Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/497

Cette page n’a pas encore été corrigée
863
864
ARABIE


Adbéel (bssiN, 'Adbe'êl, NaëSerj).) ; cette tribu est mentionnée dans les inscriptions de Téglathphalasar II, sous le nom de Idibaïli. Après leur soumission, le roi assyrien leur confia la surveillance des tribus voisines de l’Egypte.

Les deux tribus suivantes, Mabsam (sfzs, Mibsâm,

Mxaçiji) et Masma (yrsn, Misma*, Maurjiîa), sont inconnues ; mais ces noms reviennent dans deux familles siméonites, I Par., iv, 25 ; peut-être y faut-il voir un indice de la fusion de ces Ismaélites avec la tribu de Siméon.

Dumà i AoCiii, Dûmâ) est généralement identifié avec l’oasis nommée Doumat el-Djendel, à sept journées de Damas, à treize de Médine et à quatre journées au nord de Teima. Elle porte de nos jours le nom d’el-ûjôf, et forme la ligne de démarcation entre le Schâm (la Syrie) et l’Iraq (la Babylonie). Il n’y a point de raison suffisante pour voir une localité différente dans la Dùmâh d’Isaïe, xxi, II. Si le prophète s’adresse à un gardien du Sé'ir pour avoir les nouvelles de cette oasis, c’est que de son temps la plupart des territoires ismaélites étaient des possessions iduméennes. Lament., iv, 21 ; Abd., 1, 9.

Massa (> » is3, Massa') se trouve dans les inscriptions de

Téglathphalasar II et dans celles d’Assurbanipal, sous la forme Mas’a, comme nom de ville et de territoire. Le livre des Proverbes, xxxi, 1-9, a consigné quelques dictons d’un roi de ce pays nommé Lamuel. Hadar ("Hn, Jfâdar, XoêSâv, Xo66œ8), inconnu.

Théma (nd’p, Têmâ", ©aipiî) est une très importante

oasis, à quatre journées de marche au sud-ouest de Duma, avec laquelle elle est mentionnée dans les annales de Théglathphalasar 11. MM. Euting et Huber y ont découvert une grande inscription en araméen archaïque, et plusieurs autres inscriptions moins anciennes, qui nous font connaître les noms de plusieurs divinités locales, ainsi que celui du grand prêtre. Jélhur (v, ts>, Yetûr, Iêtoûp) ; cette tribu, originaire

du sud, où elle n’a point laissé de trace, s’est transportée de bonne heure dans le centre du Hauran, où se trouve l’iturée des géographes classiques. Strabon, XVI, ii, 20. De là elle s’est répandue jusque dans le Liban et l' Anti-Liban, au nord de Damas. Quelques auteurs confondent Yltursea avec la Trachonitis. Pendant le règne de Saùl, les tribus hébraïques de Ruben et de Gad firent essuyer de graves défaites aux lturéens et aux tribus apparentées dont nous allons parler ci-après, I Par., v, 10, 19, et le roi Aristobule les força à se convertir au judaïsme. C'étaient des montagnards sauvages et pillards ; les Druses d’aujourd’hui sont peut-être leurs descendants. Naphis (w>SJ, NâfiS, Naçé ; ), tribu jadis alliée avec

les lturéens contre les Israélites transjordaniques, I Par., v, 19 ; leur nom a disparu plus tard.

Cedma (noip, Qêdmâh, Ksôixâ) rappelle le désert de

Qedêmôf (n’iolp ; Vulgate : Cademoth), d’où Moïse envoya des messagers à Séhon, roi amorrhéen d’Hésébon. Deut., ii, 26. Une ville du même nom appartenait à la tribu de Ruben, mais on n’en sait pas exactement la situation. La dénomination de Gedmonéen, Qadmônî, Gen., xv, 19, peut bien désigner la population nomade de ce désert, qui va du sud du Hauran jusqu’au golfe d’Akaba. Cette circonstance, qui semble ressortir de ce passage dans lequel le Cedmonéen est nommé conjointement avec les Ciuéens et les Cénézéens, qui habitaient dans l’Arabie Pétrée. Dans 1 Par., v, 19, le nom de Nodab, z-rz, qui

suit Jéthur et Naphis, doit sans doute être corrigé en ETp, Qédém, et celui-ci n’est autre que le Qêdma de la

Genèse, c’est-à-dire une tribu ismaélite particulière, el non l'équivalent du terme général Benê-Qédém (=-r--> : z),

qui s’applique à toutes les populations de l’Arabie déserte.

Outre les noms céluréens et ismaélites énumérés dans la Genèse, il y en a un certain nombre qui figurent dans les autres écrits bibliques, et que les dernières recherches permettent de déterminer avec quelque apparence de probabilité :

Asor ( Tsn, Hâsôr) ; le royaume de ce nom a été défait

par Nabuchodonosor en même temps que les Cédar. Jer., xlix, 28-33. C'était probablement la localité nommée aujourd’hui el-Akhdar, presque à moitié chemin entre Teboûk et Teima. Naama ("ï? : , Na'âmâh) ; Sophar, un des amis de

Job, était originaire de ce lieu. Job, ii, 11. Une inscription nabatéenne du me siècle avant J.-C, trouvée par M. Euting au sud A’el-Higr, porte le nom de Ma’naHahî de Na’ama. Si ce nom de lieu n’est pas celui de l’endroit même, il prouve du moins l’existence d’une localité de ce nom dans l’ancienne Nabatée. À comparer aussi le moderne Na’amé, désignant un mamelon de la chaîne rugueuse nommée Harrat-elA’wêrid, à l’ouest d’elvkhdar.

II. Histoire. — Malgré la nature aride et uniforme du désert, les tribus ismaélites et céturéennes qui habitaient l’Arabie biblique ont une histoire très ancienne et des plus tourmentées. Elle forme d’ordinaire le prolongement des événements qui se passaient dans les territoires adjacents de la Mésopotamie et de la Syrie, et auxquels les Arabes ne manquaient guère de contribuer d’une manière plus ou moins directe. À défaut de la littérature indigène, qui ne nous est pas parvenue, nous sommes obligés de la puiser dans les seules sources qui nous restent de l’antiquité sémitique : la Bible et les inscriptions assyrobabyloniennes. Conformément aux derniers résultats de l'épigraphie sémitique, nous croyons utile de diviser l’histoire ancienne des Arabes, comme celle des autres Sémites septentrionaux, en quatre époques différentes : époque babylonienne, époque assyrienne suivie du court réveil de Babylone après la chute de Ninive, époque perse, époque grécoromaine.

1° À l'époque archaïque de la prédominance de la civilisation babylonienne chez les Sémites occidentaux appartient l’immigration des Abrahamides en Palestine (vers 2100 avant J.-C). La tradition hébraïque nous montre les deux branches abrahamides issues d’Ismaël et de Cétura comme établies aussitôt dans leurs territoires afférents, où ils s’assimilèrent des éléments égypto-couschites. Les Madianites étaient alors le peuple le plus considérable, aussi bien par leurs relations commerciales avec l’Egypte que par l’organisation fixe de leur sacerdoce, qui parait avoir été restreint à une seule famille, pareille à celle de Lévi chez les Hébreux. Exod., ii, 15-18 ; xviii, 1. Plusieurs mesures législatives de Moïse sont même attribuées aux conseils d’un prêtre madianite. Exod., xviii, 14-26. Le mouvement des tribus hébraïques vers le nord semble avoir déterminé un mouvement parallèle chez les Madianites. Impuissants à se maintenir sur la plaine moabite contre les Iduméens limitrophes, Gen., xxxvi, 35, ils s'établirent provisoirement dans la Moabitide septentrionale, mais en furent chassés par les Hébreux. Deut. r xxxi, 2-10. Alors ils remontent dans le Hauran, et, renforcés par les Amalécites et quelques autres nomades, ils saccagent à plusieurs reprises la Palestine du nord, jusqu'à ce qu’ils soient gravement défaits et poursuivis par Gédéon, ainsi que je l’ai déjà indiqué plus haut. À partir de ce moment les Madianïtes renoncent aux entreprises guerrières et se contentent d'être de paisibles chameliers ; leur ancien commerce avec l’Egypte passe aux tribus plus, méridionales.

2° À l'époque des conquêtes assyriennes en Syrie (du IXe au VIe siècle), l’Arabie a souvent retenti du bruit des armes formidables des guerriers ninivites et chaldéens. Assurnaçir-pal (885-860) reçut le tribut d’Il-Bani, chef de Suhi, lequel, ainsi que ses prédécesseurs, semble avoir