Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/558

Cette page n’a pas encore été corrigée
977
978
ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX


elle demeura pendant toute la période des rois, I Reg., vin, 12 ; xviii, 13 ; II Reg., xviii, 1 ; IV Reg., i, 9 ; xi, 4 ; II Par., xxv, 5, et jusque sous les Machabées, .I Mach., m, 55, ce que Moïse l’avait faite à la sortie d’Egypte, Exod., xviii, 21 ; cf. Deut., i, 15, en établissant des sections de dix, cinquante, cent et mille hommes, placés sous le commandement de chefs respectifs : décurions, pentachontarques, centurions et chiliarques, appelés dans la Vulgate tribuns. Peut-être avons-nous dans III Reg., ix, 22, la série des principaux degrés de la hiérarchie militaire au temps de Salomon : 'anse hammilhâmâh, simples guerriers ; 'âbâdîm, officiers du second rang, comme nos lieutenants ; sarbn, officiers commandants, comme nos capitaines ; sâlisîm, officiers supérieurs (voir plus bas, 7°) ; enfin sarê hârékéb, chefs des chariots, et êarê happârâsîm, chefs des chevaux. À côté de ces officiers, il y avait dans l’armée d’Israël d’autres chefs appelés èotrim, dont les fonctions n’avaient probablement pas

7° Les « sâliSim ». — Il existait dans l’armée d’Israël, au moins depuis David, une autre catégorie d’officiers. appelés sâlisîm (Septante : zpiazxtxi), dont le nom se rencontre pour la première fois dans l'Écriture au sujet de l’armée du pharaon d'Égyptë poursuivant les Hébreux : « Il (le pharaon) emmena aussi six cents chars d'élite et tout ce qui se trouva de chars de guerre dans l’Egypte, avec les chefs de toute l’armée » ( hébreu : « et les sâlisîm sur chacun d’eux » ). Exod., xiv, 7. Plusieurs exégètes, s’appuyant, pour interpréter ce texte, sur la signification grammaticale du mot SâliS (troisième ou un de trois), ont pensé que, dans l’ordre militaire, il désignait l’un des trois soldats qui se tenaient sur les chars de guerre, le Kocpaiêirr^ des Grecs, Iliad., xxxii, 32, l’essedarius des Romains, César, Bell, gall., iv, 33 ; Cicéron, Ad Fam., vii, 6. Cette explication est contredite par les monuments de l’ancienne Egypte, qui ne représentent ordinairement sur les chars de guerre que deux hommes, le

9. — Chars de guerre égyptiens, montés par un soldat et un cocher. Ipsamboul. D’après Champollion, Monuments d’Egypte et de Nubie, t. i, pi. 33.

pour objet le commandement militaire, car on les distingue souvent des chefs dont nous venons déparier. Deut., i, 15 ; xx, 9 ; I Par., xxvii, 1. L’hébreu solêr, « scribe » (de sàtar, « écrire » ), rendu presque partout dans les Septante par jpau.jj.aTeûç, désigne par extension tout homme exerçant une fonction publique, l’art d'écrire ayant été le plus souvent le privilège de ces personnages. Il est amployé spécialement pour désigner les magistrats du peuple hébreu en Egypte, choisis par lui et ayant mission de rendre des comptes sur leurs concitoyens aux chefs égyptiens constitués par le pharaon. Exod., v, 6-19. On les retrouve au désert du Sinaï, où ils sont mentionnés à côté des anciens du peuple, zegênîm, Num., xi, 16, comme plus tard à côté des anciens et des juges, softhn, Deut., xvi, 18 ; Jos., viii, 33 ; xxiii, 2 ; xxiv, 1, plusieurs fois comme étant euxmêmes lévites, et distingués des autres lévites qui remplissaient les fonctions de juges. I Par., xxiii, 4 ; xxvi, 29 ; II Par., xxix, 11 ; xxxiv, 13. Ce sont eux qui, dans le camp des Israélites, proclament au milieu de chaque tribu les ordres de Josué. Dent., xx, 5, 8, 9 ; xxix, 9 ; xxxi, 28 ; Jos., i, 10 ; iii, 2. Mais aussi ils sont plusieurs fois désignés comme remplissant des fonctions importantes relativement à l’armée. Deut., xx, 5-11 ; I Par., xxvii, 1. Elles concernaient vraisemblablement l’organisation des troupes après l’appel aux armes, Deut., xx, 11, et, durant la paix, le maintien de l’ordre dans l’armée permanente, la répartition des services entre les différentes sections de troupes, et peut-être aussi l’approvisionnement. Le plus élevé des sotrîm de l’armée d’Ozias était un certain Maasia, qui est nommé à côté du scribe (sôfêr) Jéhiel et de Hananias, l’un des généraux du roi. II Par., xxvi, 11. L'étendue de leur autorité faisait dire à Salomon dans ses Proverbes : « La fourmi n’a ni chef, ni sôtêr, ni maître, et cependant elle amasse pendant l'été de quoi se nourrir. » Prov., vi, 7.

conducteur et le combattant (fig. 259). Cf. "Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. i, p. 46. Si quelquefois on en rencontre un troisième, qui est l'écuyer du guerrier ou le serviteur tenant sur sa tête le parasol, ce n’est guère que sur le char royal, en Egypte. comme en Assyrie. Mariette, Aperçu de l’histoire d’Egypte, p. 64 ; Birch, Ancient Sis tory from the monuments, Egypt, p. 127 ; Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, t. i, p. 190-192 ; Sharpe, History of Egypt, i, 57. De même chez les Héthéens. Brugsch, Geschichte Aegyptens, Leipzig, 1877, p. 503. Voir Char.

Cette interprétation du titre de sâlîHm a donc trouvé justement de nombreux contradicteurs, qui, niant toute corrélation avec les chars de guerre, expliquent la signification grammaticale de sâlîs (troisième) en disant que les sâlisîm étaient un corps de vétérans, comme les triarii des Romains (Winer, Lexicon hebraicum, t. ii, p. 991), ou bien des officiers du troisième ordre, ou qu’ils occupaient le troisième rang après le roi (S. Jérôme, In Ezech., . xxm, t. xxv, col. 219 ; Vatable, Ira IV Reg., xv, 25), ou encore qu’ils appartenaient à la troisième phalange (cf. Gesenius, Thésaurus lingux hebrœse, p. 1429), ou enfin parce qu’ils avaient sous leurs ordres trente soldats (en faisant dériver salis de selôsîm, « trente » ). Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. ii, p. 601 ; Weiss, David und seine Zeit, Munster, 1880, p. 173-174. Plusieurs, rejetant la traduction de la Vulgate, princeps inter tresou princeps trium, Il Reg., xxiii, 8, 18, 19 ; I Par., xi, 20, et avouant la grande difficulté de donner à ce mot une interprétation grammaticale exacte, s’en tiennent au sens général de « chefs militaires de haut rang », entre lesquels ils regardent le r’os hassâlîsim, I Par., xii, 18, comme supérieur aux simples sâlisîm. Hummelauer, ,