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ARTISANS CHEZ LES HÉBREUX — ARTOP^US

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apprendre la loi et de lui enseigner un état. » Tosaphot in Kidduschin, c. 1. « Quiconque n’enseigne pas un état à son fils, c’est comme s’il lui enseignait le brigandage. » Talm. de Babyl. Kidduschin, 29 a, 30 b. Voir Stapfer, La Palestine au temps de Notre-Seigneur, p. 142. « C’est une belle chose que l'étude de la loi, avec une industrie terrestre par laquelle on se procure son entretien. » Pirke Aboth, 2, 2. Le livre ajoute que cette étude et cette industrie font éviter le péché. C’est pour se conformer à cet usage national, si humblement suivi par Notre-Seigneur lui - même, que les Apôtres, et particulièrement saint Paul, travaillèrent de leurs mains. Act., xviii, 3 ; xx, 34 ; I Cor., iv, 12 ; I Thess., ii, 9 ; II Thess., iii, 8. Il y avait cependant certains métiers moins honorés ou plus rudes, comme ceux d'ànier, de chamelier, de batelier, etc., qu’il était recommandé d'éviter. Kidduschin, 30a, 82a.

2° Groupements d’artisans. — La « vallée des Artisans », I Par., iv, 14 ; II Esdr., xi, 35, au nord et à proximité de Jérusalem, suppose un groupement analogue à celui de la « vallée des Fromagers ». Il est aussi parlé des « familles de la maison où se travaille le byssus », ce qui permet de croire à l’existence d’une sorte de filature célèbre dans les anciens temps, I Par., IV, 21 ; il est jencore question de potiers habitant à Neta'ïm (Vulgate : Plantations) et à Gédéra (Vulgate : les Haies), I Par., IV, 23, où ils trouvaient l’argile nécessaire, à leur industrie. Sous les rois apparaissent des groupements plus ou moins considérables d’ouvriers aux ordres du prince. Samuel, qui sait ce qui se passe dans les monarchies, avertit ses compatriotes que le roi prendra leurs serviteurs, leurs servantes et leurs meilleurs jeunes gens, et les fera travailler pour lui ; que de leurs fils il fera ses soldats, ses laboureurs, ses moissonneurs, ses armuriers et ses charrons ; de leurs filles ses parfumeuses, ses cuisinières et ses boulangères.

I Reg., viii, 12-16. David avait ses cultivateurs, ses vignerons, ses pasteurs, ses employés de toutes sortes, avec des intendants à leur tête. I PaK, xxvii, 25-31. Les grands travaux entrepris par Salomon nécessitèrent une organisation ouvrière habilement combinée. David avait réuni un très grand nombre d’artisans, tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, orfèvres, forgerons, etc., I Par., xxii, 15, 16, en vue de la construction du temple. Salomon employa 70000 porteurs de fardeaux et 80000 tailleurs de pierres, à la tête desquels il plaça 3600 contremaîtres. HPar., ii, 2, 18. Il enrôla aussi 30000 charpentiers pour travailler dans le Liban, conjointement avec les ouvriers d’Hiram ; il les envoyait au Liban tour à tour, 10000 chaque mois, de sorte qu’ils étaient deux mois dans leurs maisons. III Reg., v, 13, 14. Un système analogue de service alternatif est en usage aujourd’hui pour la garde des phares situés en mer. Ces immenses travaux durèrent sept ans. Pendant treize autres années, Salomon employa de nombreux ouvriers à la construction de son palais. -III Reg., vii, 1. Il fit aussi exécuter de grands travaux d’utilité publique. III Reg., ix, 15, 17-19 ; II Par., vin, 2, 4-6. Du temps de Joas, on retrouve des charpentiers et des maçons travaillant dans la maison du Seigneur, sous la direction de leurs chefs. IV Reg., xii, 11 ;

II Par., xxiv, 12. Ils sont encore là du temps de Josias. IV Reg., xxii, 5-6 ; II Par., xxxiv, 11, 17. Les grands travaux recommencèrent sous Zorobabel et sous Hérode, mais l’Ecriture ne fournit pas d’indications sur l’enrôlement des ouvriers à ces deux époques.

3° Le salaire des artisans. — À l’origine, le salaire se payait en nature. Gen., xxx, 32. La loi mosaïque exigeait que le salaire fût justement payé à celui qui avait travaillé. Aussi quand, au début de l’année sabbatique, on rendait la liberté à l’Hébreu qui s'était engagé comme esclave, on était obligé de lui compter un salaire pour tout le travail qu’il avait fourni. Lev., xxv, 40 ; Deut., xv, 13, 18. Même l'étranger réduit en esclavage devait être rémunéré, et pouvait se racheter avec le prix de son travail. Lev., xxv, 50. Ceux qui se louaient à l’année étaient sans doute

nourris chez le maître qui les employait, et payés à la fin de leur service. Cf. Is., xvi, 14 ; xxi, 16. Les artisans libres recevaient leur salaire à des époques très rapprochées. Quand l’ouvrier était pauvre, la loi ordonnait même de le payer le soir de la journée, avant le coucher du soleil. Lev., xix, 13 ; Deut., xxiv, 14, 15 ; Tob., iv, 15 ; Matth., xx, 2, 8. Il était expressément défendu de frauder l’ouvrier. Lev., xix, 13 ; Eccli., vii, 22. L’injustice à son égard pouvait être assimilée à l’homicide, Eccli-, xxxiv, 27, puisque la vie de l’artisan dépendait de son sahire. Prov., xvi, 26. Aussi Dieu devait-il prendre en main la cause de l’artisan lésé dans ses droits. Job, xxxi, 39 ; Mal., iii, 5 ; Matth., x, 10 ; Luc, x, 7 ; I Tim., v, 18 ; Jacob., v, 4. La Bible ne fournit aucun renseignement sur la quotité du salaire. Nous voyons seulement, dans le Nouveau Testament, qu’un vigneron recevait un denier pour une journée de travail. Matth., xx, 2. À l'époque impériale, le denier valait 1 fr. 07. Si l’on tient compte de la facilité de la vie en Palestine au I er siècle, un denier équivalait largement au salaire que reçoit un ouvrier ordinaire de nos jours, surtout à la campagne. Voir Salaire.

'4° Remarques morales sur les artisans. — Chaque ouvrier doit s’appliquer à son métier. Eccli., xxxvii, 13, 14. S’il travaille et est économe, il sera heureux, Eccli., XL, 18 ; il ne s’enrichira pas, s’il est ivrogne. Eccli., xix, 1. Malheureusement les mauvais ouvriers n’ont jamais manqué. Phil., iii, 2. Voici en quels termes Jésus, fils de Sirach, détermine le rôle social et la dignité morale de l’artisan. Après avoir montré comment le laboureur, le charpentier, le constructeur, le graveur, le forgeron, le potier, en un mot tous les "artisans, sont trop occupés de leurs travaux pour avoir le loisir d’acquérir la science du lettré, il ajoute : « Tous ceux-là attendent leur vie du travail de leurs mains, et chacun d’eux a l’habileté propre à son métier. Sans eux tous, on ne bâtirait aucune ville, on n’y habiterait pas, on n’y voyagerait pas. Toutefois ils ne se font pas remarquer dans l’assemblée, ils ne prennent point place sur le siège du juge, ils ne comprennent pas la loi qui préside au jugement, ils n’enseignent pas la doctrine ni la justice, et on ne les trouve pas là où sont les paraboles (c’est-à-dire là où se débitent les propos subtils et savants). Mais ils sont les soutiens des choses du temps, et leur prière se rapporte aux travaux de leur métier. C’est à quoi ils appliquent leur âme, en s’efforçant de vivre selon la loi du Très -Haut. » Eccli., xxxviii, 35-39. D’après cette théorie sociale, qui est l’expression même de la pensée de l’Esprit -Saint, le rôle de l’artisan se réduit donc à deux choses : s’appliquer aux devoirs de son état, aussi indispensable à la société que la sagesse des esprits supérieurs, et vivre conformément à la loi divine. Ainsi se prépare pour l’artisan la possession de cette vie meilleure, où il n’y a d’autre distinction que celle des mérites acquis ici-bas.

H. Lesêtre.

1. ARTOP./EUS Johannes Christopher, nom grécisé de Becker ('aptroirotdç, « boulanger » ), historien protestant, né à Strasbourg, en 1626, mort dans cette ville le 21 juin 1702. Il se voua à l’enseignement avec succès, lumen académies patries, dit Fabricius, et fut chanoine du chapitre de Saint-Thomas. Il prit part à la publication du Compendium historiée ecclesiasticee, in usum gymnasii gothani, in-8°, 1666. — Parmi ses thèses et dissertations, dont Audifreddi donne la liste dans sa Bibliotheca Cassinatensis, on remarque le Meletema historicum, quod narratio de Judith et Holoferne non historia sil ? sed epopseia, in-4°, Strasbourg, 1694, qui fut réfuté par Bernard de Monfaucon dans La vérité de l’histoire de Judith, in-12, Paris, 1696. Voir Io. Alb. Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. de 1752, 1. iii, c. xxix, p. 742.

J. Oliviéri.

2. ARTOP^SUS Petrus, en allemand Becker, commentateur^ luthérien, né eii 1491, à Côslin, en Poméranie, mort en 1563. Il étudia les langues et la théologie à l’université de Wittemberg, et devint ministre protestant de la