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ARAD


population s’accumula sur ce rocher isolé (Pomponius Mêla, H, 7, 6) ; et comme il n'était pas assez grand pour contenir tous ses habitants, les Aradiens imaginèrent de bâtir, contrairement à l’usage oriental, des maisons à plusieurs étages, Strabon, XVI, II, 13 ; ils débordèrent aussi sur le continent, dans la Phénicie septentrionale. On voit encore le long du littoral, sur un espace continu de plus de quinze kilomètres, les ruines des « filles d’Arad », depuis Marathus (Amrit) jusqu'à Antaradus (Xortose). Voir Targum Hieros., sur Gen., x, 18.

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208. — Statère d’Arad, antérieur à Alexandre le Grand.

Tête laurée du dieu Melkart. - ^. J fia (no = d’ACrad]), y marque d'émission. Galère phénicienne, ornée d’une figure de patèque.

Sa puissance s'étendit au loin, et l’on dit que Tarse fut une de ses colonies. Dion Ghrysostome, Orat. xxxiii, édit. Teubner, t. ii, p. 14.

L'île d’Arad avait l’avantage d'être alimentée, non seulement par des citernes et par les fontaines du continent, mais aussi par une source d’eau douce que ses habitants avaient découverte en pleine mer dans le voisinage, et qui leur fournissait de quoi boire en temps de guerre. Strabon, XVI, ii, 13 ; Lucrèce, vi, 888 ; Pline, H. N., ii, 103 ; v, 31 ; Geoponica, ii, 6. Les habitants de Ruad connaissent encore aujourd’hui des sources sous-marines. F. Walpole, The Ansarijii, witk Travels in further East, 3 in-8', Londres, 1851, t. iii, p. 391. Dans l’Ile même, on voit les nombreuses citernes que l’on avait creusées autrefois dans le rocher et qui continuent à servir. À l’ouest et au sud de l'île subsistent encore des restes d’un double mur phénicien. Ils sont composés d'énormes blocs qui reposent sur les arasements naturels des rochers. Ces blocs ont la forme de prismes quadrangulaires de deux mètres de hauteur sur quatre ou cinq mètres de longueur. Ils étaient superposés, sans aucune trace de ciment. Du côté de la terre, les murailles de la ville formaient un port en demilune, divisé en deux bassins par une jetée. E. Renan, Mission de Phénicie, in-f°, Paris, 1864, p. 39-40.

Arad, fondé par les descendants de Chanaan, Gen., x, 18 ; I Par., i, 16 (voir Aradieh), dut sa prospérité à son commerce et à l’habileté de ses marins, dont Ézéchiel, xxvii, 8, 11, fait l'éloge, de même que les auteurs profanes. Strabon, XVI, ii, 14. Aujourd’hui encore les matelots et les plongeurs de Ruad sont renommés, et les barques qu’on y construit sont considérées comme les meilleures de la Svrie. Voir G. Ebers et H. Guthe, Palâstina, 2 in-4°, Stuttgart, 1883-1884, t. ii, p. 42.

Les habitants d’Arad furent d’abord indépendants et eurent des rois particuliers, comme les autres cités phéniciennes. Les inscriptions cunéiformes nous ont fait connaître les noms de plusieurs de ces rois. Voir Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das aile Testament, 2e édit., p. 104-105. La région qui s'étendait depuis Paltus jusqu'à Simyra paraît leur avoir été soumise. Du temps du prophète Ézéchiel, xxvii, 8, 11, vers 590 avant notre ère, ils étaient assujettis à Tyr ; du moins lui fournissaient - ils des rameurs et des soldats, mais peut-être à titre d’alliés ou de mercenaires. Quand la Phénicie tomba au pouvoir des rois de Perse, Arad partagea le sort commun. Son roi Gérostrate servait dans la flotte perse, à l'époque de la campagne d’Alexandre le Grand. Straton. fils de ce prince, qui gouvernait à sa place, se soumit volontairement au

conquérant, et les Aradiens combattirent au siège de Tyr dans les rangs des Macédoniens. Arrien, Exped. Alex., n, 13, 7 ; 20, 1. Sous les successeurs d’Alexandre, Arad, en 320, tomba au pouvoir de Ptolémée I er Soter avec le reste de la Phénicie et la Cœlésyrie. Elle paraît avoir reconquis son indépendance pendant la guerre qui eut lieu entre Ptolémée II Philadelphe et Antiochus II Théos ; du moins son autonomie vers cette époque est-elle attestée

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209. — Monnaie autonome d’Arad.

Tête de femme voilée et tourelée. — % APAAIQN. Victoire debout, tenant dans la main droite une proue et une palme dans la main gauche.

par ses monnaies (fig. 209). Cf. Eckhel, Doctrina numorum veterurn, t. iii, p. 303. Elle soutint Séleucus II Callinicus contre Antiochus Hiérax, et elle en fut récompensée, en 242, par le droit d’asile que lui accorda le roi de Syrie, ce qui augmenta beaucoup sa puissance. Strabon, XVI, ii, 14. Elle put de la sorte s’allier avec Antiochus 1Il le Grand. Polybe, v, 68, 7. Cependant elle perdit tous ses avantages pendant le règne d’Antiochus IV ÉpU phane. Ce prince, à son retour d’Egypte, s’en empara, ainsi que de tout le territoire qui lui appartenait. S. Jérôme, In Dan., xi, 44, t. xxv, col. 573. Quand la guerre éclata entre Antiochus VIII Grypus et Antiochus IX Cyzicène, Arad prit parti pour ce dernier, et lorsqu’il eut été tué par Séleucus VI Épiphane, son fils Antiochus X Eusèbe se réfugia chez les Aradiens, qui soutinrent son parti jusqu'à ce que la Syrie se soumit à Tigrane, roi d’Arménie. Dans la suite, Rome acquit peu à peu la prépondérance dans tout le pays. Le premier livre des Machabées, xv, 23, nous apprend que le consul Lucius écrivit à Arad (Vulgate : Aradon), de même qu’aux autres États alliés ou soumis aux Romains, afin de leur recommander de se montrer bienveillants envers les Juifs. Il n’est plus question de cette île dans les Livres Saints ; mais, d’après une tradition, saint Pierre serait allé à Arad pour y admirer des colonnes colossales et des tableaux de Phidias. Recogn., Hom. xii, 12, t. ii, col. 312 ; 1. vii, 26, 1. 1, col. 1300 ; Pseudo-Abdias, i, 13, édit. Fabricius, p. 425 ; cf. Nicéphore, H. E., ii, 35, t. cxlv, col. 848. Ce qui est certain, c’est que le christianisme s’y établit dès les premiers siècles. On y trouve des évêques depuis le me siècle jusqu’au VIe inclusivement. La ville antique fut prise et rasée, en 648, sous l’empereur Constans II, par Moaviyah, lieutenant du calife Omar. Cédrénus, Hist. Comp., édit. de Bonn, 1. 1, p. 755. La population actuelle de Ruad est d’environ 2 500 âmes. Elle n’a guère d’autre industrie que la pêche des éponges et la construction des bateaux.

Voir ilignot, Description géographique de la côte de Phénicie, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, 1770, t. xxxiv, p. 229-235 ; K. Mannert, Géographie der Gnechen und Rômer, 10 in-8o, t. vi, part, ii, 2e édit., Leipzig, 1831, p. 309-311 ; R. Pocoeke, Description of the East, 3 in-f, Londres, 1743-1745, t. ii, p. 2O1-202 ; J. S. Buckingham, Travels among the À rab tribes, in-4o, Londres, 1825, p. 509-512, 522-524 ; C. Niebuhr. Reisebeschreibung nach Arabien, 3 in-4°, Copenhague et Hambourg, 1774-1837, t. iii, p. 92-93 ; E. F. C. Rosenrnûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde (avec les citations des voyageurs Maundrell, Shaw, Pocoeke et