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APOLLONIUS — APOLOGUE


teur du premier livre des Machabées ; mais les critiques rationalistes eux-mêmes reconnaissent, d’après l’ensemble des faits, que l’auteur des Antiquités judaïques s’est trompé, et que Jonathas soutenait le parti d’Alexandre I er Balas, non celui de Démétrius II Nicator. Voir W. Grimm, Handbuch zu den Apocryphen, 3e part., 1853, sur I Mach., x, 69, p. 164 ; E. Schurer, Geschichte des jùdischen Volkes, 2*édit., 1890, t. i, p. 181.

2. APOLLONIUS, fils de Gennée, général d’Antiochus V Eupator, roi de Syrie, vers 163 avant J.-C. Il fut laissé en Judée par Lysias, avec Timothée et quelques autres qui continuèrent la guerre contre les Juifs. II Mach., xii, 2.

3. APOLLONIUS, ûls de Mnesthée, ambassadeur du roi de Syrie, Antiochus IV Épiphane, à la cour de Ptolémée VI Philométor, roi d’Egypte. II Mach., iv, 21. C’est probablement le même qu’Antiochus IV avait envoyé à Rome à la tête d’une ambassade. Tite Live, xlii, 6. En 173, Épiphane lui donna la mission d’aller en Egypte, féliciter en son nom Ptolémée VI de son avènement au trône. On croit communément que cet Apollonius est « le chef des tributs ï, ap-, (<i)v çopoîioycaç, qui fut chargé de lever les impôts en Judée, I Mach., i, 30 (grec, 29), celui que l’auteur du second livre des Machabées, v, 21, appelle « l’odieux chef Apollonius », moins sans doute à cause de ses exactions que parce qu’il ne négligea rien pour anéantir la religion mosaïque. Antiochus IV Épiphane, à son retour de sa dernière campagne d’Egypte, vers la fin de l’an 168 avant J.-C, l’envoya avec une armée à Jérusalem, pour « helléniser » la Palestine. Voir Antiochus IV, col. 697. Le fils de Mnesthée dissimula perfidement ses intentions, et, profitant du repos du sabbat, pendant lequel les Juifs ne croyaient pas légitime de prendre les armes et de se défendre, il pilla la cité sainte et lit un grand carnage de ses habitants. I Mach., i, 30-34 (grec, 29-32) ; II Mach., v, 24-26. Le général ennemi assura en même temps la position des Syriens à Jérusalem en s'établissant fortement dans la cité de David. I Mach., i, 35-37 (grec, 33-35). La persécution contre les Juifs fidèles éclata alors avec violence. Mais ces excès firent naître un grand mécontentement et provoquèrent une vive irritation parmi le peuple ; ils amenèrent la révolte ouverte de Mathathias et fortifièrent le parti de Judas Machabée. I Mach., i, 65-67 (grec, 62-64) ; II, 1-48 ; II Mach., v, 27. Apollonius, voyant que le nombre des hommes qui se réunissaient autour du fils de Mathathias grossissait tous les jours, résolut de frapper un grand coup ; il rassembla une armée composée des peuples païens du voisinage et des Samaritains, dont il était gouverneur. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 5 ; vii, 1. La bravoure des Juifs triompha de cette multitude ; ils se précipitèrent au-devant d’Apollonius, le battirent et le tuèrent. Judas Machabée s’empara de son épée et s’en servit désormais dans les combats qu’il continua à livrer pour l’indépendance de sa patrie. I Mach., iii, 10-12.

4. APOLLONIUS, fils de Tharsée, gouverneur de la Cœlésyrie et de la Phénicie sous Séleucus IV Philopator. II Mach., iii, 5-7. À l’instigation de Simon, intendant du temple de Jérusalem, Apollonius conseilla à Séleucus IV de s’emparer du trésor du temple. Le roi de Syrie, qui avait besoin de grandes sommes d’argent pour payer aux Romains le tribut écrasant imposé à son père Antiochus III le Grand, I Mach., viii, 7, envoya Héliodore à Jérusalem avec ordre de lui rapporter tout ce qu’il trouverait dans le temple ; mais un miracle l’empêcha de remplir sa mission. II Mach., iii, 7-40. À la suite de cet événement, Apollonius prit des mesures violentes contre les Juifs, mais l’auteur sacré ne nous apprend rien de plus de son histoire. II Mach., iv, 4. F. Vigouroux.

    1. APOLLOPHANÉS##

APOLLOPHANÉS (Septante : 'AnoUoçctvriO, chef

des troupes d’Antiochus Eupatoi", avec Chseréas et Timothée, fut tué dans la forteresse de Gazara, prise par Judas Machabée. II Mach., x, 37.

    1. APOLLYON##

APOLLYON, nom grec de l’ange ou démon de l’abîme, appelé en hébreu Abaddon. Apoc, ix, 11. Voir Abaddon.

APOLOGUE. L’apologue est « l’exposé d’une vérité morale sous une forme allégorique » (Littré), ou, ce qui revient au même, « un récit allégorique qui contient une vérité morale facile à saisir sous la transparence du voile dont elle est couverte. » Gérusez, Cours de littérature, i re partie, p. 69. L’apologue ou fable est originaire de l’Orient. On a trouvé des fables dans les tablettes cunéiformes de l’Assyrie et dans les papyrus de l’Egypte. G. Smith, The Chaldeean Account of Genesis, in-8°, Londres, 1876, p. 137-152 ; E. Revillont, Cours de droit égyptien, in-8°, Paris, 1884, t. i, p. 21-25. Les plus célèbres auteurs qui ont cultivé ce genre littéraire sont, en dehors de la Bible, l’Indien Pilpaï, ou Bidpay, ou Vichnou-Sarma, qui écrivit des fables en sanscrit, selon les uns 2 000 ans, selon d’autres 250 ans seulement avant J.-C ; l’Arabe Lokman, qui aurait vécu entre l'époque d’Abraham et celle de David ; le Phrygien Ésope, le fabuliste latin Phèdre, et enfin notre La ï'ontaine. L’apologue se présente, dans la Bible, sous diverses formes que nous allons énumérer.

1° Apologues prêtant la raison et la parole aux êtres gui ne les ont pas. — Le plus ancien apologue connu, en dehors des apologues égyptiens et chaldéens, se lit au livre des Juges, ix, 8-15. Abimélech, fils de Gédéon, voulant se faire reconnaître comme seul chef à Sichem, fit périr tous ses frères, à l’exception de Joatham, le plus jeune, qui réussit à se cacher. Quand le meurtrier eut été proclamé roi, Joatham se rendit au mont Garizim, et de là s’adressa en ces termes aux Sichimites : « Écoutez-moi, gens de Sichem, et que Dieu vous écoute de même ! Les arbres s’en allèrent pour se sacrer un roi, et ils dirent à l’olivier : Sois notre chef. L’olivier répondit : Que j’abandonne mon huile, dont se servent les dieux (princes) et les hommes, et que j’aille me balancer au-dessus des arbres ? Je ne le puis. Les arbres dirent alors au figuier ; Viens et reçois le pouvoir de régner sur nous. Le figuier leur répondit : Que j’abandonne ma douceur et mes fruits si suaves pour aller me balancer au-dessus des autres arbres ? C’est impossible. Les arbres s’adressèrent ensuite à la vigne : Viens et sois notre chef. Elle leur répondit : Que j’abandonne mon viii, qui réjouit Dieu et les hommes, pour me balancer au-dessus des autres arbres ? Impossible. Tous les arbres dirent alors au buisson : Viens et règne sur nous. Le buisson leur répondit : S’il est bien vrai que vous m'établissez votre roi, venez et reposezvous à mon ombre. Mais si vous ne le voulez pas, que le feu jaillisse du buisson et dévore les cèdres du Liban. » Joatham tira lui-même la moralité de son apologue : Les Sichimites se sont donné pour roi ce qu’il y a de pire ; mais bientôt ils n’en voudront plus, et le feu sorti du buisson les consumera tous. Ayant dit, Joatham s’enfuit. L'événement ne tarda pas à lui donner raison. — Quand Amasias, roi de Juda, voulut entrer en rapports avec Joas, roi d’Israël, celui-ci lui répondit par cet apologue mortifiant : « Le chardon du Liban envoya dire au cèdre du Liban : Donne ta fille en mariage à mon fils. Maisles bêtes de la forêt qui sont sur le Liban passèrent et foulèrent aux pieds le chardon. » Joas ajoutait, en guise de morale : « Tu as frappé Édom, tu l’as vaincu, et l’orgueil a gonflé ton cœur : contente-toi de ta gloire et reste dans ta maison. » IV Reg., xiv, 9, 10. Amasias ne s’en contenta pas et s’attira le sort du chardon. — À ce genre d’apologue se rattache la lamentation d'Ézéchiel sur les princes d’Israël : « Ta mère la lionne s’est couchée au milieu des lions ; elle a nourri ses petits au milieu des