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ANTILOGIE — ANTIMOINE


Conciliation des passages et des faits historiques de l'Écriture Sainte qui paraissent opposés les uns aux autres ; F. X. Widenhofer, Sacras Scripturse dogmatice et polemice explicats pars /" sive Veteris Testamenti in quo et apparentes antilogiæ explicantur, Wurzbourg, 1749 ; Gabriel Schenk, Analysis selectarum Scripturse qusestionum et antilogiarum, 1750 ; Arsène de Saint -Robert, Antilogias sive contradictiones apparentes Sacrse Scripturse, etc., Louvain, 1751 ; Pierre Juvet, Antilogiœ. seu contradictiones Evangelistarum, etc., Gand, 1760 ; Ignace Schunk, Notio dogmatica Sacrse Scripturse, Landshut, 1772, sect. vi ; J.-B. Jaugey, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1889, Antilogies du Nouveau Testament, p. 162-187. E. Mangenot.

    1. ANTILOPE##

ANTILOPE, du grec àvBiXo"}' ou àvbôloii ( avôoç, « fleur, beauté, » et àii, « œil, regard, » ) épithète appliquée par les anciens à la gazelle, à cause de la beauté proverbiale de ses yeux. Ce mot désigne aujourd’hui un genre de mammifères ruminants à cornes creuses, non caduques, caractérisé par un nez pointu et des cornes effilées en forme de lyre. Ces cornes sont généralement rondes, annelées, marquées de stries, et diversement

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162. — Antilope addax.

infléchies. L’antilope forme la transition entre les cerfs d’une part, les chèvres, les moutons et les bœufs de l’autre. Elle a du cerf la légèreté de la taille, la vitesse de la course, la forme gracieuse. Son caractère est timide, paisible, sociable, mais, en face du danger, plein d’audace et de vigueur. Cet animal est remarquable par la finesse de la vue, de l’ouïe et de l’odorat. Voir Henglin, Antilope Nordost-Afrika’s, Iéna, 1864.

On admet communément aujourd’hui que l'Écriture mentionne quatre espèces d’antilopes, appelées dans le texte original : 1° disôn (Septante. irjfapYo ;  ; Vulgate : pygargus), Deut., XIV, 5 ; 2° sebi (Septante : 80py.i ;  ; Vulgate : caprea), Deut., xii, 15, etc. ; 3° te'ô (Septante : o’puî ; Vulgate : oryx), Deut., xiv, 5 ; Is., li, 20 ; 4° yahmûr (Septante : Sopy.dtc ; Vulgate : caprea), Deut., xiv, 5. D’après la plupart des naturalistes qui se sont occupés de la faune biblique dans ces derniers temps, le disôn est l’antilope addax ou pygargue (fig. 162) ; le sebi, l’antilope dorcas ou gazelle ; le te'ô, l’antilope oryx, « l’oryx ; » et le yahmûr, l’antilope bubalis, le bubale. Cette dernière identification est la plus controversée. Les quatre espèces d’antilopes que nous venons d'énumérer se trouvent en Palestine. Voir H. B. ïristram, The Natural History of theBible, Se édit., 1889, p. 127. Pour disôn, voir Pygargue ;

pour sébî, voir Gazelle ; pour te'ô, voir Oryx ; pour yahmûr, voir Bubale. F. Vigouroux.

ANTIMOINE. C’est par le nom grec et latin de ce métal, 17Ti[i|ju, stibium, que les Septante et la Vulgate ont rendu le mot hébreu pûk. L’antimoine est un métal blanc bleuâtre, très brillant, cristallisé en larges lames, qui dégagepar le frottement une odeur alliacée. On a prétendu queson nom signifie « contraire aux moines », et qu’il provenait de ce qu’il avait causé des accidents mortels chez les moines qui en firent usage les premiers, sur les indications de Basile Valentin, religieux du XVe siècle, à qui l’on attribue la découverte d’un procédé pour extraire l’antimoine métallique de son sulfure. En réalité, l’antimoine était connu dans l’antiquité, en Orient et en Occident ; mais l’origine du nom qui le désigne en français est douteuse. L'étymologie vulgaire « ne se fonde absolument sur rien, dit Littré, aucune anecdote de quelqueauthenticité ne nous apprenant comment un pareil sobriquet aurait pu être donné à ce métal. Quelques-uns le font venir de àvti et de |a6vo « , parce que ce métal ne se trouve jamais seul ; certains, d'àvcinsvEiv, parce qu’il fortifie les corps. Antimonium se trouve dans les écrits de Constantin l’Africain, De gradibus, p. 381, médecin salernitain qui vivait à la fin du XIe siècle. D’autres, avec raison, ce semble, tirent ce mot de l’arabe athmoud ou ithmid. Athmoud est devenu facilement, dans le latin barbare, antimonium. D’un autre côté, la forme propre del’arabe est ithmid, et vient sans aucun doute du grec a-Ly.u, qui est dans stibié ; de sorte que, par un jeu singulier de l’altération des langues, antimoine et stibié seraient un mot identique. » Dictionnaire de la langue française, t. i, p. 156 ; cf. M. Devic, Ibid., Supplément, Dictionnaire étymologique de tous les mots d’origine orientale, p. 10. 2ri|i|ii, uxîëi, stibium, viennent euxmêmes, comme l’avait remarqué Eustathe, In Odyss. (Littré, ibid., t. iv, p. 2046), de l'égyptien, H -— *W : ^,

sdem, stem, ce qui nous ramène au pays même où l’on faisait usage de l’antimoine comme cosmétique. Notre mot français dérive donc de l'égyptien stem, en passant par le grec <rrf61, otÎ|a[j.[, qui est devenu chez les Arabes itlimid, d’où les alchimistes l’ont transporté chez nous, sous la forme antimoine.

Quoi qu’il en soit, du reste, de l'étymologie, l’antimoine existe dans la nature à l'état natif ou métallique, mais en très petite quantité ; son véritable minerai est le sulfure d’antimoine, qu’on rencontre en masses fibreuses ou grenues, de couleur grise, en France et en beaucoup d’autres pays. Les Grecs et les Latins confondaient, sous la même dénomination de uûlu et de stibium, l’antimoine natif et son sulfure. Dans nos traductions de la Bible ( cf. S. Jérôme, , Epist., uv, 7, et cviii, 15, t. xxii, col. 553 et 891), le mot « antimoine » désigne la poudre de sulfure d’antimoine, dont les femmes ont fait usage en Orient dès l’antiquité pour peindre le tour des yeux et les faire paraître ainsi plus grands. La même coutume existait aussi chez les Grecs et les Romains, et dans le même but (Juvénal, Satir., ii, 93 ; Pline, Ep., vi, 2), ce qui avait fait donner à la poudre d’antimoine ou à une poudre analogue, outre le nom de or ! p.|n ou de errîët, celui de it), o<TUÔ96aXp.ov, « qui rend les yeux larges. »

La coutume de peindre ainsi les yeux existe toujours en Orient, et les Arabes appellent kohl la poudre qui leur sert à cet usage. Cependant l’antimoine n’entre pas ordinairement aujourd’hui en Egypte dans la composition du kohl. Voici la description que donne de ce cosmétique un observateur exact, Lane : « Les yeux sont généralement grands et noirs… L’effet qu’ils produisent est encore augmenté par une pratique universellement en usage parmi les femmes des hautes classes et des classes moyennes | et très commune même parmi celles de basse condition : I elle consiste à noircir le bord des paupières, au-dessus.