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ASSUÉRUS — ASSURBANIPAL


roi. Il le défit, dévasta la ville et détruisit ses temples. Strassmaier, dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, 19 juin 1891. Ce Sa’mas-Irib est sans doute le Zopire dont parle Ctésias, 53. La cause de cette révolte semble avoir été un outrage commis par Xerxès envers le dieu Bel. En Grèce, il ne s'était pas montré plus respectueux envers l’Apollon de Delphes, dont il tenta de piller le temple.

. - Quand le roi fut revenu à Suse, on lui présenta Esther, le dixième mois de la septième année de son règne (478), Esth., ii, 16, et il la choisit pour remplacer Vasthi. Peu après, Mardochée fit connaître le complot tramé contre la vie du roi par les deux eunuques Bagathan et Tharès, qui voulaient peut-être exploiter le mécontentement causé par les récents désastres. Esth., ii, 21-23. La douzième année du règne (473), Aman, devenu premier ministre, fit décréter le massacre des Juifs ; mais la reine Esther, qui jouissait des bonnes grâces de Xerxès, dévoila la perfidie du ministre, et Aman fut pendu, pendant que Mardochée prenait sa place à la cour. J. Gilmore, Ctesise Persica, 37, conjecture que Mardochée (en hébreu Mordecai) est probablement ce Matacas que Ctésias appelle « le plus grand des eunuques ». Un nouvel édit atténua ensuite dans la mesure du possible celui qui avait prescrit le massacre des Juifs, et qui était irrévocable, d’après la loi du royaume. Esth., iii, 1-x, 3.

Xerxès fut incapable de relever son prestige militaire, à la suite de ses désastres en Grèce. Ceux qu’il avait attaqués ne le laissèrent jamais en repos. La dernière défaite qu’eut à enregistrer l’orgueilleux monarque fut celle de l’Eurymédon, où Cimon battit successivement la flotte et l’armée des Perses, et ensuite la flotte phénicienne (465). Thucydide, i, 100 ; Diodore de Sicile, xi, 61 ; Plutarque, Cimon, 12. « Xerxès vécut assez longtemps pour assister à cette honte ; mais il fut impuissant à la venger, ou plutôt il la sentit à peine… Toutes les horreurs, tous les crimes et toutes les hontes s’accumulèrent dans les dernières années de l’existence de Xerxès. Impuissant et méprisé dans sa propre cour, il fut enfin assassiné par le commandant de ses gardes du corps, l’Hyrcanien Artabane. » Curtius, p. 392. L'Écriture ne présente pas Xerxès sous son plus mauvais jour. Elle fait mention de son luxe, de ses mœurs asiatiques, de sa puissance, qui survécut à ses désastres. Esth., x, 1, 2. Elle se tait sur ses défaites et sur ses débauches, parce qu’elles étaient étrangères à son sujet et que c'était la reconnaissance pour un grand service rendu aux Juifs qui inspirait l’historien sacré. Notons cependant que la trame de la narration biblique trouve sa place sans difficulté dans lhistoire de Xerxès, telle que nous l’ont transmise les écrivains grecs. Voir Esther, et, pour le palais d’Assuérus, voir Palais.

H. Lesêtre.

2. ASSUÉRUS. Le texte grec du livre de Tobie, xiv, 15, nomme un Assuérus ( 'A<7Ô7)po « ) comme conquérant de Ninive. La forme grecque semble corrompue, et être une altération du nom de Cyaxare (perse : UvakSatra), le roi mède qui détruisit l’empire d’Assyrie avec Nabopolassar, roi de Babylone, père de Nabuchodonosor. Voir Cyaxare. Cf. F. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith, in-8°, Leipzig, 1853, p. 69 ; C. Gutberlet, Dos Buch Tobias, in-8°, Munster, 1877, p. 355.

3. ASSUÉRUS, père de Darius le Mède. Dan., ix, 1. Il est confondu avec l’Assuérus de Tobie xiv, 15 (grec), par un certain nombre de commentateurs, et regardé par eux comme étant Cyaxare, roi des Mèdes ; mais cette identification est loin d'être certaine et universellement acceptée. Pour la solution de ce problème historique, voir Darius le Mède.

1. ASSUR, père de Thécua, I Par., iv, 5, dans la Vulgate, qui l’appelle plus exactement I Par., ii, 24, Ashur. Voir Ashur.

2. ASSUR (hébreu : 'Assûr ; Septante : 'Acoo&p ; en

assyrien : -^< *-TJp r ij — j [mat, « terre, pays » ]

'Assur), l’Assyrie. La Vulgate n’appelle jamais l’Assyrie Assyria ; elle lui donne toujours le nom assyrien et hébreu d' Assur, ou bien, s’il s’agit des habitants de ce pays, elle traduit souvent par Assyrius, « Assyrien. » Voir Assyrie et Assyrien.

3. ASSUR (hébreu ; 'ASSûr ; Septante : 'Arooùg). Ézéchiel, xxvii, 23, énumérant les pays ou les villes avec lesquelles Tyr trafiquait, nomme Assur après Saba. On entend par là communément l’Assyrie. Movers, Die Phônizier, t. ii, part, m (1856), p. 252, et, à sa suite, Keil, Ezechiel, 1868, p. 245 ; Trochon, Ézéchiel, 1880, p. 496, etc., ont supposé qu’il n'était pas question ici du royaume de ce nom, mais de la ville de Sura, l’Essuriéh actuelle, dans le district de Palmyre. Elle était située sur la rive droite de l’Euphrate, au-dessus de Thapsaque, sur la route de caravanes qui va de Palmyre par Rusapha (Réseph, Is., xxxvii, 12 ; IV Reg., xix, 12) à Nicéphorium ou Rakka, puis au nord vers Haran, et par un embranchement au sud, le long de la rive du fleuve, dans la direction de Chelmad, en supposant, comme le font les partisans de cette opinion, que Chelmad est Charmandi. Voir Chelmad. Cf. Ritter, Erdkunde, t. xi, p. 1081 ; Chesney, Expédition for the Survey of Euphrates, 4 in-8°, Londres, 1850, t. i, p. 416 ; W. Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, 1857, t. H, p. 1048. L’opinion commune, qui voit l’Assyrie dans le passage d'Ézéchiel, xxvii, 23, est la plus probable.

    1. ASSURBANIPAL##

ASSURBANIPAL (textes cunéiformes :

T ►->— j jCl _. T|, A$ur-ban-apal,

c’est-à-dire « [le dieu] Assur a donné un fils » ; d’où Sardanapallos, pour (Â)sarbanapattos, dans les historiographes grecs ; nommé dans la Bible simplement rex Assyriorum, II Par., xxxiii, 9-13, ou même probablement Nabuchodonosor, Judith, i, 5, etc. ; suivant plusieurs auteurs, c’est aussi ÏAsénaphar de I Esdr., iv, 10 ; le Kandalanou des textes babyloniens, et le KcvïiXaSôcv du Canon de Ptolémée), roi d’Assyrie, de 668 à 625 [?], fils et successeur d’Asarhaddon ("fig. 312). Bien que la Bible ne le mentionne pas expressément par son nom, il est certain, par les inscriptions que ce prince a laissées à Ninive, sa résidence, qu’il fut souvent en rapport avec le royaume de Juda, pendant les règnes de Manassé, d’Amon, et les premières années de Josias. Manassé fut mêlé à deux des principaux événements du règne d’Assurbanipal : la conquête de l’Egypte et la répression d’une révolte de Babylone et de ses alliés.

L’Egypte, déjà soumise par Asarhaddon, n’avait pas attendu la mort de ce prince pour secouer le joug. Tharaca, puis son beau-fils Ourd-Amen, deux princes éthiopiens, en avaient repris possession depuis Thèbes jusqu'à Memphis ; Néchao de Sais, à qui les Assyriens avaient confié le soin de maintenir les différents chefs égyptiens dans le devoir, s'était lui - même révolté : fait prisonnier et conduit à Ninive par les généraux assyriens, il y avait trouvé grâce et recouvré son trône, comme plus tard Manassé de Juda, mais pour périr bientôt par le fait de l'Éthiopien Ourd-Amen.

Assurbanipal fit deux grandes campagnes contre l’Egypte (668 et 663 [?]) ; la première contre Tharaca, la seconde contre Ourd - Amen ; au cours de cette dernière, il prit et saccagea Thèbes, là demeure du dieu Amon, la Nih des textes cunéiformes, la Nô'-'Amôn du texte hébreu deNahum, iii, 7-10, qui fait allusion à cet événement ; il emporta à Ninive les trésors qu’il y trouva, et rétablit encore pour quelques années la domination assyrienne dans la vallée du Nil, sous l’hégémonie de Psammétiqua de Sais, qui avait supplanté Paqrour de Pasoupti. Durant