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APOLOGUE — APOTRE


cendre, rouler et descendre sur le camp de Madian, puis frapper et renverser sa tente. Jud., vii, 13. Ce pain d’orge, c'était Gédéon, qui vint tout renverser la nuit suivante. Ces sortes de visions ne se retrouvent plus ensuite qu'à l'époque de la captivité. On a dans Amos, vii, 1-9 ; viii, 1, 2, les apologues des sauterelles, du feu, de la truelle du maçon et du panier à fruits. Daniel explique à Nabuchodonosor les deux grandes visions si dramatiques de là statue dont les matériaux figurent les empires, ii, 31 -35, et du grand arbre coupé tout entier, sauf une seule racine, pour représenter la déchéance temporaire du roi. iv, 2-13. Le prophète lui-même décrit ensuite les destinées des empires sous l’allégorie des quatre grands animaux, puis du bélier et du bouc, vii, 3-7 ; viii, 3-26. Mardochée voit en songe, sous forme de drame allégorique, ses destinées et celles de son peuple. Esth., xi, 2-11. Enfin Zacharie a de nombreuses visions, qui sont encore des apologues vivants, mais beaucoup plus obscurs et parfois moins dramatiques que les précédents, à raison des objets qu’ils figurent. Il laut citer le cavalier au milieu des myrtes, ! , 8 ; les quatre cornes, I, 18 ; l’homme au cordeau, mesurant la surface de Jérusalem, ii, 2 ; le chandelier d’or et les deux oliviers, iv, 2, 3 ; l'écrit volant, v, 1 ; l’amphore avec une femme assise au milieu, v, 6, 7 ; les quatre chars, vi, 1-8 ; les brebis de boucherie et les deux houlettes, xi, 4-10. Ce sont là plutôt des éléments d’apologues, qui auraient pu facilement être mis en œuvre, si le prophète l’avait jugé à propos.

H. Lesêtre.
    1. APONTE##

APONTE (Laurent de), commentateur italien, de l’ordre des Clercs réguliers mineurs, né en 1575, au royaume de Naples, mort le 26 octobre 1639. Il a laissé sur la Sainte Écriture les ouvrages suivants : Commentarii in Sapientiam Salonxonis, cum homiliis, digressionibus scholasticis et paraphrasi, in-f », Paris, 1629 ; 1640 ; Commentarii littérales et morales in Matthseum, 2 in-f », Lyon, 1641. L’auteur s'était proposé de publier son commentaire en quatre volumes ; la mort l’empêcha de terminer son travail, qui n’a du reste qu’un mérite très relatif. Voir G. Walch, Biblioth. theol., t. iv, p. 641 ; Dupin, Table des auteurs ecclésiastiques, p. 1793, 2911 ; Hurter, Nomenclator litterarius, t. i, p. 618.

M. Férotin.

APOSTASIE. Ce mot vient du grec àitoiTTadia, qui signifie « révolte, défection ». Il s’entend d’une révolte politique ou de la défection religieuse. Il a communément le premier sens dans les auteurs profanes (dans quelques passages de la version des Septante, Gen., xiv, 4 ; II Par., xili, 6, et Act., v, 37, le verbe àips<7Tï]|M, d’où dérive le substantif « apostasie », a une signification analogue). Le sens de défection religieuse (Vulgate : discessio) est d’origine biblique : c’est celui que lui attribue le Nouveau Testament ; Act., xxi, 21 ; II Thess., ii, 3 (d’après les Septante, Jer., ii, 19 ; xxix, 32 ; I Mach., ii, 15 ; cf. I Tim., iv, 1 ; Heb., iii, 12). Les auteurs ecclésiastiques et nos langues modernes, à la suite de saint Luc et de saint Paul, ont également entendu par « apostasie » la renonciation à la religion chrétienne. Voir Apostat.

    1. APOSTAT##

APOSTAT, dans notre langue, signifie celui qui est tombé dans le crime d’apostasie. Ce mot, dans la Vulgate, sous sa forme latine apostata, a un sens différent ; il veut dire « méchant, homme de rien, » et traduit le mot hébreu belhja’al. Job, xxxiv, 18 ; Prov., vi, 12. Voir Bélial. L’adjectif apostatrix a, dans la traduction d'Ézéchiel, ii, 3, une signification qui se rapproche de celle du mot <c apostasie » ; gentes apostatrices désigne en effet les nations qui se sont révoltées contre Dieu. L’Ecclésiastique emploie deux fois le verbe apostatare : la première, x, 14, dans l’acception de « s'éloigner » de Dieu (grec : icpiffrafiÉvov, Eccli., X, 12) ; la seconde, xix, 2, dans celle de « détourner de son devoir » (grec : à710<71r, cro’Jcri).

    1. APÔTRE##

APÔTRE (ît : o<ttô>.o ; ) s’entend dans la langue grecque d’où il dérive d’un envoyé qui a un mandat à remplir. Hérodote, i, 21 ; v, 38. Ce mot se lit une fois dans les Septante, III Reg., xiv, 6 ; c’est Ahias qui se l’applique en parlant à la femme de Jéroboam. Saint Luc, vi, 13, nous dit que Jésus, ayant choisi douze de ses disciples, leur donna le nom d’Apôtres, ïhoittô/.o-j ; ûvô jjiokiev. Depuis, ce nom s’est étendu à d’autres hommes participant à l’activité des Douze. Ainsi Barnabe est appelé apôtre, comme Paul, Act., xiv, 4, 14 ; Andronique et Junie sont glorieusement classés parmi les apôtres, Rom., xvi, 7 ; pareillement Timothée et Silvain. I Thess., ii, 7, 18. Enfin d’autres sont dits apôtres, en ce sens qu’ils sont délégués par des Églises. II Cor., viii, 25, et Phil., ii, 25. Néanmoins, et d’une manière générale, il faut reconnaître que, dans le langage biblique, cette désignation est réservée aux Douze privilégiés dont Jésus fit les pierres fondamentales de son Eglise.

Pourquoi ce choix de douze hommes parmi les disciples, et quelle fut leur mission ? Saint Marc, qui d’ailleurs, comme saint Matthieu, n’emploie qu’une fois le nom d’Apôtres, répond à cette question. Marc, iii, 14. Ils devaient être avec. Jésus dans des relations plus intimes et plus suivies que le reste des disciples, allant prêcher la Bonne Nouvelle quand ils en recevaient l’ordre, et ayant le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons. Plus tard, quand il s’agit d'élire un successeur au traître Judas, Pierre précisa une fois de plus, avec le caractère de l’apostolat, le devoir de l’apôtre, qui sera de rendre à JésusChrist un témoignage autorisé. Il déclara qu’avant tout, pour être éligible, il fallait avoir été auprès de Jésus pendant tout le coure de sa vie publique, c’est-à-dire depuis son baptême jusqu'à son Ascension, afin de pouvoir affirmer les faits que l’on avait vus, et plus particulièrement le miracle de la Résurrection. Act., i, 21-22. Les Apôtres ont été établis pour devenir les témoins officiels de l'Évangile. Saint Jean, qui, ni dans ses Épitres ni dans son Évangile ( on n’en peut dire autant de l’Apocalypse, xxi, 14 ; ii, 2 ; xvin, 20), ne prononce pas une seule fois le nom d’Apôtre, tout en reconnaissant l’existence d’un corps constitué par JésusChrist, qu’il appelle les Douze, contribue particulièrement à nous donner, Joa., xiv, 28 ; xv, 26-27 ; xvi, 13, une haute idée des prérogatives spirituelles de ces heureux privilégiés.

Ils étaient Douze, parce que ce nombre correspondait à celui des tribus d’Israël, vers lesquelles Jésus était venu comme vers des brebis sans pasteur. Ils devaient, comme autant de patriarches, juger les tribus dans la vie future. Matth., xix, 28. Il y a même cette singulière perfection dans ce symbolisme voulu que, comme la tribu de Joseph se transforme en deux demi-tribus, la place du traître Judas, demeurée vide, semble avoir été occupée simultanément par Matthias et par Paul. Communément toutefois on trouve plus rationnel de voir en celui-ci un treizième apôtre et de le mettre hors cadre, comme l’apostolat spécial dont il fut le promoteur. Voir Le Camus, L'Œuvre des Apôtres, t. i, p. 11. Les Douze, étant comme les prémices des douze tribus, représentaient donc la nation sainte. Ils furent pris dans la classe populaire, et même dans ses éléments les plus opposés, puisque nous trouvons parmi eux un péager, Matthieu, et un zélote, Simon, les deux extrêmes en politique, l’un représentant l’acceptation officielle, et l’autre la haine ardente du joug de l'étranger. Tous, à l’exception peut-être de Matthieu le péager, étaient absolument illettrés. Ils avaient passé leur vie dans des travaux grossiers et pénibles. Au moins quatre furent pêcheurs sur le lac de Génézareth. Mais avec leurs natures frustes, tous, sauf Judas, avaient le cœur bon, et c’est sur leui-s cœurs que Jésus entendit graver la nouvelle loi du monde.

Le catalogue des Apôtres nous a été conservé par les trois synoptiques et le livre des Actes. En comparant les quatre listes, on constate qu’elles portent absolument les