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ANTIOCHUS V EUPATOR


I, 40, t. xix, col. 261, qu’afln d’assurer sa succession à son héritier naturel, il l’avait associé au trône, en 166, avant de partir pour la Perse. Mais cette association ne pouvait empêcher les revendications de Démétrius. Lysias put apprendre bientôt que le fils de Séleucus IV Philopator, détenu comme otage à Rome, réclamait, en effet, l’héritage de son père. Polybe, xxxi, 12 ; Appien, Syr., 46. La nécessité d'être prêt à toute éventualité exigeait qu’il demeurât à Antioche et qu’il n’entreprît aucune guerre au dehors. Il devait être là, soit pour repousser Démétrius, soit aussi pour résister à Philippe et sauver sa propre situation, si son rival, comme cela ne pouvait manquer, venait, à la tête de l’armée qu’il ramenait de Perse, demander l’exécution des dernières volontés d'Épiphane. Son propre intérêt le porta donc à conclure un traité de paix avec les Juifs et à leur permettre le libre exercice de leur religion. II Mach., xi, 13-26. L’intervention des Romains ne fut pas non plus étrangère à la conclusion de la paix. II Mach., xi, 34-38. Lysias ne pouvait rien leur refuser ; car il voulait leur faire retenir en Italie le jeune Démétrius, et l’empêcher ainsi de disputer le trône à son pupille.

Cependant, au moment même où Lysias accordait aux Juifs ce qu’ils demandaient, II Mach., xi, 16-21, et se faisait adresser à lui-même, par le roi./ enfant, une lettre qui les autorisait à pratiquer le culte mosaïque, II Mach., xi, 22-26, il iavorisait ouvertement les apostats. Il écrivait, au nom d’Eupator, à la nation juive une lettre qui lui concédait des privilèges commerciaux, mais cette concession était faite pour relever le prestige des adversaires de Judas Machabée, et sur la demande formelle, comme l’attestait le document royal, du chef du parti helléniste, du pontife usurpateur Ménélas, qui était chargé en même temps de parler au peuple au nom du roi. II Mach., xi, 27-33. Cette politique double montre bien que, si la nécessité avait imposé la paix à Lysias, il n’en conservait pas moins l’espoir de venger un jour sa défaite et de reprendre les projets d’Antiochus IV, puisque, loin de décourager le parti opposé à Judas Machabée et aux Juifs fidèles, il accordait des grâces en son nom et s’efforçait de maintenir à Jérusalem l’influence de son chef. L'événement prouva bientôt, en effet, que le traité conclu avec Judas n’avait été pour Lysias qu’un moyen de gagner du temps. Les Syriens laissèrent les Juifs tranquilles pendant l’année courante (164), de sorte qu’ils purent cultiver leurs champs et récolter leurs moissons. II Mach., xii, 1. Judas profita de l’occasion avec ses frères pour combattre les villes et les tribus voisines dont il avait à se plaindre. I Mach., v, 1-68 ; II Mach., xii, 2-36. Mais l’année suivante (163), I Mach., vi, 20 ; II Mach., xiii, 1, la guerre recommença plus terrible que jamais.

Les instigateurs de cette nouvelle campagne furent les enfants apostats de Jacob qui composaient le parti helléniste. Ils n’hésitèrent pas, poussés par la cupidité et l’ambition, à trahir leur patrie et à appeler l'étranger. Judas avait tenté de s’emparer de la citadelle de Jérusalem, parce que la garnison syrienne qui l’occupait avait fermé les avenues des lieux saints, faisait subir toute sorte de vexations aux vrais Israélites et soutenait ouvertement les païens ; le chef Machabée avait de plus réparé les fortifications de Bethsur. Ce furent les deux principaux griefs que les émissaires du parti helléniste firent valoir contre lui, à Antioche, auprès d’Eupator et de Lysias.

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175. — Antiochus V Eupator.

Tête diadémée d’Antiochus V. — fy BA2IAEQ2 ANTIOXOY ETIIATOPOil. Jupiter, assis sur son trône, tient une Victoire dans la main droite, et s’appuie sur son sceptre de la main gauche.

I Mach., vi, 18-27. Ce dernier ne demandait pas mieux que de recommencer la guerre. I croyait sans doute le pouvoir du nouveau roi suffisamnent assis ; il ne redoutait plus probablement ni Démérius ni Philippe, qui n'étaient encore arrivés ni l’un ni hutre. Il leva donc une armée formidable de cent mille fantassins, de vingt mille cavaliers et de trente-deux éléphants. I Mach., vi, 30 (II Mach., xiii, 2, porte des nombres un peu différents, les chiffres ayant été altérés ici par les copistes, comme dans plusieurs autres passages de la Bible). Lysias et Eupator envahirent la Judée par le sud, en passant par l’Idumée. Le chef du parti hellénisant, Méiélas, n’eut pas honte d’aller rejoindre les ennemis de sa patrie, dans l’espoir de recouvrer le souverain pontificæ ; mais soit qu’il n’eût pas été véritablement plus fidèle à Antiochus qu'à son Dieu, soit pour toute autre cause inconnue, il n’eut d’autre récompense de sa trahison que la mort, parce que Lysias le considéra comme la cause de tous les maux qui s'étaient produits. II Mach., xii, 3-8.

Judas Machabée n’hésita pas à tenir tête à des forces si redoutables. Il défendit d’dbord Bethsur contre les Syriens, qui ne purent s’a emparer, et il en sotit ensuite pour aller dnsser son camp à Bethzahara, vis-à-vis de celui d’Antiochus Eupator. C’est là que Lysias l’attaqua. Il était convaincu sans date qu’avec tous ses faitassins, ses cavaliers etses terribles éléphants, qi’on avait eu soin d’enivrer, il écraserait la petite triupe des Machabées ; mis il se trompa et il pa-dit six cents hommes. I lach., vi, 32-46 (d’après la leçon actuelle de II Mach., un, 15, quatre mille hommes). Cependant, malgré le courage et la bravoure de ses soldats, Judas comprit qu’il ne pouvait lutter contre de telles masses, et il se retira. I lach., vi, 47 ; II Mach., xm, 16. Le roi porta alors son cimp à Jérusalem et assiégea la ville. I Mach., vi, 48. L position devenait critique. La garnison juive de Bethsir fut obligée de capituler, réduite par la famine, parceque l’année sabbatique avait obligé de laisser cette anné : la terre sans culture. I Mæh., vi, 49-50 ; II Mach., xm 18-22. Jérusalem était mal approvisionnée pour la mène raison, et bientôt, serrée de très près par les ennenis, elle fut réduite à la dernière extrémité. I Mach., vi, 51-4. Tout semblait perdu, lorsque la Providence vint au seours de ses fidèles serviteurs. Une diversion inespérée es sauva.

Philippe le Phrygien, frère de lait d’Antiochus IV, à. qui ce prince mourant avait confié la tutelle de son fils et la régence, ne s'était pas sans doue immédiatement, après son retour de Perse, senti de foce à arracher à Lysias le gouvernement qu’il avait en min, et il s'était réfugié en Egypte, à la cour de Ptolémée M Philométor, II Mach., ix, 29, probablement dans le bu de s’assurer son concours et d'épier l’occasion favorable pour s’emparer du pouvoir. Il crut le moment propice venu, tandis que Lysias était loin d’Antioche et occupé à combattre les Juifs. Il s’empressa donc de retourner en Syrie et de rallier l’armée de Perse et de Médie, qui lui était restée fidèle, et était revenue vraisemblablement à petites journées. I Mach., vi, 55-56. Il put aiisi devenir maître de la capitale de la Syrie. II Mach., xm23 ; cf. I Mach., vi, 63. On conçoit sans peine de quelle inquiétude fut saisi Lysias en apprenant ces nouvelles. Il s hâta aussitôt de faire valoir au roi et aux généraux del’armée la grande force de la situation de Jérusalem et la pmurie de vivres dont on