Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/560

Cette page n’a pas encore été corrigée

981

ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX — ARMÉES ÉTRANGÈRES (ASSYRIENNE) 982

l’arche eut cessé d’être portée dans les campagnes militaires. On offrait quelquefois des sacrifices avant le comhpt. I fieg., ’VU, 9 ; cf. xiii, 9. Au moment où l’on allait livrer la bataille, les prêtres, selon la prescription du Deutéronome, xx, 2, devaient adresser la parole aux troupes pour exciter leur courage et leur confiance. II Par., xx, 14-22.

11° Entretien de l’année. — Avant la création d’une armée permanente, chacun pourvoyait d’ordinaire à son équipement personnel et à sa subsistance. Cf. I Reg., xvii, 17-18. Cependant dans l’expédition contre les Benjamites, le dixième des hommes était spécialement employé au service des vivres. Jud., xx, 10. On recevait parfois des offrandes volontaires. If Reg., xvii, 28-20 ; I Par., xii, 39-40. De plus, si la nécessité l’exigeait, on réquisitionnait des habitants du pays qu’on traversait ce qui était nécessaire aux guerriers et aux bêtes de somme. Jud., viii, 5-17. Lorsque la guerre avait lieu sur le sol national, les concitoyens offraient souvent d’eux-mêmes, et quelquefois au prix des plus grands sacrifices, tout ce dont l’armée avait besoin. II Reg., xvii, 27-29 ; I Par., xii, 39-40. Les parents avant tous les autres se faisaient un point d’honneur et une joie d’envoyer, autant qu’ils le pouvaient, des vivres à leurs enfants soldats. I Reg., xvii, 17-18. En pays étranger, l’approvisionnement se faisait aussi par le pillage et les razzias, selon les lois de la guerre alors en usage, et qui persistent encore aujourd’hui parmi les Bédouins nomades. Le service militaire, étant transitoire et ne dépassant jamais les nécessités de la défense nationale, n’était pas considéré comme un métier susceptible de rétribution régulière. Aussi ne trouve-t-on aucune trace de solde militaire chez les Hébreux jusqu’à l’établissement d’une armée permanente ; chaque homme se trouvait suffisamment rémunéré par la part de butin qu’il faisait dans la campagne, après laquelle, l’armée étant dissoute, chacun rentrait chez soi et reprenait sa vie ordinaire. L’institution d’une armée permanente amena un changement dans cette organisation, car alors les rois prirent à leur charge l’équipement des soldats, II Par., xxvi, 14, et leur subsistance, cf. III Reg., iv, 27. Quant à la solde en argent, elle parait avoir été inconnue jusqu’aux Machabées. À cette époque, Antiochus est signalé dans l’Écriture comme payant une solde à ses troupes, I Mach., iii, 28, et Simon Mæhabée, peut-être mù par l’exemple des princes étrangers, paraît avoir institué la même chose pour l’armée des Juifs. I Mach., xiv, 32. Cependant les troupes mercenaires, qui étaient de véritables ouvriers aux gages, reçurent toujours une solde fixe. II Par., xxv, 0. Jean Hyrcan osa ouvrir le tombeau de David et en tirer trois mille talents d’argent pour payer celles qu’il avait prises à son service. Josèphe, Anl. Jud., XIII, viii, 4.

1 1° Troupes mercenaires. — En dehors des contingents étrangers incorporés régulièrement dans l’armée permanente, comme les Géthéens, les Céréthiens et les Phéléthiens du temps de David, les rois de Juda et d’Israël firent très peu usage de ces étrangers, qui se louaient pour une campagne, moyennant une solde déterminée ou une promesse de butin. L’Écriture ne mentionne qu’un fait de ce genre, sous Amasias, roi de Juda, qui projeta d’adjoindre à son armée cent mille mercenaires Israélites, pour combattre les Iduméens qui venaient de secouer le joug de Juda. IV Reg., viii, 20-22. Ce projet d’ailleurs ne fut pas complètement exécuté ; car, réprimandé par un prophète de cet acte antithéocratique, Amasias les renvoya avant de s’être mis en campagne. La solde totale promise par Amasias était de cent talents d’argent, environ 850000 fr. de notre monnaie, ce qui donne pour chaque homme la faible rétribution de 8 fr. 50. Il est probable qu’Amasias avait de plus promis une part de butin.

Nous retrouvons plus tard, à l’époque des Machabées, des soldats mercenaires incorporés dans l’armée des Juifs, à côté des troupes nationales, recrutées et organisées selon le mode établi par Moïse. I Mach., iii, 55 ; cf.

Exod., xviii, 21 ; Deut., i, 15 ; I Reg., viii, 12 ; IV Reg., I, 9 ; xi, 4. Ainsi l’armée qu’avait organisée Simon Mæhabée reçut sous son fils et successeur Jean Hyrcan des renforts de troupes mercenaires, Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4, qui s’élevèrent du temps d’Alexandre Jannée au nombre de 6200 soldats, tous guerriers d’élite, qui n’hésitèrent pas à donner leur vie pour la cause à laquelle ils s’étaient vendus dans le combat sanglant contre le roi de Syrie Démétrius I er Soter. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5 ; xiv, 1. La reine Alexandra entretint également un contingent de soldats étrangers, sur lesquels elle aimait à s’appuyer dans les luttes de partis si fréquentes alors entre les Juifs, Josèphe, AnÇ.jud., XIII, xvi, 2, et enfin dans l’armée d’Hérode il y avait des légions de Thraces, de Germains et de Gaulois. Josèphe, Ant. jud., XVII, viii, 3. A cette époque, le mercenariat s’était tellement généralisé, qu’il n’y avait plus d’armée dans laquelle ce genre de troupes ne tînt une place importante, et les princes s’appuyaient sur elles à ce point, qu’on en voyait licencier leur armée nationale pour ne garder que les mercenaires, comme fît Démétrius II Nicator. Josèphe, Ant. jud., XIII, IV, 9. Les Juifs, qui jusque-là n’avaient combattu que pour se défendre contre l’invasion étrangère, se laissèrent emporter par ce mouvement, et l’on en vit s’enrôler un grand nombre dans les armées d’Alexandre, de Séleucus I" Nicator et des Ptolémée, surtout de Ptolémée I" Soter et de son fils Ptolémée II Philadelphe. Josèphe, Anl. jud., XI, viii, 5 ; XII, ii, 5 ; iii, 1. On en trouve jusqu’à trente mille au service d’Alexandre I er Balas, roi de Syrie. I Mach., x, 36. Ces mercenaires juifs étaient très recherchés à cause de leur fidélité, et pour se les assurer on leur accordait, malgré les exigences du service, toutes les exemptions qui leur étaient nécessaires pour pratiquer leur religion et garder leurs observances rituelles, telles que le repos sabbatique. I Mach., x, 34. — Voir J.-A. Danz, De Ebrœorum re militari dissertatio, in-4o, Iéna, 1690, et dans Ugolini, Thésaurus Antiquitatum sacrarum, t. xxvii, col. ccclxvcccxcvi ; J. Lydius, Syntagma sacrum de re militari, ibid., col. cxxxv-ccclxiv ; J. Jahn, Biblische Archéologie, II Theil, t. ii, 1802, p. 379-524 ; Dissertation sur la milice des Hébreux, dans la Bible de Vence, t. vi, Paris, 1828, p. 233-300 ; Frd. Keil, Handbuch der biblischen Archàologie, 2e édit., in-8o, Francfort-sur-le-Mein, 1875, p. 746-760. P. Renard.

2. ARMÉES ÉTRANGÈRES dont il est parlé dans la Bible. — L’Écriture n’a pas seulement occasion de s’occuper de l’armée des Hébreux, mais aussi des armées des peuples étrangers avec lesquels Israël a été en guerre, Assyriens, Chaldéens, Égyptiens, Philistins, Romains, Syriens, pour ne rien dire des tribus ou peuplades voisines, telles que les Ammonites, les Amalécites, les Moabites, les Iduméens, sur lesquelles nous ne savons rien de bien particulier, ou qui n’avaient même aucune organisation militaire spéciale.

I. Armée assyrienne. — Les Assyriens furent peut-être, avant les Romains, le peuple le plus militaire de l’antiquité. Pendant la période de leur histoire que nous connaissons en détail par les inscriptions cunéiformes, nous les voyons sans cesse en guerre, faisant tous les ans quelque nouvelle campagne, étendant de plus en plus loin leur puissance, et poussant leurs conquêtes jusqu’en Egypte. Ils détruisirent le royaume d’Israël, et portèrent des coups terribles à celui de Juda, qui fut longtemps leur tributaire. Leurs soldats, hommes forts et solides, étaient braves et intrépides, endurcis à la fatigue, aguerris par des combats continuels. Ils étaient ordinairement commandés par le roi en personne. IV Reg., xv, 19, 29 ; xvii, 3 ; xviii, 9, 13 ; I Par., v, 26 ; II Par., xxxii, 1 ; Is., xxxvi, 1 ; Eccli., xlviii, 20. Le général en chef, qui remplaçait quelquefois le roi, portait le titre de tharthan. IV Reg., xviii, 17 ; Is., xx, 1. D’autres grands officiers