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ASPALATHE
« Dans la même contrée [en Cypre] croît l’aspalafhe, à

épines blanches, de la taille d’un arbuste, à fleurs de rosier. La racine est recherchée par la parfumerie… La bonne qualité [de cet aromate J se reconnaît à une couleur rousse ou semblable au feu, à son grain compact et à son odeur qui est celle du castoréum. » H. N., xii, 52. Au livre xxiv, 68, Pline dit qu’on le trouve aussi dans l'île de Rhodes.

Ces descriptions des anciens sont malheureusement trop vagues pour qu’il soit possible de déterminer avec certitude quelle était la plante d’où l’on tirait l’aspalathe, Dioscoride et Pline s’expriment avec si peu de précision, qu’on s’est demandé s’ils avaient parlé autrement que par ouï-dire. Le seul point certain qu’on puisse déduire des passages des auteurs anciens, c’est que ce parfum était produit par un arbuste épineux : tous ceux qui en ont

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302. — Myriea aapUta femelle. Fruit entier, coupes et noyau.

parlé, naturalistes, médecins, poètes, sont d’accord làdessus. Platon fait allusion à ces épines comme Théocrite. Pour peindre les tourments des méchants dans l’autre vie, il dit qu’ils seront traînés au milieu des épines des aspalathes. De republ., x, édit. Didot, t. ii, p. 191. Cf. S. Justin, Cohort. ad Grsec, 27, t. vi, col. 292 ; Clément d’Alexandrie, Strotn., v, 14, t. ix, col. 133 ; Eusèbe, Priep. Ev., Mil, 13, t. xxi, col. 1105. Mais ce caractère est insuffisant pour identifier l’aspalathe. Aussi les savants sont-ils très divisés à ce sujet.

De nos jours, on donne le nom d’aspalathe, Aspalathus, à un genre de plantes de la famille des Papilionacées, tribu des Lotées, toutes originaires du cap de Bonne-Espérance.' De Candolle, Prodromus regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. n (1826), p. 136. Il n’existe en Orient aucune espèce de plantes appartenant au genre qu’on appelle aujourd’hui Aspalathe. D’après quelques-uns, l’aspalathe des anciens était une espèce d’aloès. (Voir Aloès, col. 400.) Cf. F. V. Mérat et A. J. de Lens, Dictionnaire universel des matièresmédicales, in-8°, Paris, t. i, 1829, p. 469. Cette opinion n’est qu’une hypothèse sans fondement. — D’après d’autres savants, l’aspalathe est YAspalathus cretica de Linné. Cf. KittOj Cyclopsedia of Biblicàl Literature, 1862, t. i, p. 245. Cette plante, qui forme des touffes buissonnantes extrêmement épineuses et groupées en boules comme un hérisson, semble bien répondre à ce qu’en dit Platon, mais on n’en tire aucun parfum. Elle n’est, au témoignage de JBoissier, Flora jorientalis, t. ii, p. 156, qu’une forme aberrante de VAnthyllis Éermanniæ, petit arbuste très épineux, à fleurs jaunes, à feuilles ovales, étroites, à rameaux touffus, qui croît en Grèce, dans les lies de l’Archipel eten quelques endroits du littoral asiatique de la Méditerranée.

Certains naturalistes pensent que l’aspalathe venait de

l’Inde. Les auteurs arabes, tels qu’Avicenne (Avicennse libri inre medica, 1. ii, tr. 2, c. 211, in-f°, Venise, 1564, p. 295), disent que dar-sisaan est le nom qui correspond en leur langue à aspalathe, et, d’après quelques-uns d’entre eux, cet aromate vient de l’Inde. Or, dans l’Inde, on appelle dar-sisan l'écorce d’un arbre qui porte le nom de kaiful ou kyful. Il croit à l'état sauvage sur l’Himalaya », depuis le Nepaul jusqu’au Setledge. On le cultive aussi dans les jardins. N. Wallich, Tentamen Florse Nepatensis illustratss, in-f, Calcutta, 1824-1826, p. 59, cf. pi. 45, l’a décrit sous le nom de Myriea sa 803. — Convolvulus scoparlus.

pida. C’est un arbre touffu, qui atteint environ trente pieds (neuf mètres) de hauteur, au tronc large, couvert d’une écorce brune, rugueuse et crevassée, à feuilles lancéolées. Les fleurs de l’arbre mâle (fig. 301) sont différentes de celles de l’arbre femelle (fig. 302). Les unes et les autres, en forme de chatons, s'épanouissent en mars ; elles sont blanchâtres, avec de légères teintes roses. Le fruit, de couleur rouge, gros comme une petite cerise, mûrit à l'époque des pluies ; il a un goût acidulé et est rafraîchissant. Le bois est dur, d’un brun foncé. Quand on frotte les feuilles, elles exhalent une odeur aromatique légère et agréable. Les Hindous en estiment beaucoup l'écorce pour ses propriétés aromatiques et médicinales, et on la trouve dans tous les bazars. Voir Enumeration of plants, dans les Asiatic Researches, Londres, 1801, t. VI, p. 380-381. Les descriptions des auteurs grecs et latins ne conviennent certainement pas à cet arbre sans épines et de taille assez grande.

On a aussi proposé d’identifier l’aspalathe avec certaines espèces de genêts qu’on trouve en Orient, entre autres avec le Genista aspalathoides, arbuste épineux, à fleurs d’un jaune d’or, ayant quelque ressemblance avec l’As-