : mat Ausar, et plus fréquemment mat

ASSur, matvhir, ameliASSurî).~^i >— ►— ^CE ? T ^ : |

I. Géographie. — Ces expressions sont employées par les anciens, et même quelquefois par la Bible, en deux sens bien distincts : au sens large, elles comprennent toute la Mésopotamie, c’est-à-dire tout le bassin du Tigre et de l’Euphrate, l’Arménie exceptée ; la Chaldée et la Babylonie en font alors partie géographiquement, comme elles en ont dépendu politiquement, sous les dernière rois de Ninive. Voir Is., xxiii, 13 ; Jer., ii, 18 ; Lament., v, 6 ; IV Reg., xxiii, 29 ; Judith, i, 5 ; ii, 1 ; I Esdr., vi, 22 ; Zach., x, 10 ; Mich., v, 6 ; Strabon, xvi, 184 ; Ptolémée, vi, 1 ; Hérodote, 1, 106, 192 ; iii, 92 ; Pline, H. N., yi, 26. Mais au sens strict, qui est le plus fréquent dans la Bible, les limites de l’Assyrie étaient beaucoup plus restreintes. Le Tigre et l’Euphrate, à leur sortie des montagnes d’Arménie, laissent entre aux un triangle irrégulier dont ces montagnes forment la base, et au sommet duquel vient se greffer une sorte de losange. Ce losange appartenait à la Babylonie et à la Chaldée ; le triangle renfermait l’Assyrie propre. Elle comprenait à la vérité les deux rives du Tigre ; mais, de l’Euphrate, la rive droite ne lui appartenait pas, non plus que la portion septentrionale de la rive gauche, située au nord du Chabour : là commençait la Mésopotamie araméenne, où les points de rencontre des empires héthéen, mosque et assyrien, formaient unp ligne flottante et indécise. Au sud-ouest, l’Assyrie était bornée par l’Euphrate, qui la séparait du désert de Syrie et d’Arabie ; au sud, par la frontière babylonienne et la forteresse du Dour-Kourigalzou, un peu au nord de Bagdad ; du sudest jusqu’au nord, les chaînes du Zagros, les monts actuels du Kurdistan, la séparaient de la Médie ; au nord, les diverses ramifications du Masius et du Nipnatès, prolongements du Taurus actuel, la séparaient de l’Arménie et de la Commagène. L’aire renfermée entre ces limites (36° 50' à 33° 30' de latitude septentrionale, et 38° à 42° de longitude est de Paris) comprend à peu près