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ARTAXERXÉS I »

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Voir Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. ii, p. 14 et 194. En perse, le nom se lisait Artakhsatra,

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Artkhstr~ a,

corrompu ensuite en Artakhcasda, d’où proviennent les formes hébraïques, et en Artakhchaarcha, qui a donné lieu à la transcription grecque. La forme pehlvie Artashatra est un retour à l’ancienne prononciation perse. Voir Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, Paris, 1879, p. 232. Artakhsatra signifie « le grand guerrier », ou « celui qui a un grand pouvoir ». Le nom d’Artaxerxès revient plusieurs fois dans la Bible.

— 1° Il se trouve d’abord dans la partie grecque du livre d’Esther, mais uniquement par suite d’une faute de transcription, les Septante ayant cru à tort que l’Assuérus d’Esther, c’est-à-dire Xerxès I er, était Artaxerxès.Voir Assuérus.

— 2° Il se lit ensuite dans les livres d’Esdras. Les anciens commentateurs, écrivant antérieurement à la découverte des inscriptions perses, ont cru que l’Artaxerxès nommé I Esdr., iv, 7, après un Assuérus qu’ils n’avaient pas les moyens d’identifier sûrement, était Cambyse ou le faux Smerdis (Bardiya). Mais aujourd’hui l’identification d' Assuérus et de Xerxès I er est établie avec toute la certitude désirable ; l’Artaxerxès du livre d’Esdras est donc nécessairement un prince postérieur à Xerxès I er. D’ailleurs le nom perse d’Artaxerxès est absolument irréductible à ceux de Cambyse ou du faux Smerdis ou Bardiya. Ce dernier même, dont le règne usurpé n’a duré que sept mois, n’a pu avoir ni le temps de s’occuper des affaires juives, ni surtout l’idée de s’aliéner les Israélites qui vivaient au cœur même de l’empire, en mettant obstacle à la reconstruction de Jérusalem. L’Artaxerxès du livre d’Esdras doit en conséquence être cherché parmi les trois rois de ce nom que l’on compte dans la dynastie des Achéménides. Le dernier, Artaxerxès III OchUs (358-337), est beaucoup plus récent que les événements qui font le sujet des livres d’Esdras ; nous n’avons donc pas à nous occuper de lui. Seuls, Artaxerxès I er et, selon quelques-uns, Artaxerxès II, ont été mêlés à ces événements et doivent être mentionnés ici.

1. ARTAXERXÈS I" (464-424 avant J.-C), surnommé Longue -Main, parce qu’il avait une main plus longue que l’autre, était fils de Xerxès I er (fig. 280). La date de son accession au trône est importante à préciser, parce que d’elle dépend celle des décrets qui ont permis la re 580. — Darique d’Artaxerxès Longue -Main. Artaxerxès I « ', agenouillé, portant la couronne sur la tête, et tenant dans la main droite unejaveline, dans la gauche un arc. — ç. Un carré creux irrégulier.

construction des murs de Jérusalem, et, dans une certaine mesure, celle qui sert de point de départ aux soixante et dix semaines de Daniel. Xerxès fut assassiné par Artaban, la quatrième année de la lxxviii 8 olympiade (465 avant J.-C.). Diodore de Sicile, xi, 69, et le Canon de Ptolémée. Mais l’usurpateur garda sept mois le pouvoir. Ces sept mois sont comptés tantôt au régne de Xerxès, tantôt à celui de son successeur. En réalité, Artaxerxès ne put monter sur le trône qu’en 464. C’est en cette année-là que Thémistocle, arrivant à Suse, le trouva inaugurant

  • ûn règne. Thucydide, i, 137 ; Charon deLampsaque, dans

Plutarque, Themistocl., 27. Le nouveau roi eut d’abord à lutter contre son frère Hystaspe, qui avait soulevé contre lui la Bactriane. Il remporta deux victoires et soumit le

pays (462). Mais le roi d’Egypte, Inaros, avait profité de ces troubles pour tâcher de secouer le joug des Perses. Les Athéniens, qui ne pouvaient se passer de la bienveillance de l’Egypte, parce que c'était de ce pays qu’ils tiraient la plus grande partie du blé nécessaire à leur subsistance, se hâtèrent de venir au secours d’Inaros. Grâce à leur intervention, le général Achéménès put anéantir, près de Memphis, une armée perse de trois cent mille hommes. Artaxerxès ne voulut pas rester sous le coup de ce désastre ; il leva une nouvelle armée, rassembla une nouvelle flotte, et, cette fois, le général perse, Mégabyze, battit les Égyptiens et les Grecs à Prosopitis et mit fin à la guerre (455). Thucydide, i, 109 et suiv. Cette lutte occupa Artaxerxès de la quatrième à la neuvième année de son règne. Cependant la septième année (457), aors probablement que ses affaires prenaient meilleure tournure en Egypte, le prince autorisa le scribe Esdras à revenir de Babylone à Jérusalem avec une nombreuse caravane d’exilés. Il fournit lui-même et permit à ses sujets d’offrir une quantité considérable d’or et d’argent pour le temple, et donna à Esdras le pouvoir de puiser dans le trésor royal jusqu'à cent talents d’argent (environ 850000 fr.), sans compter les réquisitions en nature. I Esdr., vii, 23. Peut-être voulait-il, par ces largesses et ces mesures bienveillantes, s’assurer le dévouement et la reconnaissance des Juifs, et faire de cette petite nation comme une sentinelle avancée sur le chemin de l’Egypte.

Après la victoire de Prosopitis, Mégabyze avait promis la vie sauve au roi Inaros. Cédant aux instances de sa mère, Amestris, et de sa sœur, Amytis, qui exerçaient sur lui la plus grande influence, Artaxerxès respecta d’abord ; la parole donnée, mais ensuite fit périr le malheureux vaincu (450). Mégabyze, indigné, souleva la Syrie. Les ennemis des Juifs mirent cette circonstance à profit pour faire obstacle à la reconstruction de Jérusalem, commencée par Zorobabel. Ils écrivirent à Artaxerxès que la ville de Jérusalem sortie de ses ruines était une cité « rebelle et perverse », qu’elle refuserait de payer le tribut, que d’ailleurs elle avait toujours été « nuisible aux rois et aux provinces », et que, si on la laissait rebâtir, le roi ne posséderait bientôt plus rien au delà de l’Euphrate. I Esdr., iv, 11-16. Artaxerxès prit au sérieux la dénonciation. Craignant que les Juifs ne devinssent un appui pour les Syriens révoltés, et plus tard pour les Égyptiens, si ces derniers tentaient de relever la tête, il ordonna à ses satrapes d’empêcher la reconstruction de la ville. I Esdr., iv, 17-22. Bientôt après, sur l’intervention des deux princesses, Mégabyze rentra en grâce ; plus tard, il leur dut encore de n'être qu’exilé, quand le roi voulut le faire périr, pour avoir tué à la chasse un lion que le prince eût désiré frapper luimême. D’un autre côté, les Athéniens n’avaient pas pris leur parti de la défaite essuyée en Egypte. Ils ne tardèrent pas à recommencer les hostilités. Mais, en 449, le roi renonça à toute entreprise contre les pays de la confédération attique, et la paix fut rétablie. Thucydide, i, 112 ; Plutarque, Cimon, 19 ; Pericl., 11 ; Curtius, Histoiregrecque, trad. Bouché -Leclerq, in-8°, Paris, 1882, t. ii, p. 394 et suiv.

Artaxerxès n’avait plus rien à craindre d’aucun côté, quand, la vingtième année de son règne (445), le juif Néhémie, qui remplissait à la cour la fonction d'échanson, . osa lui demander l’autorisation d’aller rebâtir Jérusalem. Néhémie n’avait probablement pas manqué d’intéresser la reine à sa cause, et c’est pourquoi il note si soigneusement sa présence auprès du roi, au moment où il lu » adressa sa requête. II Esdr., ii, 6. Il fut autorisé à revenir en Judée, avec pleins pouvoirs pour reconstruire Jérusalem. II Esdr., ii, 1-8. U y resta jusqu'à la trente-deuxièmeannée du règne (433). Cette année-là, il alla visiter le roi à Suse, II Esdr., v, 14 ; xiii, 6, puis revint pour continuer son œuvre en Judée. L'Écriture ne fait plus ensuite mention d’Artaxerxès, qui mourut neuf ans après.

Les faits que racontent les livres d’Esdras trouvent, .