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ARME — ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX


pas douteux aussi que les relations des rois de Juda et d’Israël avec les Égyptiens, les Syriens, les Assyriens et les Chaldéens, ainsi que l’introduction dans l’armée des Juifs de contingents étrangers, cf. IIReg., viii, 18 ; IPar., xviii, 7, souvent commandés par des chefs eux-mêmes de nationalité étrangère, II Reg., xv, 19 ; xviii, 2 ; xxv, 39, n’aient eu une influence sensible aussi bien sur l’armement que sur la stratégie. La nécessité de se tenir à la hauteur des armées étrangères fit étendre à tous les soldats l’usage d’armes qui jusque-là étaient réservées à certains corps de troupes ou seulement aux guerriers de distinction, par exemple sous le règne d’Asa le bouclier et la lance, II Par., xiv, 8, et sous Ozias le casque et la cuirasse, II Par., xxvi, 14, armes dont l’usage persévéra après la captivité. II Esdr., IV, 13, 16-18, 21 ; I Mach., m, 3. Les frais de l’armement ainsi organisé étaient supportés par l'État, et comme l’armée permanente n'était qu’une faible portion des contingents susceptibles d'être appelés en temps de guerre, on créa dès lors dans les principales villes des arsenaux assez vastes pour contenir tout l'équipement de l’armée de réserve. Salomon en établit pour les chars de guerre, II Par., i, 14 ; viii, 6 ; ix, 25, Roboam pour les lances et les boucliers, II Par., xi, 12 ; xxvi, 14, ce qui n’empêcha pas de continuer à suspendre aux murailles des villes fortifiées les boucliers de leurs défenseurs. Cant. iv, 4 ; Ezech., xxvii, 10. Ozias et Ézéchias s’appliquèrent aussi à établir des approvisionnements d’armes considérables. II Par., xxvi, 14 ; xxxii, 27. On perfectionna à la même époque la forme et la matière des armes. Le petit bouclier, dont on s'était généralement servi jusque-là, prit à partir de David de plus grandes proportions, I Par., xii, 8, 21, 34, et on commença à le fabri quer en airain, I Reg., xvii, 6, 45 ; III Reg., xiv, 27, sans que le bouclier de bois recouvert de cuir ait été abandonné, comme an peut le conclure de II Reg., i, 21 ; Is., xxi, 5 ; Ezech., xxxix, 9. La trihu de Nephtali en adopta spécialement l’usage, avec la longue pique, I Par., xii, 34, tandis qu’une autre pique fut plus particulièrement l’arme des tribus de Juda et de Gad. IPar., xii, 8, 24. On se servit aussi à cette époque d’arcs d’airain. Ps. xvii, 35 ; Job, xx, 24. Pendant la période agitée des Machabées, l’armement des Juifs, tout en suivant les modifications de détail qui se produisaient dans celui des peuples voisins, demeura pour l’ensemble ce qu’il était sous les rois, car les armes mentionnées sont les mêmes, et les cavaliers célestes qui apparurent pendant quarante jours dans Jérusalem, et dont l’armement devait être conforme au type reçu alors, portaient la lance, le bouclier, le javelot, le casque et la cuirasse. II Mach., v, 2-3. Sous la domination romaine, la courte épée ou poignard des Perses, peu différente de la sica des Romains, s’introduisit en Palestine et demeura plutôt l’arme des fanatiques ou sicaires, auxquels elle a donné son nom. Josèphe, Ant. jud., XX, vm ; Bell, jud., II, XIII.

V. MÉTAPHORES DES AUTEURS SACRÉS EMPRUNTÉES AUX

armes guerrières. — L’analogie de l’emploi des armes avec l’exercice des vertus, au moyen desquelles le chrétien remporte la victoire sur ses passions, a amené plusieurs fois les auteurs sacrés à parler métaphoriquement de celles-ci au moyen de celles-là, par exemple lorsque le psalmiste, pour exprimer l'étendue de la protection divine sur l’homme, la compare à la protection dont le grand bouclier (ûnnâh) couvre le guerrier. Ps. v, 13 ; xci, 4. Saint Paul a développé cette application, Éph., VI, 13-17, passage dans lequel il fait allusion aux dards enduits de poix enflammée que les Romains avaient l’habitude de lancer sur leurs ennemis. Cf. Rom., vi, 13 ; xiii, 12 ; I Thess., v, 8. Voir aussi Sap., v, 18 ; Is., lix, 17. P. Renard.

1 ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX. Le nom ordinaire de l’armée chez les Hébreux est hayil, qui signifie proprement « force », Exod., xiv, 28 ; Il Sam. (Reg.), xxiv, 2,

etc., ou sdbâ', de sàbâ', « se rassembler (en troupe organisée). » II Sam. (Reg.), viii, 1b ; x, 7 ; IPar., xix, 8, etc. Bien que les Hébreux ne fussent pas un peuple conquérant et guerrier, ils eurent besoin dès l’origine de recourir aux armes pour se défendre contre leurs ennemis, puis, après la sortie d’Egypte, pour conquérir le pays de Chanaan et garantir leur conquête contre l’invasion des peuples voisins. Sous les rois, il y eut des guerres offensives comme des guerres défensives.

I. L’armée avant les rois. — Du temps des patriarches, il n’existait aucune organisation militaire. Quand Abraham, pour délivrer son neveu Lot fait prisonnier, voulut poursuivre Chodorlahomor, roi d'Élam, et ses alliés, il rassembla trois cent dix-huit de ses serviteurs, armés de ce qu’ils purent trouver, et c’est avec cette troupe et le secours de quelques habitants d’Hébron qu’il surprit les ennemis et leur enleva leur butin. Gen., xiv, 13-16. — A l'époque de la sortie d’Egypte, tous les hommes capables de porter les armes furent soldats. On voit alors apparaître une organisation rudimentaire, se rapprochant sans doute de celle des Égyptiens, que les Israélites avaient eue si longtemps sous les yeux, mais calquée aussi sur l’organisation politique des douze tribus. Num., i-iv. Chaque tribu fournit comme une sorte de régiment, ayant ses chefs, Num., x, 14-27, ses étendards, Num., ii, 2. Tout était soigneusement réglé dans cette armée : la position de chaque division dans le camp, Num., ii, 2-20 ; l’ordre de marche et les signaux, Num., x, 5-6 ; et l’ordre qui y régnait était si remarquable, comparé à la confusion des rassemblements armés des tribus arabes, qu’il excitait l’admiration de Balaam. Num., xxiv, 6. Les magistrats civils établis par Moïse, d’après le conseil de Jéthro, et présidant à des sections de mille, cent, cinquante et dix hommes, Exod., xviii, 21-22, semblent avoir été transformés en chefs militaires, et chargés de conduire au combat ceux dont ils réglaient les différends. L'âge de vingt ans fut fixé pour le commencement du service. Num., i, 2-3. Jéhovah lui-même marque cette limite d'âge. Num., i, 1 ; xxvi, 1-2. Elle fut toujours maintenue depuis, II Par., xxv, 5 ; mais les lévites et les prêtres furent à toutes les époques dispensés du service militaire. Num., i, 47, 49. Ainsi formés, ces contingents n’avaient aucun service actif en temps de paix. L'Écriture ne dit rien de la durée régulière du service ; Josèphe, qui donne comme limite extrême l'âge de cinquante ans, s’appuie uniquement sur l’analogie du service des lévites, qui cessait à cet âge. Num., iv, 3. Mais comme, d’après la loi, un homme de soixante ans était réputé vieillard, Lev., xxvii, 3, 7, on est fondé à croire que le service militaire obligatoire n’allait pas au delà. — Sous les Juges, les chefs de famille furent, en cas de besoin, les chefs militaires ; mais il n’y avait aucun pouvoir central qui put commander à toute la nation et lui faire prendre les armes. La véritable organisation militaire en Israël ne commence qu’avec la royauté. Lorsque Abimélech tenta, par une révolution politique, de se faire roi, il s’efforça du même coup de créer une armée organisée. C'était la première fois peut-être qu’on voyait en Israël des soldats se battre pour une cause qui n'était pas celle de leur défense personnelle. Jud., ix, 25, 34, 35, 43. Cette tentative échoua par suite de la mort d' Abimélech, et l’organisation militaire demeura imparfaite, jusqu’au jour où elle fut transformée par Sai.il, David et Salomon.

IL L’armée sous les rois. — 1° Son origine. — L’armée d’Israël, qui jusqu'à l'époque des rois n’avait été qu’une institution temporaire, répondant à des nécessités accidentelles, commença sous Saùl à devenir une institution permanente. Ce ne fut d’abord qu’un petit corps de troupes, composé de trois mille hommes, destinés, le cas échéant, à former le noyau d’une armée plus considérable, I Reg., xiii, 2, et pour cette raison recrutés avec soin parmi les plus vaillants. I Reg., xiv, 52 ; xxiv, 3 ;